Lettre aux parents de Cédrika Provencher

Votre fille, à ce que je pense, n’est pas morte sans lutter. Après avoir observé longuement sa photo, je ne trouve pas, pour décrire ce combat, de mots plus justes que ceux de Tolstoï qui ont beaucoup influencé Gandhi dans son combat.

Cédrika a mené, me semble-t-il, «la lutte de la douceur contre la grossièreté, de la mansuétude et de l’amour contre la violence». C’est tout à son honneur.

J’ajoute que Dieu n’a pas permis la terrible mort de votre enfant, il en a au contraire souffert, jusqu’à mourir en elle par son propre Fils. Mais l’amour de Dieu a toujours le dernier mot. Justice sera faite. Car, de même qu’à la lumière de l’Évangile, les pauvres, a dit le pape Jean-Paul II au Canada, jugeront les riches, votre fille jugera son assaillant et son verdict sera sans appel.

Votre fille est vivante. Si Jésus est mort en elle, elle vit en lui, le Ressuscité. «Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent pour lui.» (Lc 20,38)

Je vous prie non pas d’apprendre à vivre sans Cédrika, mais à vivre avec elle autrement. Car «les morts ne sont pas absents, mais invisibles», a dit saint Augustin. Vous ne la voyez plus parce qu’elle est maintenant vivante en vos cœurs. Invisible, mais plus aimante que jamais. Chers parents, allez en vous, au fond de votre cœur, c’est là que vous trouverez Cédrika.

Gérard Marier, prêtre