Il y a plus de 40 ans, un village du Centre-du-Québec était secoué par une tornade

Il y a quarante-deux ans, le 24 juillet 1975, une tornade ravageait un village du Centrre-du-Québec. Si les maisons et les infrastructures sont reconstruites depuis longtemps, les souvenirs, eux, restent. 

«C’était une belle journée, se remémore Mario Lachapelle. En moins d’une minute, le ciel s’est assombri au point où on aurait dit que c’était la nuit.» Le sexagénaire, alors âgé de 19 ans, était dans le garage de son père derrière la maison familiale avec son cousin et son frère lorsque la tornade a commencé à Saint-Bonaventure. 

«Toutes les vitres ont cassé. Ça commençait à brasser fort, donc on s’est dit qu’on allait rentrer dans la maison. C’est là que je suis parti au vent.» Il tenait son cousin de douze ans par la main à ce moment.

«On est partis au vent ensemble et on a atterri ensemble.» Des deux jours qui ont suivi, le Bonaventurain n’a aucun souvenir.

Mario Lachapelle a toujours su qu’il a été chanceux, ce jour-là. Malgré une jambe cassée, cinq côtes fracturées, le coude fêlé, une centaine de points de suture et des clous plantés dans le dos, il s’en est sorti sans trop de séquelles. Son cousin y a laissé quatre bouts de doigt. «Je dis souvent que je vis sur du temps emprunté, affirme-t-il avec un petit rire. Il y a eu quatre morts dans cette histoire-là, mais il y aurait pu y en avoir 50.» Dans la petite municipalité de Saint-Bonaventure, 67 maisons ont été détruites. Une édition du journal La Presse de 1975 a également rapporté que la valeur des dommages subis par le village s’élevait à environ trois millions de dollars.

Lorsqu’il est sorti de l’hôpital, quinze jours plus tard, le domicile familial était très endommagé. «Mon père a dû scier la porte de trois pouces pour pouvoir la fermer tellement que la maison était sur le camp», illustre Mario Lachapelle. Le garage de son père a été détruit.

Du côté des Lachapelle, ils étaient quinze enfants et ont dû vivre pendant environ deux semaines sans eau courante ni électricité.

Aujourd’hui, Mario Lachapelle et sa femme Danielle Hamel habitent juste en face de l’ancienne maison familiale du sexagénaire. Le garage Lachapelle a été reconstruit juste à côté de l’ancien bâtiment et est toujours en fonction.

Et Saint-Bonaventure a connu son lot d’histoires rocambolesques au cours de cette tornade. Par exemple, un des clients du garage Lachapelle avait pris la route au moment où les vents commençaient à se lever. Par prudence, il s’est arrêté à côté de l’église avec l’idée de repartir une fois la tempête calmée. Le clocher du bâtiment est tombé sur la partie droite de son véhicule et l’a complètement écrasé. L’homme s’en est sorti indemne.

Et même des décennies après, Mario Lachapelle et Danielle Hamel restent nerveux à l’approche d’un orage. «Ce n’est pas aussi pire qu’avant, mais ça ne fait pas très très longtemps qu’on ne va plus se cacher dans la cave quand on voit que le temps s’assombrit. On y pense encore.»

Le meilleur côté des gens… et le pire

 

Des voleurs ont profité de la catastrophe pour piller les habitations, Danielle Hamel s’en souvient. «Ma mère s’est fait voler les habits de baptême qui avaient été faits avec sa robe de mariée. Mon père s’est fait voler son alliance. Ce n’était pas drôle», soupire-t-elle.

Pourtant, nombreux sont ceux qui ont mis la main à la pâte pour aider le village à se relever de ses miettes.

«Beaucoup de personnes qu’on ne connaissait même pas sont venues nous aider à rebâtir. Le médecin de notre famille à l’époque avait envoyé un chèque à mon père pour nous aider, je me souviens. Il était débordé, mais a quand même fait ça pour nous», se rappelle Mario Lachapelle. D’après lui, l’esprit d’entraide était bel et bien présent, même si tout le monde était occupé à rebâtir son propre lopin de terre.