Sauver la planète : quelle blague!

Par les temps qui courent, les préoccupations envers le climat sont sur toutes les tribunes.

Ce n’est pas d’hier que les scientifiques en parlent, que les groupes écologiques cherchent à passer le message et que, plus récemment, un mouvement citoyen tente de démontrer l’urgence auprès de la population et des gouvernements.

Malgré ce branle-bas de constats, d’avertissements et de catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes et intenses, les changements dans nos habitudes néfastes pour l’environnement tardent à se mettre en place, chacun pelletant le problème dans la cour du voisin, du gouvernement, des corporations, des climato-sceptiques ou n’importe qui ou n’importe quoi d’autre qui peut se donner bonne conscience de ne rien faire dans sa propre vie, comme si chaque individu n’est pas responsable de sa part dans la société où il vit.

C’en est décourageant de voir comment, face à l’ampleur du problème, les gens ont tendance à ne rien faire, voire même à faire le contraire de ce qu’il faudrait. Les exemples médiatisés pleuvent de partout : ventes accrues de VUS, augmentation constante du nombre de véhicules immatriculés sur l’île de Montréal, achat d’un oléoduc par le gouvernement canadien, intentions gouvernementales toujours présentes d’exploiter des hydrocarbures au Québec, de plus en plus d’emballage en petits contenants, etc. C’est choquant pour ceux et celles qui comprennent l’urgence et qui font de leur mieux pour réduire leur empreinte écologique.

Selon les sondages, la grande majorité des gens sont préoccupés par la dégradation du climat et de nos ressources vitales et souhaitent des changements. Mais leurs souhaits restent des vœux pieux parce que très peu de personnes changent quoi que soit dans leur style de consommation.

C’est comme la chanson : Tout le monde veut aller au ciel, oui mais personne ne veut mourir!

Fallait s’y attendre, car le message envoyé à la population est : «Il faut sauver la planète!»

Il faut sauver la planète! Quelle erreur!

La planète n’est pas en danger, c’est nous qui le sommes!

Qui se sent capable de sauver une planète. À part quelques illuminés qui se prennent pour des superhéros, personne ne peut concevoir à elle seule avoir les moyens physiques et psychologiques d’un tel sauvetage. Par quoi commence-t-on pour sauver une planète? Je comprends les gens de ne rien faire parce qu’ils ne savent pas quoi faire devant un défi aussi grand et, de toute façon, aussi insensé.

Avec ou sans nous, la planète continuera de tourner bien longtemps. La vie continuera d’être présente bien longtemps. Cette vie sera assurément différente, comme elle l’est aujourd’hui par rapport au temps des dinosaures. Alors, faut-il sauver la planète? La réponse est non.

Le message doit-être : Sauve ta vie si tu veux sauver tes enfants et petits-enfants. Que veux-tu leur léguer en héritage à ta chère progéniture? Quelles valeurs veux-tu leur transmettre? Quelles ressources veux-tu leur léguer? Que peux-tu te passer d’acheter, de consommer, de gaspiller afin que ces nobles gestes soient copiés par tes enfants pour qui il deviendra naturel de faire dans leur quotidien?

Sauve ta vie! Préserve ta vie avant qu’il ne soit trop tard! Prend le temps de réfléchir comment tu peux t’affranchir, te libérer d’une surconsommation étouffante, t’obligeant à travailler sans relâche au point où tu ne vois pas tes enfants grandir!

Juste réduire le gaspillage serait un grand pas qui, de plus, ne nous prive de rien! Puis, se priver de quelque chose pour atteindre un objectif personnel noble n’est-il pas plutôt une liberté? Cettedite privation, faite par choix personnel, n’est-elle pas plus facile à faire lorsqu’on y trouve une satisfaction et une liberté que si on l’avait fait pour sauver la planète?

Ces petits gestes que chacun de nous pouvons faire aisément nous rapprocherons de ce que la majorité de la population souhaite pour sa survie. L’initiative positive et rassembleuse lancée dernièrement (www.lepacte.ca) va en ce sens afin d’encourager tout un chacun, mais tous ensemble, à changer quelque chose dans notre vie, si on le veut vraiment, au nom de nos enfants et petits-enfants.

Serge Fortier
Sainte-Marie-de-Blandford