Un plafond à valeur ajoutée

Lors de l’inauguration de la salle multifonctionnelle David-Bellavance, à l’école secondaire Monique-Proulx, une prouesse technique a retenu l’attention : le plafond de placage récupéré rendu possible grâce au projet d’économie circulaire Synergie Victoriaville et sa région.

Créé en 2017 à l’initiative de la Corporation de développement économique de Victoriaville (CDEVR) et du CFER Normand-Maurice, Synergie s’avère une sorte d’agence de rencontres entre les entreprises afin de faire des rejets des uns la matière première des autres. Des réalisations inspirantes en sont issues, dont la conception d’un trottoir à partir de béton mélangé à de la peinture au latex, coulé en façade du Colisée Desjardins à Victoriaville et la Toast, une bière artisanale conçue par Multi-Brasses avec le pain non distribué par la Sécurité alimentaire (https://bit.ly/2DuS6X4).

Cette fois, Synergie a convié à la même table Bourassa Maillé Architectes et PRISE, une entreprise d’insertion sociale par le travail du bois. Le premier a identifié les utilisations possibles des résidus de placage, tandis que la seconde a transformé les rejets recueillis dans des compagnies de la région. Au final, les 300 lames de bois qui constituent le plafond de l’auditorium ont permis de récupérer 40 000 pieds carrés de placage.

La valeur ajoutée de cette création ne s’arrête pas à son aspect environnemental. On lui accorde aussi une valeur sociale puisque ceux qui ont travaillé à la fabrication des lames étaient en démarche de réinsertion à l’emploi. En outre, le coût de la réalisation du projet équivaut à celui d’une solution commerciale. Il y avait donc tout à gagner à opter pour ce processus.

Les propriétés acoustiques de l’œuvre ont été réfléchies en fonction des multiples usages de la salle. Le bois permet aux acteurs de théâtre, par exemple, de projeter leur voix sans effet de réverbération. Pour la musique, le fait que l’espace reste ouvert favorise une meilleure propagation des ondes sonores.

Si la Commission scolaire des Bois-Francs a souscrit à cette entreprise novatrice, «c’est parce qu’il répond tant à nos exigences qu’à nos valeurs sociales et notre préoccupation environnementale», a soutenu le directeur général, Julien Lavallée.

David Verville, chargé de projet pour Synergie Victoriaville et sa région, a précisé que sa tâche consiste à imaginer des usages possibles pour les rejets des entreprises. «Évidemment, je n’ai pas la science infuse, mais l’essentiel de mon mandat est de trouver qui sont les bons joueurs pour trouver des réponses à certaines questions», a-t-il dit avant d’indiquer que cette fois, la clé se trouvait en la personne d’André Bourassa.

L’architecte André Bourassa a souligné que «les entreprises de la région ont des volumes colossaux de rebuts de placage qui servent à faire de très beaux meubles, et qui ont servi en premier lieu à faire le bois d’apparence que l’on retrouve dans à peu près tous les casinos et les palais de justice qu’on a en Amérique du Nord», a-t-il expliqué, soutenant que l’expertise d’ici en la matière est remarquable, mais que cette industrie génère une tonne de résidus. D’où l’idée de les agglomérer afin de créer de nouvelles planches. Plusieurs tests ont été effectués avant d’en arriver au produit fini désiré.

«Pour tout bon projet, ça prend trois choses : un bon client, un échéancier raisonnable et un budget approprié», a affirmé M. Bourassa, tout en remerciant la CSBF. À présent, tous les participants à l’expérience espèrent trouver d’autres applications à leurs planches. Le projet a été présenté lors de l’événement franco-québécois le Rendez-vous des écomatériaux. «Ça a été très remarqué par tous les participants des deux côtés de l’Atlantique», a noté l’architecte, avant de souhaiter une longue vie à la salle David-Bellavance.