Taxes municipales : cri du cœur du maire de Sainte-Hélène-de-Chester

Les Chesterestois ont reçu leur nouvel avis d’imposition résidentiel, qui a grimpé de 24%. Leur maire, Lionel  Fréchette, croit que de telles augmentations pourraient être évitées si la Loi de la protection du territoire agricole permettait à ceux qui le désirent de se construire dans les secteurs montagneux de la municipalité, pratiquement incultes à la culture.

Une lettre envoyée aux citoyens présente d’abord le tableau des variations de la taxation au fil des ans. Le taux de 1,19 $ par 100 $ de 2019 représente une hausse de 24% par rapport à 2018. Or, si la Municipalité avait respecté l’inflation d’environ 2% au cours des 13 dernières années, «les taxes seraient à près de 1,26 $ par 100 $ d’évaluation».

Les frais de déneigement ont explosé. «Nous avons renouvelé notre contrat à un coût de 65% supérieur à l’année dernière», peut-on lire dans l’explication adressée aux citoyens. «C’est énorme», admet le maire, qui note en passant qu’il aura fallu aller trois fois en appel d’offres pour recueillir quelque intérêt. Des localités comme Saint-Norbert-d’Arthabaska et Chesterville, par exemple, n’ont reçu aucune soumission et ont dû reprendre les rênes du service de déneigement. «Chez nous, ça coûte 5400 $ par km, tandis qu’à Sainte-Élizabeth-de-Warwick, c’est plutôt 1906 $ et 1753 $ à Saint-Samuel. La situation géographique justifie cet écart. Puisque nous sommes dans les montagnes, aussitôt qu’il fait un peu doux, ça devient glacé et ça prend du sable. Lorsqu’il y a de la poudrerie, la pelle passe à plusieurs reprises», exemplifie-t-il. Les factures grimpent vite pour la population de 369 habitants.

Il n’y a pas que la gestion de la neige qui pèse dans la balance, mais reste que l’augmentation globale s’avère importante et difficile à digérer, en particulier pour le maire Fréchette. Ce dernier connait la solution et exige à présent que le gouvernement du Québec révise la loi vieille de 40 ans qui protège les terres agricoles, mais qui n’a toutefois pas freiné l’étalement urbain.

Développement rural

Pour le premier magistrat de la municipalité, il est grand temps de rouvrir la Loi sur protection du territoire agricole, inchangée depuis 40 ans, «pour que l’on fasse une loi sur mesure, et non mur à mur. Parfois on dit « oui », mais dans nos petites terres, c’est toujours « non »», constate-t-il. Il juge que les restrictions demeurent trop sévères et réclame le droit de pouvoir construire de façon intelligente, sur des terrains boisés et en montagne, qui bien souvent sont peu propices à la culture.

Pour lui, des résidences pourraient s’ériger sans nécessiter de dézonage. «On parle de maisons transparentes à l’agriculture, c’est-à-dire que selon la loi, il n’y aurait pas de marge de recul. L’exploitation agricole ne pourrait être brimée d’aucune façon», plaide-t-il. Par-là, il entend que les personnes qui s’installent sur ses terres ne pourraient exiger quoi que ce soit qui empêcherait la pratique agricole. Des précédents en la matière, on en dénombre de plus en plus, et M. Fréchette y voit une solution pour assurer l’avenir des petites communautés comme la sienne.

(Photo Pierre Vaillancourt)

Les demandes pour s’établir à Sainte-Hélène s’additionnent. M. Fréchette pense qu’une dizaine de nouvelles constructions seraient facilement envisageables au cours des deux prochaines années. Encore faut-il que cela puisse se faire. Il souligne que sa Municipalité n’offre pas les services d’aqueduc et d’égouts. Des maisons supplémentaires signifient donc peu de frais et des revenus additionnels. Le maire fournit l’exemple d’un homme qui vend sa terre à son fils et veut s’installer à proximité; impossible pour lui d’y parvenir s’il n’acquiert pas une terre de 100 hectares.

Seuls l’accueil de jeunes familles et la rétention de ses retraités rendent plausible le retour de services de proximité, par exemple. Rappelons que le village a perdu son dépanneur l’an dernier et que plusieurs ne perdent pas espoir de l’y voir revenir.

Enfin, puisque bien des choses ont changé en 40 ans, Lionel Fréchette souhaite qu’on ajuste certaines lois. «On est prêt à collaborer, la MRC et la FQM aussi. On doit penser au futur et aux moyens des régions.» En outre, il évoque un texte écrit par Bernard Demers, publié dans Le Devoir, qui observe que cette Loi s’avère rigide pour les petites municipalités. A contrario, des villes comme Beloeil et Repentigny, entre autres, ont pu s’étendre au fil des ans sur des terres de grande qualité, sans qu’aucune loi ne semble les arrêter.