La prison pour s’être servi de sa voiture comme d’une arme

Alex Rheault-Pellerin, cet individu qui a foncé en véhicule à plus d’une reprise vers un autre, a reconnu sa culpabilité, mercredi avant-midi, avant d’être condamné à six mois de détention.

Le jeune homme, âgé de 26 ans, de Saint-Gilles (dans Lotbinière) a plaidé coupable à des accusations de conduite dangereuse, de voies de fait armées, de méfait, d’avoir proféré des menaces de mort et de bris de conditions puisqu’il était sous le coup d’une probation pour des dossiers de Québec. Il devait garder la paix et observer une bonne conduite, ce qu’il n’a pas fait.

Les gestes reprochés à Alex Rheault-Pellerin se sont produits en début d’après-midi le 13 septembre dans le secteur du restaurant Victoria de la rue Notre-Dame Ouest à Victoriaville.

L’altercation, selon le ministère public, découle d’une dette de 50 $ que devait l’accusé à la victime.

Selon les précisions apportées par Me Geneviève Marchand, l’avocate d’Alex Rheault-Pellerin, la victime aurait d’abord assené un coup de poing à l’accusé alors qu’il se trouvait assis dans sa voiture.

Mais c’est alors que Rheault-Pellerin a débarqué de son véhicule pour répliquer avec un coup de poing sur le côté de la tête de la victime.

Par la suite, il est retourné dans sa voiture en disant : «check ben ce qu’il va se passer!»

Au volant de sa voiture, Alex Rheault-Pellerin fonce alors sur le véhicule de la victime endommageant le parc-choc. Il recule ensuite pour recommencer le même manège. Cette fois, il arrache le parc-choc, a relaté le représentant de la poursuite.

Alors que Rheault-Pellerin s’exécute une troisième fois, la victime s’interpose devant. Pour ne pas être heurté, il doit sauter sur la voiture qui continue de rouler.

Assistant à la scène, un policier retraité s’interpose. Alex Rheault-Pellerin lui dit alors qu’il allait le tuer.

En quittant les lieux, selon trois témoins, Rheault-Pellerin a bien failli heurter deux autres véhicules.

Le policier retraité a pu photographier la plaque d’immatriculation du véhicule du suspect, ce qui a permis aux policiers de la Sûreté du Québec de procéder rapidement à son arrestation.

Suggestion commune

À l’exception de la durée d’interdiction de conduire, le ministère public et la défense ont convenu d’une suggestion commune, à savoir une peine de six mois d’emprisonnement, une période de probation de deux ans avec un suivi d’un an et d’une interdiction de communiquer et de se trouver en présence de la victime et du policier retraité.

Concernant l’interdiction de conduire, la poursuite a réclamé la plus longue période déterminée par le Code criminel, soit trois ans. Le procureur a plaidé que la conduite d’un véhicule constitue un privilège, et non un droit, tout en faisant valoir que l’accusé avait utilisé son véhicule comme une arme, des gestes «très dangereux». «Sans l’agilité de la victime qui a réussi à sauter, il l’aurait sans doute frappé. Les conséquences auraient été beaucoup plus graves», a-t-il soutenu.

Le ministère public a aussi suggéré une interdiction de possession d’arme pour cinq ans.

Me Geneviève Marchand représentait l’accusé. (Photo www.lanouvelle.net)

En défense, Me Geneviève Marchand a fait remarquer que son client aura déjà à subir les conséquences de la Société de l’assurance automobile qui imposera une suspension d’un an pour la conduite dangereuse. «Une longue interdiction de conduire aurait des impacts sur sa famille, lui qui est père d’un jeune enfant, qui habite Saint-Gilles, mais qui travaille à Québec dans le domaine de la construction. De plus, ce n’est pas un événement où il y a eu excès de vitesse, il n’a pas fui les policiers et il a collaboré immédiatement avec eux. Et heureusement, il n’y a pas eu de blessé, ni de séquelles», a plaidé l’avocate.

Quant à la suggestion de son vis-à-vis au sujet des armes, Me Marchand a fait savoir qu’elle n’en voyait pas la pertinence puisque son client ne possède aucun antécédent en lien avec les armes.

Décision du juge

Avant que le juge Simon Ricard de la Cour du Québec impose la peine, Alex Rheault-Pellerin n’a pas cru bon s’exprimer, estimant que tout avait été dit.

Il a cependant confié que le fait qu’il se retrouve en prison, «c’est plate pour mon petit garçon», alors que la victime, selon lui, «ne fait rien de ses journées».

Le magistrat a précisé qu’habituellement, les accusés profitent du fait que les juges leur accordent un temps de parole pour «exprimer des remords et des regrets et montrer qu’ils ont entrepris une réflexion».

Le juge Ricard a qualifié de «graves» les crimes commis. «Votre réaction a été inappropriée, démesurée. Vous êtes chanceux de ne pas l’avoir blessé, sinon je n’aurais pas imposé six mois, mais plutôt, 18, 24 ou 30 mois de détention. Et s’il avait été tué, on parlerait de quatre, cinq ou six ans d’emprisonnement», a indiqué le président du Tribunal, tout en rappelant le dossier criminel important d’Alex Rheault-Pellerin qui cumule, à ce jour, une dizaine de condamnations pour diverses infractions, dont menaces, méfaits et bris d’engagement.

Le magistrat l’a invité à la réflexion. «Vous devez vous questionner. Quel genre de modèle voulez-vous être pour votre fils. Vous en êtes à la croisée des chemins, c’est cliché, mais c’est ça», lui a-t-il dit, tout en le conseillant de réfléchir  à son problème d’impulsivité.

Le juge Ricard l’a donc condamné à six mois de détention tout en retranchant la détention provisoire, de sorte qu’il doit purger à compter d’aujourd’hui (mercredi) une peine de 4 mois et 18 jours de prison.

Il sera soumis à une probation de deux ans avec un suivi probatoire de 12 mois. Il devra fournir aussi un échantillon de substance corporelle à des fins d’analyse génétique.

Quant à l’interdiction de conduire, le magistrat, pour protéger le public, a tranché en lui imposant une interdiction d’une durée de 18 mois. «Vos gestes ont été extrêmement dangereux et ont fait preuve d’une grande impulsivité. Heureusement, le pire a été évité», a-t-il conclu, tout en lui imposant aussi une interdiction de même durée pour la possession d’armes.