De la vertu à l’ouverture : 70 ans des bibliothèques de Victoriaville

«Lire pour luire» constitue le slogan de la première bibliothèque publique de Victoriaville, inaugurée le 10 octobre 1948. Voulait-on nous rendre plus brillants? Il y a certainement un brin de cela. Il n’en demeure pas moins que l’initiative s’avérait privée. À la faveur de son 70e anniversaire, les bibliothèques de Victoriaville célèbrent un pan d’histoire.

En octobre 1948, on procédait à la bénédiction de la bibliothèque publique des Bois-Francs, fondée par des membres du Cercle catholique des voyageurs de commerce et par des citoyens. D’abord logée dans une pièce de l’hôtel de ville, cette première bibliothèque a eu différentes adresses au fil des ans, dont une sur la rue Drouin et une autre sur la rue Gamache.

(Photo lanouvelle.net)

Julien Brazeau, bibliothécaire de la Ville de Victoriaville, donc des deux bibliothèques de son territoire (Charles-Édouard-Mailhot et Alcide-Fleury), explique qu’au départ la motivation d’une telle entreprise s’inscrit «dans un contexte de bonne littérature. Le slogan «Lire pour luire» évoque cette question de bonnes lectures, par opposition à celles qui n’étaient pas recommandées par le clergé de l’époque». Le service ne semblait pas destiné uniquement à l’élite sociale, selon lui, mais bien à tout un chacun, dans l’optique de faire rayonner une littérature qui promeut certaines valeurs, en même temps que la culture.

Le 4 décembre 1967, les propriétaires cèdent leurs possessions, livres et mobiliers, à la Ville de Victoriaville, pour la symbolique somme de 1 $. La municipalisation signifie aussi l’arrivée du premier bibliothécaire de la Ville, le père Michel Corréa.

Bien plus tard, en 1993, on érige le bâtiment du 2, rue de l’Ermitage, qui abrite la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot. Une subvention du ministère de la Culture et des Communications de 1,3 M $ s’ajoute aux 600 000 $ consentis par le conseil municipal pour ce projet.

La bibliothèque Alcide-Fleury, quant à elle, est opérée par Victoriaville depuis sa fusion avec Arthabaska en 1993. Là aussi, on a savouré un bout du gâteau de fête, mercredi (10 octobre). «On fête 70 ans de bibliothèques publiques à Victoriaville et on y inclut naturellement celle d’Arthabaska», précise M. Brazeau. Il rappelle que cette bibliothèque, née en 1963, se situait sous la Caisse populaire et que l’inauguration de son emplacement actuel date de 1991.

Rêves de bibliothécaire

Julien Brazeau porte le titre de bibliothécaire à la Ville de Victoriaville depuis 2015. Or, ne s’improvise pas à ce poste qui veut. Il y a la maîtrise en bibliothéconomie à obtenir et les études qui la précèdent. Dans son cas, il a obtenu un baccalauréat en littérature et un certificat en archivistique avant de courir vers les rayons et de récolter sa maîtrise. Originaire de l’Outaouais, M. Brazeau remplaçait la bibliothécaire du Cégep lorsque le poste qu’il occupe s’est ouvert. Il n’en fallait pas plus pour lui donner le goût de s’installer dans la région pour de bon.

(Photo lanouvelle.net)

Des bibliothèques, il en a fréquenté un nombre considérable. Ce qui lui a plu de celles de Victoriaville, c’est d’abord l’architecture de Charles-Édouard-Mailhot, sa luminosité et son toit cathédrale, puis la découverte d’une équipe de travail tissée serrée. «Le budget pour le développement des collections est très intéressant et, quand je suis arrivé en place, il y avait déjà eu un changement de l’interface du catalogue, le rendant plus convivial», note-t-il. Les grandes transformations numériques avaient été amorcées par son prédécesseur, Eddy Savescu, lui laissant un terrain à l’ordre pour poursuivre la mise en forme des établissements.

Parmi les services en développement, la bibliothèque de semences potagères pourrait surprendre. «Les gens y contribuent en offrant leurs semences et tous peuvent s’y servir. L’accès est libre. Il s’agit d’un échange entre les citoyens», présente-t-il. Ainsi, les usagers peuvent mettre la main sur des graines et emprunter un ouvrage traitant de jardinage. L’endroit favorise d’une autre façon, par cette nouvelle voie, les apprentissages.

L’avenir des bibliothèques passe, selon M. Brazeau, par l’espace. «Elles représentent un lieu où l’on se rend sans acheter quelque chose pour rester sur place et pour apprendre différemment, parfois en collaboration. Il faudra envisager l’aménagement de lieux propices aux échanges et à la création, que ce soit par des FAB labs ou des médias labs. L’acquisition d’imprimante 3D, le prêt de caméras et le montage vidéo en bibliothèque pourraient dynamiser ce lieu», projette-t-il. Le développement de l’offre audionumérique se situe aussi dans la mire de l’équipe.

Tout ça, dans le respect du culte du silence de l’endroit. «Notre vie va très vite et nous sommes constamment interpellés. Les moments de tranquillité sont importants et la bibliothèque doit permettre la cohabitation entre les zones silencieuses et celles de travail.» Enfin, proposer des heures d’ouverture qui correspondent aux besoins exprimés par les utilisateurs reste un défi qui traversera sans doute les âges.

Les bibliothèques de Victoriaville en 2017

130 000

Livres imprimés de sa collection

3000

Films disponibles

1000

CD mis à la disposition des abonnés

10 000

Usagers qui ont renouvelé leur carte de membre

340 000

Documents prêtés

245

Activités gratuites offertes par les deux bibliothèques