Canneberges Québec obtient Le Moisson d’or 2018

Lors du banquet de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), vendredi (16 novembre), la récompense très convoitée que constitue Le Moisson d’or a été remise à Canneberges Québec pour sa contribution au progrès du secteur horticole. Un prix dont l’appellation est tout indiquée pour la compagnie de Saint-Louis-de-Blandford qui commercialise les Baies d’or.

«Pour l’équipe, ça représente une grosse bouffée d’amour du Québec», de dire Nancy Goudreau, directrice du développement des affaires et copropriétaire de l’entreprise honorée. Selon elle, puisque l’APMQ représente l’ensemble de tous les producteurs de la province, la distinction s’avère grande et reconnaît plusieurs éléments : engagements, investissements, savoir-faire, innovation, équipe, etc. «Nous allons porter fièrement cette reconnaissance de notre industrie, car notre marché est provincial, mais aussi international», note-t-elle. L’année 2018 a été chargée pour l’entreprise, mais les précédentes l’avaient été également. Ainsi, la persévérance et le travail acharné de tous les employés qui «d’hier à aujourd’hui, ont apporté leur contribution et leur couleur à l’entreprise», se retrouvent salués.

Trois générations

Depuis 1995, la famille Bédard a constamment su prendre les devants de la parade. La ferme Atocas Bédard compte actuellement 130 hectares en culture, produit annuellement 10 millions de livres de canneberges, dont 30% en fruits frais. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Quatrième à se lancer dans la canneberge au Québec à l’époque (on dénombre aujourd’hui une centaine de producteurs), Denis Bédard voit l’avenir dans la baie rouge. Son épouse, Shirley Philips, plantera les premiers plans de bleuets sur la ferme, histoire d’attirer les abeilles, essentielles à la pollinisation.

Son fils Patrick Bédard et sa conjointe Nancy Goudreau prennent à leur tour les rênes de l’entreprise. Alors que le secteur devient de plus en plus compétitif, la famille innove en mettant sur pied leur propre usine d’emballage sur le site de l’exploitation agricole; Canneberges Québec. Bientôt, non seulement ils distribuent leurs produits, les Baies d’or, dans les plus grandes chaînes du marché alimentaire québécois, mais voient loin et exportent, sous la marque Supra Fruit, en Europe et dans des pays d’Asie comme la Chine et le Japon, des territoires inexplorés jusqu’alors par l’industrie québécoise. Grâce à l’exportation, leur chiffre d’affaires pour les fruits frais atteint 4 M $ et connait une augmentation annuelle moyenne de 20%.

La ferme Atocas Bédard a 130 hectares en culture et produit 10 millions de livres de canneberges annuellement. (Photo gracieuseté)

Une trentaine d’employés, la plupart saisonniers, participent à l’ensemble du processus, que ce soit à la ferme, à l’usine, à l’administration ou à la vente. Par ailleurs, Canneberges Québec ne transforme pas la récolte de la ferme. Une grande partie de la production de cette dernière est destinée à des entreprises comme Fruit d’or. La passion des fruits frais a su se transmettre d’une génération à l’autre puisque les fils de Patrick Bédard et Nancy Goudreau, Camil et Gabriel Bédard, se préparent à monter dans l’arène. Pour ce faire, le premier étudie en administration des affaires à l’Université Bishop’s et le second à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA).

Visionnaire

Nancy Goudreau l’admet d’emblée et avec une pointe d’humour : «Patrick est un visionnaire. Il est toujours dans l’action, à grande vitesse. Je tente parfois de le modérer, mais je n’y arrive pas!» Elle explique ses derniers projets, dont une bleuetière à la conception unique qui permettra une récolte automatisée. Depuis 2015, le site que Canneberges Québec destine à ses baies bleues s’est enrichi de 40 000 bleuetiers. D’ici quelques années, l’entreprise pourrait bien devenir la plus importante productrice de bleuets cultivés au Québec.

Aller de l’avant, voilà le leitmotiv familial. Au fil des ans, les investissements dans les infrastructures et machineries se sont multipliés, mais sans jamais négliger leur matière première. Uniquement au cours des trois dernières années, Patrick Bédard calcule avoir injecté 1 M $ annuellement pour d’achat de terres et de nouvelles plantations (environ 20 acres par année). La recherche et le développement font partie du quotidien du patron, tant pour les variétés de canneberges ou de bleuets qu’il adopte que pour les appareils qu’il peaufine pour la cueillette.

Pourquoi investir aussi massivement? «Parce que nous avons de la relève», répond tout simplement Patrick Bédard. Les parents précisent que, puisqu’ils ont grandi dans cet univers, leurs fils ont déjà touché à tout. «Ils ont commencé par le taille-bordure et savent mettre l’épaule à la roue», de dire Mme Goudreau, visiblement heureuse que ses garçons se spécialisent aujourd’hui afin de poursuivre le projet familial.