Module d’enregistrement des ventes : du positif, du négatif et des ambiguïtés

ÉCONOMIE. Les propriétaires de bars et de restaurants-bars avaient jusqu’à aujourd’hui pour se doter d’un module d’enregistrement des ventes (MEV).

Vicky Côté, du Pub le Caméléon de Victoriaville, a accueilli la nouvelle avec un enthousiasme modéré. Lorsque le gouvernement avait fait de même pour les restaurants, il y a quelques années, elle a mentionné que cette décision était une «excellente chose». Cela permettait, à ses yeux, de contrôler les bars qui n’émettaient pas de factures à leurs clients.

Cependant, bien que le gouvernement subventionne presque en totalité les 1295 $ que coûte un MEV, Mme Côté se retrouve à défrayer des coûts supplémentaires pour se conformer aux règles. «Les caisses que j’ai présentement ne fonctionnaient pas avec le MEV. J’ai été contrainte de dépenser 10 000 $ et je vais n’être remboursé que pour environ 2500 $», a-t-elle fait savoir.

De plus, les amendes n’épargneront pas les propriétaires pris en flagrant délit. Si un agent de contrôle aperçoit un employé oublier d’émettre une facture, l’amende peut s’élever jusqu’à quelques centaines de dollars. Également, si un bar achemine en retard son rapport mensuel, il sera réprimandé par une pénalité ainsi qu’une amende.

«Les gens n’en veulent pas»

Par ailleurs, Vicky Côté a expérimenté, le week-end dernier, le nouveau système et considère que d’émettre une facture pour chaque transaction est une «perte de temps incroyable».

«D’autant plus que les gens n’en veulent pas. Certains se sont même choqués à la réception de leur facture», a-t-elle indiqué.

Pour l’entrepreneure, c’est aussi un gaspillage. Les factures ne sont pas recyclables, étant confectionnées à partir de papier thermal. Même si plusieurs poubelles sont installées dans l’établissement, la majorité des factures se retrouve par terre. «Ce qui cause un énorme gâchis», a ajouté la propriétaire du Caméléon.

Quelques ambiguïtés

La mise en place des MEV dans les bars et restaurants-bars n’est également pas à l’abri des ambiguïtés. Pour être certaine d’être dans la légalité, Vicky Côté s’est renseignée auprès de Revenu Québec pour valider certains points.

Elle se questionnait, notamment, sur les shooters girls, ces demoiselles se promenant dans le bar, bouteilles de fort à la main, à savoir si elles auront besoin d’un MEV. Aussi, advenant le cas d’une association, le temps d’un soir, avec une compagnie événementielle, elle se demandait si la compagnie devra utiliser ses propres MEV ou ceux de son établissement.

Ces questions, au moment d’écrire ces lignes, n’ont pas été répondues lors de ses entretiens avec les intervenants de Revenu Québec. Toutefois, elle a précisé qu’elle recevra une réponse de leur part d’ici les prochains jours.

Vicky Côté estime que l’avenir dira si l’implantation des modules d’enregistrement des ventes était une bonne initiative. «Il est encore trop tôt pour juger. Toutefois, le gouvernement ne reculera pas, alors aussi bien s’organiser pour travailler de concert avec lui», a-t-elle conclu.