Une année qui aura permis de découvrir des gens et des lieux…

Pour faire un retour sur l’année culturelle 2018, La Nouvelle Union a fait appel à une artiste bien engagée dans la région, Annie St-Jean.

«Une belle année. Ça été fort autant en arts visuels que du côté musical», explique-t-elle d’entrée de jeu. En effet, le premier événement culturel 2018 qu’elle a voulu mentionner lors de l’entrevue est le Festival international de musique actuelle (FIMAV). Elle a rappelé la richesse de l’édition 2018 qui a mis en valeur la musique du Japon et les femmes. «Cela grâce au voyage au Japon, fait par le directeur artistique, qui lui a permis de ramener plusieurs petits bijoux. Et il a déjà fait d’autres voyages pour la prochaine programmation. Donc pour le 35e, l’année prochaine, ça s’annonce bien», précise-t-elle. Un des événements marquants de l’année, selon elle.

L’Atoll, lieu de diffusion, figure également dans sa liste de chouchous de l’année. L’arrivée, plus précisément du Lagon (qui permet à plusieurs membres d’avoir un lieu d’exposition sur une longue période), est un avantage marqué pour les artistes en arts visuels et qui était attendu depuis longtemps. «On peut changer les œuvres si on les vend ou avoir un concept. C’est hyper intéressant pour les artistes du coin», apprécie-t-elle.

Ce lieu d’exposition s’est également engagé dans la présentation de l’exposition «Les fenêtres qui parlent», tenue sur la rue Saint-Zéphirin à Victoriaville. Le projet, initié par Sophie Chabot, a permis à des artistes de créer des œuvres qui ont été exposées un week-end, sur le terrain avant ou dans les fenêtres ou balcons des maisons. «Ils se sont donnés à fond. C’était magnifique.»

L’Atoll a également été organisateur, avec Junior Martel, du premier Victomaton qui a permis à tout le monde de prendre des photos à partir de point précis de la ville et leur permettre de montrer un autre regard de lieux  connus. «Un événement super accessible pour tous. Les photos retenues sont exposées sur le mur extérieur de l’Atoll. C’est ainsi une vision des gens qui est exposée», note-t-elle encore. D’ailleurs, Annie a participé à ce projet avec son fils de 13 ans et les deux ont une photo exposée pour l’année sur le mur. Un petit velours pour la maman qui estime, en revenant sur ces deux derniers projets, que l’art est accessible à tous.

Vient ensuite, dans son énumération, le Carré 150, lieu de diffusion culturelle où elle-même anime les ateliers du samedi (depuis trois ans maintenant)  en lien avec les expositions présentées au centre d’art Jacques-et-Michel-Auger. «En plus c’est gratuit. C’est rare et c’est une grande chance qu’on a ici.» Parmi les ateliers du samedi, elle en a organisé un qui a permis aux participants de créer un kino (court film réalisé rapidement sans grand budget) qui a justement été présenté au début de décembre lors d’une soirée dédiée à ce genre filmographique.

C’est également au Carré 150 qu’a eu lieu l’exposition de bronzes, «Déjouer les sens», un rare événement qui a mis en valeur les fonderies et montré qu’avec le bronze, on peut faire des œuvres contemporaines.

Annie estime qu’avec le Carré 150 et l’Atoll, la vie artistique est très active à Victoriaville et fait en sorte que chaque semaine, il y a quelque chose à faire ou à voir. «C’est très vivant. On est gâtés et il faut que la population en profite», apprécie-t-elle.

Travaillant à l’Atelier du Bronze d’Inverness, elle rencontre souvent des artistes de l’extérieur qui commencent à lui mentionner que Victoriaville fait écho dans les grandes villes. «On entend parler de Victo à l’extérieur ce qui est bon signe», a-t-elle remarqué. D’ailleurs, Annie considère que l’offre artistique de la région n’a presque plus rien à envier à celle de Montréal par exemple.

Est-ce à cause de cela ou pour cela, on remarque que plusieurs jeunes artistes choisissent de venir s’installer à Victoriaville, enrichissant ainsi la communauté et appréciant le milieu inclusif. Dans l’énumération, il ne faut pas oublier le Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur, un nouveau lieu d’activités artistiques. Annie et Andrée-Anne Fréchette y ont organisé, l’été dernier, une exposition intitulée «Porteurs d’utopies rurales». «Un lieu magique où l’énergie est très bonne, l’espace est magnifique. Juste de se rendre là en se promenant dans la forêt…»

Tout cela aura permis, au cours de l’année, de découvrir des gens et des lieux et à plusieurs de s’approprier le territoire. Plusieurs autres activités ou projets auraient pu être nommés… et permettent, au final, «de faire un beau tout».

Une année vidéo

L’année artistique d’Annie St-Jean, pour sa part, a très bien débuté avec son exposition présentée à l’Atoll, les «Baisers intemporels». Un bel accomplissement pour elle et qui lui a permis de remporter le prix «arts visuels» au GalArt, événement annuel organisé pour tous les artistes du Centre-du-Québec. C’est aussi au cours de cette année qu’Annie s’est mise aux courts métrages. Un d’entre eux a d’ailleurs été présenté à Montréal lors de l’événement «Vidéos de femmes» au parc Lafontaine.

Elle n’en a pas pour autant délaissé la photo en sténopé. En effet, elle fait ses films à partir de ses photos. «Un gros contraste. Le sténopé demande un grand temps d’arrêt pour une seule photo. De le mettre en film, c’est comme deux opposés», décrit-elle. Un processus long, mais qu’elle a choisi et assume parfaitement. «J’ai eu la piqûre de voir mes photos prendre vie. J’aime le rythme, la musique et l’image», confie-t-elle.

Annie aura fait plusieurs films du genre au cours de l’année ce qui lui aura permis d’amener le sténopé ailleurs. D’autres projets sont dans sa tête…

Elle a également travaillé à un appel de dossier pour un projet en téléprésence. Une technologie que le Carré 150 propose avec une station scénique qui permet l’interaction en direct avec une autre station (il y en a une vingtaine au Québec). Les artistes ont même eu une formation pour apprivoiser ce nouveau médium (ou technique). «Ça nous pousse à relever des défis. C’est stimulant», apprécie-t-elle.

Souhaits pour 2019

«Ce que je souhaite, c’est la participation de la population. C’est enrichissant d’être en contact avec les arts. Qu’ils se sentent interpellés», espère-t-elle, estimant que ce n’est pas l’offre qui manque dans la région.

Que les jeunes, les nouveaux visages n’hésitent pas à venir s’intégrer et profiter des activités culturelles. Elle fait son bout en ce sens, offrant des ateliers aux enfants de l’école primaire d’Inverness. Ceux-ci, initiés à différentes formes d’art, l’intégreront toute leur vie.

Un seul point négatif pour elle, le manque de reconnaissance de ce qui se passe dans les plus petites municipalités (hors Victoriaville), culturellement parlant, où il y a quand même des réalisations dignes de mention. «Mais ça commence, tranquillement», tempère-t-elle.