Des Chesterestois dénoncent leur augmentation de taxes

«Faramineuse», lance d’emblée Martine Lambert au sujet de la variation du taux de taxation de Sainte-Hélène-de-Chester. Si l’on y ajoute l’augmentation du rôle d’évaluation foncière, sa facture bondit de 4000 $ l’an dernier à 6000 $ en 2019. Mme Lambert fait partie de ces citoyens qui ne cachent pas leur déception à la suite de la réception de leur compte de taxes.

Yvan Ouellette parle d’une hausse de plus de 186% du montant payé en taxes pour son terrain en 10 ans. François Lambert constate payer plus de 600 $ par mois en frais et taxes de toute sorte. «Une augmentation de 2000 $ en un an pour la même propriété. Nous n’avons pas de services d’aqueduc et d’égout, pas de fibre optique ni de bon réseau cellulaire», observe Martine Lambert.

Pour Yvan Ouellette, les explications fournies par la Municipalité passent mal, d’autant plus qu’elles sont truffées d’erreur de calcul. En passant de 0,95 $ par 100 $ d’évaluation à 1.19 $ pour la même somme, la variation n’est guère de 24%, mais bien de plus de 25%.

Les trois s’accordent sur un point, leur prise de parole publique ne s’inscrit pas dans une joute politique quelconque ni ne vise d’individu. Ils se posent tout bonnement des questions. Pour eux, l’augmentation de 65% des coûts de déneigement, qui représente quelque 100 000 $ de plus, ne suffit pas à elle seule à justifier les efforts exigés aux citoyens. Les départs de quatre employés au cours des dernières années, les indemnités secrètes, la vente du camion de déneigement, le choix d’opter pour des entrepreneurs privés et les changements de tracé pour les contrats, autant de décisions que remet en question une partie de la population.

En outre, à la suite de l’appel lancé par leur maire Lionel Fréchette au gouvernement du Québec concernant la révision de la Loi de la protection du territoire agricole (https://bit.ly/2RDejJF), ces Chesterestois désiraient apporter quelques nuances. «Je suis d’accord avec le principe, admet M. Ouellette. Mais dans les faits, au cours des 15 dernières années, une vingtaine de nouvelles maisons ont été construites. La démographie a augmenté en 2018 d’une dizaine de personnes (https://bit.ly/2t4kT1Q).»  Pas mal pour une municipalité d’environ 380 âmes. Il précise que les gens qui viennent s’établir en campagne souhaitent jouir d’un peu de terrain et que la loi des fermettes le permet selon les zones. «Il y a des possibilités de bâtir», observe-t-il. Ainsi, le blâme ne peut être rejeté totalement sur le déneigement et la Loi de la protection du territoire.

Changements législatifs

Mme Lambert note que l’évaluation de son terrain, passée de 122 400 $ à 167 000 $, principalement planté d’épinettes, ne tient pas compte de la réalité. «Cette année, nous avons reçu du Syndicat des producteurs forestiers une cessation de production de 48 pouces, ce qu’on appelle communément de la pitoune. Moi, ma terre prend plus de 40 000 $ de valeur et je ne peux plus vendre mon bois. Il faudrait que je fasse des billots et ça nécessite de la machinerie pour ça», déplore-t-elle. Pour Martine Lambert, on devrait plutôt parler d’une dévaluation. Les épinettes, plantées dans les années 1970 et 1980, s’avèrent matures actuellement et donc prêtes pour la coupe. François Lambert vit la même situation avec ses 40 000 arbres.

Le service d’évaluation relevant de la MRC d’Arthabaska, les citoyens se heurtent à un mur en s’adressant à leurs élus municipaux. «On dit vouloir attirer de jeunes familles. J’ai quatre enfants aux études. Nous sommes déjà ici et l’on nous égorge littéralement avec ces taux de taxation. Je ne trouve pas que ce soit une belle carte d’invitation», conclut-elle. Les trois citoyens s’accordent pour affirmer être capables de vivre avec l’augmentation de leur évaluation, puisqu’il s’agit d’une valeur. La variation du taux, quant à elle, leur semble inacceptable.

Enfin, plusieurs éléments les laissent perplexes. Ils n’ont pas manqué de soulever ces points lors de la séance du conseil. Des dizaines d’autres résidents ont aussi fait le déplacement pour questionner les décideurs. «On veut simplement que nos taxes cessent d’augmenter et diminuent éventuellement. On veut savoir comment cela peut être possible», précise M. Ouellette au sujet de leurs intentions.