Où disperser les cendres?

Depuis l’adoption en 2016 de la loi 66, le cadre légal de la dispersion des cendres devait être clarifié. Or, ses différents règlements font toujours l’objet de discussion. En attendant, le «gros bon sens» prime.

Denis Desrochers, président de la Corporation des thanatologues du Québec et copropriétaire du groupe Grégoire et Desrochers, explique que, théoriquement, on ne peut disperser des cendres dans des lieux publics, des parcs, des cours d’eau ou des terrains privés sans en avoir obtenu l’aval de la municipalité ou du propriétaire concerné. «Mais il n’y a pas de police des cendres», convient-il. Difficile donc de répertorier tous les lieux où se retrouvent les matières organiques devenues poussières.

La ligne directrice législative se résume présentement à l’article 17 de la loi qui stipule qu’on ne peut « disperser des cendres humaines à un endroit où elles pourraient constituer une nuisance ou d’une manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée».

De règlements plus formels, notamment quant à l’interdiction d’enterrer des urnes contenant des cendres chez soi et à la tenue d’un registre de dispersion des cendres par les entreprises funéraires, permettront, après leur adoption, une meilleure traçabilité des dépouilles après leur crémation.

En attendant, les différentes organisations funéraires ne savent trop sur quel pied danser lorsqu’il s’agit du suivi des cendres. Le sujet reste litigieux. De son côté, M. Desrochers croit que la tenue de registres est impossible. «On remet des cendres aux familles. Il n’existe aucune façon de savoir ce qu’elles en feront réellement par la suite», observe-t-il.

Faire réfléchir

Il n’y a pas de façon idéale pour disposer des cendres d’un proche défunt. Toutefois, il faut penser à long terme afin de ne pas causer de préjudice supplémentaire à celle de la mort, prévient Denis Desrochers. «Le lieu de dispersion s’avère irrémédiable.» On peut répandre les restes de son grand-père dans la sucrerie familiale, mais sans oublier que cette possession pourrait passer à d’autres mains. Et Cancún reste une ville lointaine, surtout lorsque le désir de se recueillir se fera sentir.

A contrario, décider de conserver l’urne dans sa garde-robe constitue la meilleure façon de refiler le problème à une génération future, qui n’aura peut-être pas les mêmes égards face à des ancêtres qui leur seront plus éloignés.

«Le choix final peut nuire au processus de deuil», de dire Denis Desrochers.

Parmi les valeurs sûres restent les traditionnels cimetières, qui apportent le sentiment de finalité escompté. Les columbariums et les jardins commémoratifs représentent des lieux propices au recueillement tout en évitant les mauvaises surprises.

Au Québec, 80% des gens optent pour la crémation. À Victoriaville, on parle plutôt de 60%, quoique ce pourcentage augmente rapidement.