Laisser une organisation en santé : le mandat que s’est imposé le président Pellerin

L’arrivée de Charles Pellerin à la présidence des Tigres de Victoriaville, en juillet 2016, n’a pas été de tout repos. Il avait notamment à reconstruire le personnel hockey et à remettre de l’ordre dans les finances de l’équipe. Cette dernière avait essuyé des déficits dans les saisons précédentes.

Le président du bureau de comptables professionnels agréés Pellerin Potvin Gagnon a tôt fait de partager sa vision auprès des actionnaires de l’équipe. Il s’est lui-même imposé le mandat de laisser l’organisation en santé lorsqu’il passera le flambeau à son successeur. Il ne s’est pas fixé un échéancier, mais lors de sa nomination, il a laissé entendre qu’il comptait occuper ses fonctions durant quatre ou cinq ans.

Or, rapidement, il a fait de Kevin Cloutier le nouveau directeur général de la formation à la suite du départ inattendu d’Éric Veilleux pour la Ligue américaine de hockey, et ce, à l’approche de l’ouverture du camp d’entraînement. Pour Cloutier, qui oeuvrait à ce moment au sein de l’Océanic de Rimouski, il s’agissait d’un retour dans l’organisation des Tigres. Il avait été préalablement recruteur sous les ordres de Jérôme Mésonéro.

Cloutier en poste, il est vite parti en quête d’un entraîneur-chef. Il a finalement jeté son dévolu sur Louis Robitaille. Ce dernier a connu des hauts et des bas, particulièrement au cours de la dernière saison. En première moitié de campagne l’an dernier, les Tigres ont peiné à prendre leur rythme. Une rencontre entre le président et ses hommes de hockey a finalement renversé la vapeur. La direction a notamment invité l’entraîneur à redevenir lui-même derrière le banc, a affiché sa fougue et la détermination qui le caractérisent.

À partir de ce moment, les Tigres ont pris leur envol pour terminer la saison en force. Et, depuis le début de la campagne actuelle, malgré une saison de transition à la suite du départ de plusieurs vétérans, les Félins vendent chèrement leur peau et ils déjouent, ni plus ni moins, les pronostics.

Charles Pellerin ne cache pas sa satisfaction envers le personnel hockey en place. Il estime que Louis Robitaille et ses adjoints Maxime Desruisseaux, Carl Mallette et Maxime Joyal (entraîneur des gardiens) forment un groupe de grande qualité. Les entraîneurs ont d’ailleurs obtenu un vote de confiance, en septembre dernier, se voyant offrir une prolongation de contrat. Ils ont conclu une nouvelle entente qui viendra à échéance à la fin de la saison 2020-2021. Pour le président de l’équipe, il était essentiel d’assurer de la stabilité à la suite des événements rocambolesques qui ont précédé son arrivée à la présidence.

Investir dans les ressources humaines

Sur le plan administratif, le président des Tigres a fait le pari d’embaucher du personnel pour remettre, entre autres, de l’ordre dans les finances de l’équipe. À son arrivée, seulement trois employés devaient se taper tout le boulot. Ce nombre devrait grimper à sept ou huit d’ici peu.

Bien que les finances ne le permettaient pas lorsqu’il a pris la relève de Johnny Izzi, il a fait le pari d’investir dans le capital humain afin d’augmenter les revenus de l’organisation. Une décision qui s’avère favorable. L’équipe ne roule pas sur l’or, mais elle présente désormais un budget équilibré.

L’ajout de personnel a notamment permis de bénéficier d’un plus grand contrôle des opérations internes. L’équipe a délaissé la sous-traitance. Il ne lui reste plus qu’à prendre en charge les concessions à l’intérieur du Colisée Desjardins, ce qui sera fait à compter du mois de juin 2019.

Tout compte fait, Charles Pellerin estime que d’ici un peu moins d’un an, il aura mis en place une structure organisationnelle qui, il espère, assurera la pérennité de l’organisation. C’est le mandat qu’il s’était imposé lors de son arrivée à la présidence; laisser une organisation en santé lorsqu’il décidera de passer le flambeau.

Apprendre en accéléré

Charles Pellerin a appris les rudiments de la Ligue de hockey junior majeur du Québec en accéléré. En plus de la présidence de l’équipe, il a rapidement campé le poste de gouverneur à la suite du départ de Benoît Bélanger. Ce dernier, directeur général de la Caisse Desjardins des Bois-Francs, a vite constaté qu’il n’avait pas les disponibilités nécessaires pour assurer la gouvernance de la formation.

«En assistant à toutes les réunions du circuit, j’ai appris rapidement. La LHJMQ, c’est un monde en soi. Je me sens maintenant dans mes pantoufles», a souligné Charles Pellerin.

Une saveur locale

En plus de la stabilité, autant sur le plan administratif que hockey, le président tient à ce que les Tigres de Victoriaville attachent une importance aux joueurs locaux. D’ailleurs, depuis son arrivée, l’équipe de recrutement a réclamé de nombreux jeunes patineurs de Victoriaville et sa région.

Et les dirigeants ont la consigne de garder à l’œil les joueurs locaux qui évoluent sous d’autres cieux. «S’ils deviennent disponibles, il est clair que nous serons ouverts à discuter. Il faut toutefois préciser que les joueurs en question devront combler un besoin au sein de notre formation. Et le prix payé devra être juste. Pas question de s’embarquer dans une surenchère», a pris soin de préciser le président.

Celui-ci a ajouté que ça n’avait pas été de gaieté de cœur que l’équipe avait sacrifié le Warwickois Cédric Desruisseaux aux Voltigeurs de Drummondville pour obtenir, entre autres, les vétérans Mathieu Sévigny et Jérôme Gravel. Et le choix de deuxième tour soutiré dans cet échange a permis de sélectionner le défenseur Sean Larochelle. Charles Pellerin avance qu’il y avait un contexte pour expliquer cette transaction, tout en répétant qu’il attachera toujours une grande importance à la saveur locale.