«Comme le cancer, la maladie mentale tue»

Mère d’un jeune schizophrène qui s’est suicidé il y a 15 ans, Michèle Paquin a accepté de revenir à Victoriaville pour participer à l’organisation d’un souper-bénéfice visant à amasser des fonds pour la recherche en santé mentale. «Je n’ai absolument rien contre les collectes pour la recherche sur le cancer. Mais pour 100 000 personnes atteintes de cancer, on octroie 1 million $ à la recherche; en santé mentale on n’octroie que 100 000 $ alors qu’un million de personnes ont un trouble», rapporte-t-elle d’une conférence qu’elle a entendue.

Cette idée d’une activité-bénéfice pour soutenir la recherche provient d’une autre mère victoriavilloise. Huguette préfère taire son nom de famille voulant protéger l’identité de son fils également schizophrène.

«Au moins quinze ans que je voulais faire quelque chose!», s’exclame-t-elle.

Ainsi, pour la première fois à Victoriaville, s’organise un souper spaghetti le samedi 4 mars, à 17 h 30 à la salle de la Légion canadienne (34, rue Sainte-Marie). Les deux mères souhaitent amasser entre 1200 $ et 1500 $ pour l’Institut universitaire en santé mentale, le Douglas de Montréal, l’un des deux plus importants centres de recherche dans ce domaine au Canada.

Les instigatrices de l’activité rêvent du jour où, comme pour d’autres maladies, on parviendra à «ouvrir» le cerveau afin de comprendre et éventuellement de guérir les maladies. Et elles sont nombreuses les maladies du cerveau. Mme Paquin évoque l’anxiété, le trouble de personnalité limite, le trouble obsessif compulsif, l’Alzheimer, la démence, l’autisme, la bipolarité, la schizophrénie.

Le soir du 4 mars, elle témoignera plus particulièrement du cas de son fils qui, n’ayant jamais accepté sa maladie, s’est enlevé la vie. Il avait 25 ans.

Dix ans plus tôt, le jeune homme, «talentueux et super intelligent» comme le dépeint sa mère, a reçu le diagnostic comme une tonne de briques. Il n’a ni accepté la maladie, ni la médication, raconte Mme Paquin.

Certes, poursuit-elle, les médicaments ne guérissent pas, mais ils atténuent les épisodes de paranoïa qui y sont associés.

«Je n’arrive toujours pas à comprendre qu’il n’ait pas compris sa condition», dit encore celle qui réside maintenant à Sainte-Marie-de-Blandford. Voilà pourquoi elle soutient que, comme le cancer, la maladie mentale tue.

«Que de vies tristes, que de vies gaspillées!», renchérit Huguette dont le fils a dû faire le deuil de tout, alors qu’il était tout juste à la veille de décrocher son doctorat. «De boutentrain, il est devenu triste», raconte-t-elle. Il n’a pas de travail, pas d’amie de cœur, s’isole dans son appartement la plupart du temps.

Les deux mères s’entendent pour dire que la schizophrénie, comme tous les autres troubles de santé mentale, même la dépression, assène un énorme coup dans l’estime de soi des gens qui en sont affligés. «Et c’est la maladie des grands sensibles.»

À leur souper-bénéfice, le premier d’une annuelle série espèrent-elles, les organisatrices attendent parents, amis, proches de personnes ayant un problème de santé mentale.

On peut obtenir des billets (15 $) auprès d’Huguette (819 758-1711) ou en téléphonant à l’Association Le PAS (819 751-2842). À l’Association, il est préférable de téléphoner pour prendre rendez-vous avant d’aller chercher son billet.