La sexualité des enfants

Un texte intitulé : Attention : les soi-disant spécialistes du sexe veulent pervertir nos enfants signé Paul-André Deschesnes circule actuellement sur les réseaux sociaux. Ce texte nous met en garde contre les sexologues, sociologues et psychologues de tout acabit qui annoncent partout, haut et fort, que nous vivons dans une nouvelle ère sexuelle, notamment celle des enfants.

Il fait référence à un article paru dans Le Devoir du 28 août 2016, intitulé Quand les petits s’envoient en l’air, du chroniqueur Louis Cornellier. M. Deschesnes considère que le laisser-aller du contrôle de soi et l’abandon du sens des responsabilités laissent place à la décadence, au mépris des valeurs et que la morale devient source de moqueries.

Cet article fait référence aux affirmations de Patrick Doucet, professeur de psychologie au collège Marie-Victorin, auteur de La vie sexuelle des enfants? Tout ce qu’on aimerait sans doute savoir, mais qu’on ne souhaite peut-être pas entendre. Cet ouvrage remet en question la théorie selon laquelle les enfants s’intéressent à la sexualité seulement à partir de la puberté. D’après M. Doucet, il serait faux d’y voir le résultat d’une dégradation des moeurs et de l’hypersexualisation de la société actuelle. Il rapporte qu’il y a plus de 100 ans, le Dr Richard von Krafft-Ebing, psychiatre austro-hongrois (1840-1902), citait des histoires d’enfants s’adonnant à l’auto-érotisme et à des jeux sexuels. Ces observations ont été corroborées par Henry Havelock Ellis (1859-1939), médecin et psychologue britannique, et par Alfred Kinsey (1894-1956) dans les années 1950.

Ce sujet est certes délicat. La frontière entre la curiosité, le jeu et l’agression est parfois difficile à établir. Dans les cas de relations inappropriées qui se vivent dans la peur, la contrainte, la pression et avec une personne plus âgée ou en autorité, il est clair que c’est un acte criminel. L’inceste et la pédophilie doivent être dénoncés, car ils font des ravages considérables.

Par contre, certains enfants manifestent de la curiosité et de l’intérêt pour la sexualité plus que d’autres. Il en est de même dans tous les domaines : pour la cuisine, les jeux de société, la lecture ou les sports… Les adultes se doivent de faire la différence entre une agression et la découverte consensuelle sans rapports de pouvoir entre enfants du même âge. Il ne faut pas dramatiser.  

Quand les enfants posent des questions sur la sexualité, comme sur n’importe quel autre sujet, il faut leur répondre franchement, de façon naturelle et concise, sans élaborer au-delà de leur demande.

Pour ce qui est de la morale, elle aura toujours sa place. Sa base devrait toujours être le respect de soi et des autres, quel que soit son âge et ses convictions religieuses ou autres. Si vous ne vous sentez pas à l’aise de parler de sexualité avec les enfants, il existe de très bons livres sur le sujet adaptés à leur âge, que vous pouvez lire avec eux.

Malheureusement, certains vont profiter de l’intérêt de l’enfant pour le piéger. Les prédateurs choisissent l’enfant vulnérable : celui qui manque d’information, qui est isolé et dépendant. Ils le persuaderont que, l’initiative venant de lui, il est complice «je n’ai fait que répondre à tes questions en t’initiant». Culpabiliser l’enfant est une façon efficace de s’assurer de son silence. Faire porter l’odieux à la victime est largement répandu, il ne faut cependant jamais oublier que c’est à l’adulte d’agir en adulte!

Les psychologues estiment qu’au début de l’adolescence, un l’enfant aura vu au petit écran autour de 8000 meurtres et des dizaines de milliers d’actions violentes, dont des agressions sexuelles… Difficile de préserver l’innocence de nos enfants dans ces conditions. L’ignorance, la pudeur excessive et les tabous ne favorisent pas l’épanouissement d’une sexualité saine et ne protègent pas les enfants des prédateurs. La prévention est la meilleure protection!

Votre groupe ESPACE est là non seulement pour outiller les enfants, mais également les parents et l’ensemble de la communauté. Si vous vous posez des questions face à une situation ou vous ne savez comment réagir, n’hésitez pas à nous consulter, c’est gratuit et confidentiel : ESPACE Bois-Francs, (819) 752-9711

Texte rédigé par Monique T. Giroux pour ESPACE Bois-Francs