D’enfant battu à millionnaire

Originaire de Plessisville, Martin Provencher, qui est aujourd’hui devenu un homme d’affaires prospère, chroniqueur en immobilier, conférencier et auteur, offre un témoignage percutant de son enfance difficile marquée par la violence parentale dans son livre D’enfant battu à millionnaire qu’il signe en collaboration avec Renée Laurin.

Ce récit empreint d’espoir et de résilience trace le parcours remarquable de cet homme d’affaires accompli, qui dès l’âge de 17 ans, achetait sa première maison à Inverness.

Aujourd’hui âgé de 45 ans et demeurant à Saint-Béatrix dans Lanaudière, il détient un actif de plusieurs millions $ et, si sa réussite professionnelle en inspire plus d’un, peu de gens connaissent les épreuves personnelles qu’il a dû surmonter pour se rendre au sommet.

Derrière ses succès se cachent de grandes blessures

Dernier d’une famille de quatre enfants, Martin Provencher est battu à répétition par son père violent (Patrick Provencher) qui a failli le tuer à plusieurs reprises. À 11 ans, il est témoin de l’assassinat de sa mère (Aline Samson), tuée à bout portant par un amant jaloux (Lauréat Daigle). Cette histoire avait secoué tout Plessisville à l’automne 1982.

«Ma vie aura été une série d’épreuves, de regrets, de souffrance et d’adaptation jusqu’à l’âge de 17 ans», raconte M. Provencher en entrevue téléphonique. «Mais la bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’après avoir connu le pire, je crois qu’il n’y avait plus rien pour m’arrêter et c’est ce qui m’a donné cette «drive» pour foncer dans la vie.»

M. Provencher explique que le parcours aura été long et pénible avant de réussir à parler publiquement de son passé marqué par la violence et la tragédie. «Dix ans après le meurtre de ma mère, je n’étais toujours pas capable d’aborder le sujet. Durant ma vingtaine et trentaine, je pouvais en parler, mais c’était très pénible de le faire, combien j’étais encore dans tous mes états et que j’avais de la peine. Aujourd’hui dans la quarantaine, j’ai décidé d’en faire un objectif personnel que de me libérer de ce passé-là avec la rédaction et la sortie de ce livre.»

La mort de son père en 2003 alors âgé de 63 ans l’a laissé indifférent. Quant au meurtrier de sa mère, celui-ci avait écopé de huit ans de prison pour meurtre non prémédité et avait été libéré sous condition après 18 mois. «Sa prison aura été son visage défait», ajoute M. Provencher rappelant que ce dernier incapable de faire face à l’horreur de son geste avait tenté de s’enlever la vie en retournant son fusil de chasse de calibre 12 contre lui. Celui-ci est décédé en novembre 2014 sans qu’il ne l’ait jamais revu.

Il se remémore également l’été précédent le terrible drame alors que sa mère, aux prises avec des difficultés financières depuis que son père avait été mis à la porte, le confie pour les vacances à un riche homme d’affaires d’Ham-Nord, Léo Ling, propriétaire des journaux La Nouvelle et L’Union de Victoriaville, qui était prêt à l’adopter et à payer ses études. «Si j’avais su ce qui se préparait quelques mois plus tard, j’aurais accepté», de dire celui qui refusait à ce moment de se séparer de ses frères et de sa mère.

Toujours la chair de poule

Martin Provencher est revenu dans la région en janvier dernier, notamment à Plessisville et aussi Victoriaville où il a vécu quelque peu, pour les besoins de l’écriture du livre. «Quand j’arrive à Plessisville, j’en ai encore la chair de poule. Je ne suis vraiment pas confortable. Disons que ce ne serait pas le premier endroit que je choisirais pour y passer des vacances.»

Aujourd’hui en couple et père de famille de deux enfants, ce diplômé universitaire dans multiples domaines (psychologie, gérontologie, administration, ressources humaines et gestion des PME) mord dans la vie avec passion et une énergie hors du commun et il raconte également dans son livre comment il en est arrivé là.

«J’écris habituellement des livres pratiques pour aider les investisseurs en immobilier à faire des choix judicieux et éclairés. Cet ouvrage n’a rien à voir avec les précédents. Il m’a entraîné sur d’autres sentiers, plus personnels cette fois. Il s’agit du récit de ma vie, telle que je l’ai vécue et perçue à travers mes yeux d’enfant, d’adolescent et d’adulte», écrit M. Provencher dans l’avant-propos.

«Mon but en l’écrivant n’était pas de régler des comptes, mais de me libérer une fois pour toutes d’un lourd passé en relatant le plus fidèlement possible la façon dont j’ai vécu tous les événements tragiques qui ont marqué ma jeunesse et fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui : un être déterminé à trouver le bonheur, qui a su transformer ses souffrances en autant d’occasions de grandir et de devenir une meilleure personne, toujours plus forte, plus créative et plus sensible aux autres», ajoute-t-il.

D’enfant battu à millionnaire est son sixième livre et est offert en librairie par Les éditions du Journal.

Les précédents portaient sur le monde de l’immobilier. Martin Provencher souhaite sincèrement que ce témoignage humain devienne une source d’inspiration pour bien des gens. «Je veux que mon récit serve à faire du bien», conclut-il.