Le marché du travail canadien est-il prêt pour le cannabis à usage récréatif?

Selon un nouveau sondage d’Ipsos commandé par ADP Canada, le nouveau statut légal du cannabis au Canada met en évidence un fossé entre employeurs et employés, particulièrement en ce qui concerne le moment et la manière dont le cannabis peut être consommé au travail.

Selon le sondage, seulement 6% des travailleurs canadiens croient que leur employeur autorisera la consommation de cannabis (marijuana) à des fins récréatives pendant ou juste avant les heures de travail. Cependant, les gestionnaires (10%) sont beaucoup plus enclins à dire que cela sera permis comparativement aux employés occupant des postes sans responsabilités de gestion (2%). En fait, près d’un gestionnaire sur cinq (19%) déclare qu’ils sont au moins quelque peu enclins à consommer du cannabis à usage récréatif avant de se rendre au travail et 14% affirment qu’ils sont au moins quelque peu enclins à consommer du cannabis pendant les heures de travail. Ces données dépassent largement celles obtenues auprès des employés ne faisant pas partie de la direction, desquels seulement 7% ont déclaré qu’ils consommeraient probablement du cannabis avant le travail et seulement 4% prévoient en consommer pendant les heures de travail.

«Les changements en milieu de travail sont toujours difficiles à gérer, mais il semble que la légalisation du cannabis à usage récréatif crée un écart particulièrement complexe entre les attentes et les intentions des employeurs et de leurs employés, a déclaré Hendrick Steenkamp, directeur, Consultation en RH d’ADP Canada. Il est particulièrement intéressant de constater que les employés sans responsabilités de gestion sont plus réservés que leurs homologues gestionnaires quant à leurs attentes concernant leur consommation personnelle pendant les heures de travail.»

Une autre cause du fossé entre les gestionnaires et les employés provient de leur compréhension des politiques et directives officielles concernant la consommation de drogues et d’alcool au travail. Alors que 75% des gestionnaires déclarent être au courant de telles politiques à leur lieu de travail, seulement 64% des employés ne faisant pas partie de la direction en disent autant; 17% d’entre eux croient que leur milieu de travail n’a pas de politique ou de directive précise pour réglementer la consommation de drogue et d’alcool. En outre, alors que 36% des gestionnaires déclarent que leur entreprise introduit ou révise ses directives et politiques en milieu de travail en raison de la légalisation imminente du cannabis à usage récréatif, seulement 13% des non-dirigeants croient que c’est également la réalité de leur milieu de travail. De ce nombre, près de la moitié (49%) affirment ne pas savoir si leurs politiques et directives sont mises à jour ou révisées.

«Il est clair que les gestionnaires doivent avoir des entretiens détaillés, pointus et approfondis avec les employés sur ce qui constitue un comportement acceptable en milieu de travail en ce qui a trait au cannabis, affirme Hendrick Steenkamp. Le fait d’avoir ces conversations sans tarder aidera à définir des attentes claires pour les deux parties et réduira les risques d’effet négatif sur le rendement et la productivité au travail. »

L’étude tire également les conclusions suivantes :

Les gestionnaires et les employés s’accordent pour dire qu’ils s’attendent à constater une hausse des incidents liés à la santé et la sécurité (56% des gestionnaires, 53% des employés) et de l’absentéisme (43% des gestionnaires et 37% des employés). De la même façon, les gestionnaires et les employés s’attendent à constater une baisse de la productivité (45% des gestionnaires, 48% des employés) et de la qualité du travail (43% des gestionnaires et 44% des employés).

Les répondants de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba (10%) sont les plus susceptibles de croire qu’ils seront autorisés à consommer du cannabis à des fins récréatives pendant ou avant les heures de travail. Les répondants du Canada atlantique (21%), de l’Ontario et du Québec (18%) étaient les plus susceptibles de dire que leur employeur ne leur avait pas indiqué s’ils seraient autorisés à consommer du cannabis à usage récréatif pendant ou avant les heures de travail.

Près d’un répondant sur cinq (19%) de l’Alberta et du Québec a déclaré qu’ils sont au moins quelque peu enclins à consommer du cannabis à usage récréatif avant de se rendre au travail, tandis que 12% des répondants de la Saskatchewan, du Manitoba et du Québec ont affirmé qu’ils sont au moins quelque peu enclins à consommer du cannabis pendant les heures de travail.

Près de sept répondants sur dix (68%) affirment être un peu ou très familiers avec les modifications apportées aux lois relatives à la légalisation du cannabis à usage récréatif ainsi qu’avec les endroits où il sera permis d’en consommer.

Les répondants à l’ouest de l’Ontario sont les plus susceptibles de connaître les politiques de leur entreprise en matière de consommation de drogue et d’alcool, tandis que les répondants du Québec (19%) sont ceux qui le sont le moins.

Plus de la moitié (51%) des Québécois interrogés ne croient pas que leur entreprise introduise ou révise ses politiques et ses directives en milieu de travail en raison de la légalisation imminente du cannabis à usage récréatif. Toutefois, les répondants de l’Alberta (30%) étaient les plus susceptibles de dire que leur entreprise le ferait. Les répondants de l’Ontario (45%) et de la Colombie-Britannique (44%) étaient les plus susceptibles de dire qu’ils n’étaient pas certains de connaître la stratégie de leur entreprise quant à l’introduction ou la mise à jour des politiques et des directives en milieu de travail.

À propos du sondage 

Voici quelques conclusions d’un sondage Ipsos réalisé entre le 17 et le 21 septembre pour le compte d’ADP. Dans le cadre de ce sondage, un échantillon de 1000 travailleurs canadiens (dont 500 sont gestionnaires et 500 ne le sont pas, mais aucun n’est un travailleur autonome) âgés de 18 ans et plus ont été interrogés en ligne par l’intermédiaire du panel I-Say d’Ipsos et d’autres sources. L’échantillonnage par quotas et la pondération ont été utilisés pour équilibrer les données démographiques, afin de veiller à ce que la composition de l’échantillon corresponde à celle de la population adulte représentée par les données de recensement et de fournir des résultats destinés à reproduire un échantillon universel approximatif.

La précision des sondages en ligne d’Ipsos est mesurée à l’aide d’un intervalle de crédibilité. Dans le cas présent, la précision du sondage est de ± 3,5 points de pourcentage, 19 fois sur 20, si tous les travailleurs adultes canadiens avaient été interrogés. L’intervalle de crédibilité est plus vaste parmi les sous-ensembles de la population, y compris les gestionnaires (+/- 5 points) et les non-gestionnaires (+/- 5 points). Tous les sondages par échantillonnage peuvent être sujets à d’autres sources d’erreur, notamment à des erreurs de couverture et de mesure.