FIMAV : 35 ans et toujours aussi audacieux

Le nombre des années ne diminue pas l’audace dont fait toujours preuve le Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV). Même après 35 ans, le but de l’événement, qui aura lieu du 16 au 19 mai, demeure toujours d’offrir une programmation présentant les nouvelles musiques de partout dans le monde.

Le directeur général et artistique, Michel Levasseur, a fait un petit tour de cette programmation qui vient d’être annoncée et qui propose cette année 21 concerts, dont 17 offriront des premières (québécoise, nord-américaine ou mondiale). «Et les quatre qui restent sont des concerts de musique improvisée, donc toujours des premières», explique-t-il en souriant.

Les musiciens viennent de partout dans le monde, au FIMAV de Victoriaville, présenter en primeur leurs projets musicaux. Cela fait du festival un lieu encore très créatif, toujours prisé. Cette année, une centaine d’artistes provenant d’une quinzaine de pays (Grèce, Japon, Iran, Australie, Mexique, Indonésie) convergeront à Victoriaville du 16 au 19 mai. Parmi eux, plusieurs grands noms, dont Vijay Iyer et son sextet (qui a remporté le titre d’artiste et groupe jazz de l’année du prestigieux magazine Downbeat). Il était venu en 2006 en trio à Victoriaville, rappelle Michel Levasseur. «Et à ce moment, je me souviens que les critiques avaient reproché qu’il n’y avait pas assez de jazz. Treize ans plus tard, il revient et est un musicien important dans le nouveau jazz», a-t-il voulu souligner.

Parmi les autres noms à mentionner, il y a Barre Philipps qui viendra en solo, Peter Brötzmann avec Heather Leigh et Keiji Haino ou encore la chorale Joker, dirigée par Joane Hétu. On pourra également entendre Senyawa avec Haino dans une première Nord-Américaine. Plusieurs artistes reconnus en seront à leur première présence au FIMAV, mais aussi en Amérique.

Pour élaborer cette programmation, le directeur artistique s’est inspiré de ses cinq voyages réalisés depuis le dernier FIMAV en Angleterre (deux fois), en France, à Berlin et à Tokyo. «J’ai vu beaucoup de choses et rencontré plusieurs musiciens. À un moment, j’avais plus de contacts pour 2020 que pour 2019. Même que j’ai deux concerts prêts pour 2020. Ça a mis un gros stress», a-t-il confié.

Il avait pourtant commencé en juin dernier, plus tôt qu’à son habitude, à inviter des musiciens pour le 35e. «J’avais l’idée, pour cet anniversaire, de ne pas faire d’historique, mais de revenir sur des projets d’un passé récent (une dizaine d’années). Ça n’a pas marché puisque des cinq groupes appelés, un seul, Senyawa, a accepté.»

Michel Levasseur a donc dû changer son fusil d’épaule et s’est tourné vers une programmation aux influences plus jazz, toujours en s’assurant d’un équilibre entre les musiciens plus connus dans le domaine et les nouveaux. «En gardant toujours présent cet aspect de risque et de découverte», a-t-il ajouté.

Le public est toujours là

Si les artistes sont toujours conscients de l’importance du FIMAV dans le portrait de la musique actuelle, les spectateurs le sont aussi. Même si le public en salle a diminué, après l’interruption du festival pendant une année en 2009, que le festival a été amputé d’une journée par la suite et que l’offre événementielle est de plus en plus grande, il demeure fidèle. À ces spectateurs, il faut ajouter ceux qui sont devenus fidèles au circuit des installations sonores qui en est cette année à sa dixième présentation. «Et qui a changé la dynamique du festival», insiste le directeur. En effet, il explique qu’il a été surpris de voir le succès de ce parcours. «Nous avons fait plusieurs interventions différentes par le passé et obtenu des réactions difficiles. Avec les installations sonores, c’est plus facile», précise-t-il.

Parce que le FIMAV, ce n’est pas que des concerts en salle. Il y a, depuis les débuts, l’art visuel, auquel se sont ajoutés depuis quelques années les films, sans oublier les installations sonores.

Après 35 ans, celui qui est aux commandes depuis les débuts, reconnaît qu’il n’est pas facile d’œuvrer dans l’événementiel où plusieurs doivent fermer les livres. «Le financement n’est jamais stable, le niveau politique change et il faut trouver du personnel. Malgré tout ça, il faut toujours demeurer «risqueux», soutient-il.

Et la suite

Aujourd’hui, à 66 ans, le directeur général et artistique du FIMAV parle de la suite. D’ailleurs, depuis quelques années, une réflexion s’est amorcée pour assurer l’après Michel Levasseur. «On approche des actions dans ce but. Mais pour cela, il faut du monde et de l’argent.» En ce sens, l’organisme a obtenu une subvention l’an dernier qui permettra de travailler sur une relève et une transition qui devraient se faire, comme Michel l’espère, en douceur dans les deux ou trois prochaines années.

La programmation complète est disponible au www.fimav.qc.ca