Sa bataille pour défendre les données confidentielles des citoyens de L’Érable

Après avoir écrit avec Pierre Batellier son premier volume «Acceptabilité sociale : sans oui, c’est non» en 2017, la chercheuse Marie-Ève Maillé nous revient avec un second livre qui s’intitule «L’affaire Maillé : l’éthique de la recherche devant les tribunaux», également publié aux Éditions Écosociété.

Spécialisée dans l’évaluation des impacts sociaux des grands projets, médiatrice environnementale et professeure associée au CINBIOSE (Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’auteur raconte le récit de la saga judiciaire dans laquelle elle a été impliquée pour défendre les données confidentielles des citoyens de L’Érable en lien avec le projet éolien sur leur territoire.

À l’automne 2015, Marie-Ève Maillé est invitée à témoigner comme experte dans une action collective contre le projet éolien de l’Érable, dont elle a étudié les impacts sociaux dans le cadre de son doctorat. En acceptant l’invitation des citoyens, la jeune diplômée de l’UQAM était loin de se douter des péripéties judiciaires qui l’attendaient.

Visée par une ordonnance de la cour qui la force à remettre certains documents à l’entreprise, Marie-Ève Maillé décide de se battre pour préserver la confidentialité de ses données de recherche. Elle estime que c’est là son devoir éthique de chercheuse. Sans ressource, elle devra se démener pour trouver un avocat qui accepte de défendre gratuitement sa cause. Son université, qui l’avait abandonnée à son sort, finira par la soutenir à la suite de pressions et de dénonciations médiatiques.

La chercheuse a finalement gain de cause et n’aura pas finalement à remettre au promoteur Éoliennes de l’Érable les informations qu’elle avait recueillies auprès des 93 personnes de L’Érable qu’elle avait rencontrées pour sa thèse alors le juge Marc Saint-Pierre de la Cour supérieure du Québec, dans une décision rendue le 31 mai 2017, écrit que l’intérêt public l’emporte définitivement sur la recherche de vérité donnant suite aux faits nouveaux qui lui avaient été présentés rétractant ainsi le jugement qu’Il avait lui-même rendu le 13 janvier 2016 ordonnant à la chercheuse de remettre à l’entreprise ses données.

Mme Maillé estime que son histoire pour préserver la confidentialité de ses données mérite d’être connue. «C’est important de garder des traces de la bataille que j’ai menée pour éviter que ça arrive à d’autres chercheurs. Je souhaite également qu’elle suscite une réflexion dans les universités concernant le rôle qu’elles ont à jouer pour nous défendre. Enfin, il faut que les chercheurs sachent que les avocats ne peuvent avoir accès à ces données utiles sur une simple mise en demeure.»

«C’est un livre de 200 pages qui est facile à lire et qui a été écrit pour un large public», de conclure Mme Maillé qui a procédé au lancement de son volume, hier à Montréal.