Économie : malgré ses enjeux, la région met la main à la pâte

La plus manufacturière des régions du Québec, le Centre-du-Québec, fait face à de nombreux enjeux, le recrutement de la main-d’œuvre, les négociations de l’ALENA et le vieillissement de sa population en étant quelques-uns. Mais elle démontre un «bon dynamisme», misant tout à la fois sur ses forces et s’affairant à développer de nouveaux créneaux.

C’est le regard que pose sur le Centre-du-Québec l’économiste senior Chantal Routhier de Desjardins, elle qui, depuis sept ans, livre le survol et les prévisions économiques pour chacune des régions du Québec. Ce travail d’analyse et de recherche est confectionné à partir de différents indicateurs portant sur l’emploi, la démographie, les investissements des entreprises, le marché de l’habitation.

Elle prévoit notamment que le Centre-du-Québec connaîtra encore de la croissance pour 2018 et 2019, toutefois un peu en deçà de celle de la province. Elle prévoit aussi que, par les nombreux projets sur le territoire, les investissements devraient se maintenir à des niveaux élevés et que le taux de chômage diminuera encore.

Par contre, du côté de l’habitation, un certain «essoufflement» est à prévoir. Le marché se trouve, dit-elle, encore du côté de l’acheteur, mais il tend de plus en plus vers l’équilibre. Elle souligne que, comme partout ailleurs, les nouvelles règles hypothécaires et les taux d’intérêt pourraient ralentir le marché.

Une fois de plus, le profil régional montre que le revenu personnel par habitant se situe sous la moyenne québécoise (26 928 $ par rapport à 30 548 $) et que le prix de vente moyen des maisons tourne autour de 169 207 $ presque deux fois moins qu’au Québec (310 006 $).

D’autres ralentissements se profilent à l’horizon, particulièrement dans l’industrie du papier et de l’aluminerie. «Le secteur manufacturier évolue à deux vitesses au Centre-du-Québec qui en est le cœur. On peut toutefois noter que la région diversifie ses créneaux», explique encore Mme Routhier, évoquant celui de la fabrication de machines et de composantes.

Le vieillissement de la population occasionne deux problèmes dans la région. Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec, la population s’accroîtra modestement au cours des prochaines années. Mais à compter de 2026, la région se doit d’être attractive pour maintenir sa population; elle devra miser sur des nouveaux résidents, qu’ils proviennent des autres régions ou d’autres pays, puisque le nombre de décès sera plus important que le nombre de naissances. Le vieillissement entraîne aussi des problèmes de recrutement de main-d’œuvre. L’économiste note que pour chaque groupe de 100 personnes partant à la retraite, il n’y aura que 68 personnes prêtes à intégrer le marché du travail.

Les villes conscientes et mobilisées

Le document passe en revue les différents projets dans les MRC centricoises pour stimuler l’économie. «Les villes sont conscientes des enjeux et mobilisées pour mettre la main à la pâte», soutient l’économiste.

Elle évoque par exemple – et pour ne nommer que les initiatives dans les MRC d’Arthabaska et de L’Érable – l’implantation du nouveau Complexe agricole biologique du Cégep de Victoriaville qui comprendra notamment un incubateur d’entreprises, le projet d’expansion de la ferme laitière de Tingwick qui souhaite doubler son cheptel d’ici cinq à dix ans, les investissements de Cascades pour acquérir de nouveaux équipements et conforter des emplois, l’expérience-pilote de la MRC de L’Érable permettant la construction dans la zone verte conditionnelle à un projet agricole. Elle a aussi souligné les actions prévues à la planification stratégique de la MRC d’Arthabaska Destination 2025, son projet de réseau de télécommunications par fibre optique ainsi que la stratégie On vise dans le 1000 de la MRC de L’Érable. Le projet-pilote pour lequel Victoriaville a été choisie par le ministère de l’Immigration pour stimuler l’accueil et l’inclusion des nouveaux arrivants figure aussi comme un moyen de faire face aux enjeux de l’emploi et de la démographie.

Les investissements publics – qui étaient à la baisse au cours des dernières années – devraient aussi donner du tonus à l’économie centricoise, peut-on lire dans le profil régional, alors que le ministère des Transports prévoit investir 110,5 millions $ d’ici deux ans dans des travaux routiers et que le ministère de l’Éducation attribuera 14,2 millions $ dans 58 projets de rénovation d’écoles de la région.

On peut consulter toutes les données de l’étude au https://bit.ly/2JmdG7S sur le site de Desjardins.