Quoi lire en 2019? Les choix de Maude, la libraire

L’année commence à peine et certains ont pris des résolutions. Si parmi elles il y a d’apprendre davantage ou de découvrir de nouvelles choses, la lecture est un moyen privilégié de le faire.

Il fallait donc aller rencontrer une libraire et lui demander ce qu’il fallait lire en 2019. Une question assez simple, il semble, mais qui est beaucoup plus complexe lorsqu’on considère tout ce qui est offert aux lecteurs. C’est Maude Marcotte, libraire et responsable des achats de livres chez Buropro de Victoriaville, qui a répondu à la délicate question. Bien installée dans la salle de démonstration, où toutes les nouveautés littéraires sont présentées, elle a fait un survol de ce que l’année littéraire propose.

Puisque la véritable rentrée littéraire a eu lieu en octobre dernier, Maude a été en mesure de dire que l’année 2019 en sera une de biographies et de livres de recettes. «Tout le monde a sorti sa biographie cette année : Hugo Girard, Mégo, Annie Brocoli, etc.», souligne-t-elle.

Elle fait également remarquer qu’il y a beaucoup de nouveaux auteurs québécois et de nouvelles maisons d’édition intéressantes. Parmi elles, Maude note les Éditions de Ta Mère qui proposent de nouveaux auteurs, dont le Plessisvillois d’origine, Jean-Philippe Baril Guérard (comédien et auteur). Ce dernier a publié, en 2018, le roman «Royal» qui a décroché le prix littéraire des Collégiens. «Une maison d’édition à surveiller pour ceux qui veulent découvrir de nouvelles choses. C’est souvent des livres courts avec une histoire humoristique, mais profonde. Il y a toujours un petit côté social qui rejoint la jeune génération», ajoute-t-elle.

Maude parle également de certaines tendances qui ont des impacts sur les lectures des gens. Parmi celles-ci, elle note les bains de forêts qui suggèrent que de passer du temps dans la forêt est bon pour la santé physique et psychologique. À Noël, cette tendance à fait en sorte que  nous avons vendu beaucoup de copies du livre québécois «La vie secrète des arbres». D’ailleurs, l’équipe de libraires de Buropro préfère toujours suggérer des livres québécois aux lecteurs, question d’encourager les auteurs d’ici plutôt que les autres. Elle estime que, la plupart du temps, ils sont plus beaux et demeurent dans la même lignée de prix.

«Les livres sur la cuisine cétogène ont connu beaucoup de succès de même que ceux qui portent sur la diète «perdre du poids en mangeant gras». C’est la tendance du côté cuisine», note-t-elle. Bien entendu, les Ricardo de ce monde ont encore la cote tout comme Mme Labriski et sa purée de dattes. «Je n’en reviens pas comment les gens peuvent acheter des livres de cuisine», s’étonne-t-elle encore.

Dans un autre ordre d’idées, la libraire indique que ce qui était attendu des lecteurs après les fêtes c’est le nouveau livre de Michel Houellebecq, «Sérotonine», dont on a entendu parler à l’émission de Radio-Canada, «Plus on est de fous, plus on lit». Maude fait d’ailleurs remarquer que plusieurs lecteurs viennent acheter des livres dont ils ont entendu parler dans cette émission de radio quotidienne. «Il y a même un monsieur qui commande tous les livres dont il est question dans l’émission», dit Maude, impressionnée.

Pour ce qui est de la littérature jeunesse, plusieurs enseignants et enseignantes viennent à la librairie pour trouver des livres à faire lire à leurs élèves, qui permettent en même temps de voir des sujets étudiés dans les cours. «Plusieurs ne jurent que par la maison d’édition «D’Eux», qui chaque année publie quatre ou cinq nouveautés qui deviennent nos meilleurs vendeurs côté jeunesse», fait-elle remarquer. Bien entendu, les vedettes de la littérature jeunesse du coin, Alain M. Bergeron et Sampar, sont toujours de bons choix. Le secteur jeunesse, contrairement à ce qu’on pourrait penser, fonctionne très bien chez Buropro de Victoriaville.

Tout cela fait dire à Maude, la libraire, que les gens lisent encore beaucoup et que l’arrivée du numérique, comme certains le craignaient, n’a pas fait chuter les ventes, donc que la littérature se porte bien. «Parmi nos lecteurs, nous avons des gens très cultivés qui lisent beaucoup d’essais et qui sont intéressés aux causes sociales. Ils sont à l’affût», apprécie-t-elle.

La demande pour les livres en anglais se développe également. «Chez les jeunes surtout. Donc on essaye de grossir notre section», fait-elle remarquer. Côté romans, ce sont les Québécois à teneur historique qui sont les meilleurs vendeurs, ensuite, ce qui est très littéraire. L’ésotérisme est également très populaire chez plusieurs acheteurs.

Maude fait remarquer que le lecteur type de Victoriaville et sa région (comparativement à ceux des quatre autres succursales) est très différent des autres. «Ici, on vend de l’essai et du roman grand public (adulte). On remarque que nos lecteurs sont très cultivés, qu’ils ne lisent pas que pour se détendre. Il faut qu’ils puissent apprendre quelque chose, être stimulés intellectuellement. Ils savent ce qu’ils veulent et plusieurs viennent avec leur liste», raconte-t-elle.

Sa suggestion

Et si on avait qu’un seul livre à lire en 2019, qu’est-ce que Maude nous suggère? Après avoir hésité et être allée voir sur les tablettes, la libraire propose Serge Bouchard, un auteur fétiche des Québécois, un super vendeur à Victoriaville, avec son livre «L’œuvre du grand lièvre Filou». Des petits chapitres de deux à trois pages, ses chroniques présentées à Radio-Canada. Un livre qui s’adresse à tous les lecteurs et qu’elle suggère sans retenue.

Elle ne peut s’empêcher d’en suggérer d’autres, «Nos héroïnes» d’Anaïs Barbeau-Lavalette, un livre jeunesse, mais pour tout le monde qui trace un portrait de femmes qui ont marqué l’histoire. Et l’essai de Leonard Cohen, «The Flame» qui a connu un bon succès. «Cuisine de chasse» de Stéphane Modat, a également été à retenir dans les dernières semaines, plusieurs dames l’offrant en cadeau à leur conjoint chasseur.

Du côté des essais, elle ne peut passer sous silence celui de Marie-Ève Maillé, «L’affaire Maillé», qui aborde le procès des Éoliennes de l’Érable, un autre sujet régional. Aussi, un dernier par un auteur du coin, Steve Therion, «Les litanies de la contre-culture».

Autant de suggestions de lecture pour l’année qui commence. Et si on ne trouve pas son compte, il suffit d’aller rencontrer les libraires qui sauront proposer le bon livre.