L’État islamique ne sera pas vaincu en 2016

ANALYSE. Malgré les bombardements et la perte d’une partie de son territoire en Syrie et en Irak, l’État islamique continue de représenter une menace importante. Et l’organisation terroriste pourrait même devenir encore plus dangereuse à l’avenir, affirment certains analystes.

Aussi, les investisseurs qui espéraient une stabilisation du Proche-Orient en 2016 pourraient déchanter : l’intensification des frappes aériennes contre Daech (nom arabe pour État islamique) à la suite des attentats de Paris ne permettra pas de détruire l’organisation à court terme.

Et à long terme, rien ne garantit non plus que cette stratégie donnera les résultats escomptés.

Pourquoi?

L’État islamique avait prévu et souhaité ce qui se passe, soit l’intensification des bombardements contre son califat (un territoire reconnaissant l’autorité d’un calife successeur de Mahomet dans l’exercice du pouvoir) qu’il a créé à cheval sur la Syrie et l’Irak, en 2014, de la taille du Royaume-Uni.

L’historien français Pierre-Jean Luizard explique très bien les intentions de Daech dans un récent essai intitulé Le Piège Daech : l’État islamique et le retour de l’Histoire, un livre que devraient lire tous les chefs d’État et de gouvernement – et les investisseurs.

L’État islamique nous a tendu un piège. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Daech a besoin qu’on les bombarde pour s’implanter durablement au Proche-Orient et prendre de l’expansion.

La logique de l’EI est la suivante : plus on bombarde le califat, plus il lui est facile de rallier encore davantage de personnes à sa cause, notamment en Occident.

Et en commettant l’attentat à Paris le 13 novembre, Daech savait fort bien que la France et ses alliés accentueraient leurs frappes contre le califat.

Et ceux qui croient que les bombardements massifs détruiront finalement l’EI se trompent, car ces frappes ne permettront pas de renverser Daech, affirment les experts militaires.

Il est vrai que, depuis l’été 2014, les bombardements incessants contre l’EI (infrastructures, télécommunications, convois, équipements militaires, sites de production d’énergie, etc.) l’affaiblissent et lui font perdre des revenus.

Mais est-ce que ces frappes réduiront vraiment le nombre de combattants et de sympathisants de Daech au Proche-Orient – et en Occident?

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