Quand un agent immobilier devient un ange gardien…

De garde au bureau Re/Max ce jour-là, l’agent immobilier Sébastien Gingras ne se doutait vraiment pas que le coup de fil qu’il allait recevoir prendrait une tournure bien particulière.

À l’autre bout du fil, cette fois, pas n’importe quel client, mais bien des Français à la recherche d’une propriété. Un couple, Hugo et Emmanuelle et leurs quatre enfants, recherchait une maison à Victoriaville, non loin des écoles pour que les enfants puissent s’y rendre à pied.

Bien au-delà de ses responsabilités de courtier immobilier, Sébastien Gingras est finalement devenu la personne-ressource de la famille française. Il s’est occupé de tout, ou presque. Et à distance parce que ces gens, qui n’ont jamais mis le pied au pays, n’arrivent que le 4 février. Donc, ils ont communiqué par téléphone, par courriel, par Facetime et Facebook.

Pour la maison d’abord, Sébastien les a questionnés. «Je leur ai posé une panoplie de questions, ce qu’ils recherchaient, leur budget, le secteur visé. Puis, on a sélectionné cinq ou six résidences qu’on a trouvées ensemble», relate-t-il.

Pour les guider adéquatement dans leur choix, l’agent immobilier leur a fait visiter virtuellement, par Facetime avec son téléphone, deux des résidences. «Ils en ont trouvé une et même à un coût moindre que prévu», précise celui qui s’est également occupé de leur assurance habitation, en plus de les mettre en contact avec une institution financière pour faciliter le transfert d’argent à leur arrivée.

Sébastien leur a également fait parvenir les trajets tracés avec Google Street view pour se rendre à l’école. «Ils ont ainsi pu voir tout l’environnement, ce qu’il y avait autour», note-t-il.

La famille habitera quelque part sur la rue Boulanger. Ainsi, les trois plus jeunes enfants pourront fréquenter l’école Sainte-Marguerite-Bourgeoys. Pour l’achat de la maison, toute la transaction s’est effectuée par signature électronique. «Je leur ai déniché une notaire, ici, Me Anne-Marie St-Louis, puisqu’ils n’en connaissaient pas. Je l’ai mise en contact avec leur notaire en France pour qu’ils communiquent ensemble. Mais, avec une procuration qu’ils ont signée dans leur pays, c’est moi qui ai signé pour eux, le  21 janvier, pour la résidence», raconte Sébastien Gingras.

Et les meubles, et le véhicule, et les conseils…

L’agent immobilier n’a pas limité son action à l’achat d’une maison. Il a multiplié les démarches pour l’achat de meubles (il les a mis en contact avec Surplus RD) et pour l’acquisition d’une minifourgonnette dénichée à Sherbrooke. Sébastien a aussi considéré que les nouveaux venus ne sont pas familiers avec la conduite hivernale et la conduite à Montréal. Ainsi, il ira à leur rencontre. «J’irai d’ailleurs les chercher, lundi (4 février) à l’aéroport de Montréal, avec le véhicule qu’ils ont choisi et acheté», souligne Sébastien Gingras qui agit comme une véritable personne-ressource, les informant sur leur nouvelle terre d’accueil, répondant à leurs diverses questions.

«Comme ils ne sont jamais venus ici, ils s’interrogeaient à savoir comment les enfants feraient, à une température de -26°C, pour se rendre à pied à l’école. Je leur ai parlé de l’importance de l’habillement, d’un manteau chaud, d’une tuque, des bottes. Je leur ai acheminé des photos de jeunes qui passaient devant chez moi. Je leur ai aussi fait voir de petites vidéos de l’hiver québécois», ajoute-t-il.

Sébastien Gingras ne regrette aucunement tout son engagement. «Je me suis dit que si c’était moi qui changeais de pays, j’aimerais aussi que quelqu’un s’occupe de moi sans avoir à le demander», exprime-t-il.

Pour la famille française, il est la seule personne connue. «J’ai été leur premier contact, poursuit-il. Ils ne connaissaient rien du tout. Je leur ai tout montré de A à Z ce qu’est la vie des Québécois. Je le fais vraiment par plaisir, sans aucune rétribution.»

S’il ne connaît pas exactement les véritables motifs de leur venue au Québec, Sébastien Gingras sait toutefois qu’ils ont vendu tout ce qu’ils possédaient, immeubles à revenus, véhicule, meubles. «Ils ont tout liquidé pour repartir à zéro», dit-il.

Et le choix de Victoriaville ne relève pas du hasard. «Ils ont fait des recherches, ils se sont informés de la population, des services offerts, de la présence d’un Cégep, du coût moins élevé des habitations et du peu de circulation comparativement à Montréal et Québec», confie-t-il.

Tout ce que le courtier immobilier a accompli, ces Français lui en sont fort reconnaissants. Ils le lui ont témoigné dans un message Facebook. «Vous êtes extra, m’ont-ils écrit. Vous facilitez vraiment beaucoup notre arrivée. Vous êtes notre ange gardien québécois.»