Indépendante, Sylvie Roy dit détenir le «pouvoir du micro»

POLITIQUE. La députée d’Arthabaska Sylvie Roy est loin de regretter sa décision de siéger à titre d’indépendante à l’Assemblée nationale. D’autant plus qu’elle dit commencer à profiter de ce statut, pouvant, par exemple, s’exprimer librement sur le projet de créer un registre québécois des armes à feu. Elle portera les deux pétitions qui se profilent à l’horizon afin de contrer le projet de loi 64 déposé par le ministre Pierre Moreau.

Par l’intermédiaire de ses comptes Facebook (https://www.facebook.com/SyvieRoyDeputee/?ref=hl) et par les gens de sa circonscription qui l’abordent à ce sujet, elle en est venue à la conclusion que de créer pour le Québec un registre des armes à feu serait inutile… et inutilement coûteux.

Déjà, dit-elle, deux permis sont nécessaires pour acquérir et posséder une arme d’épaule. Quelques petites améliorations au système actuel le rendraient plus efficace, selon elle. «Sans plus de tracas et de frais qu’un coûteux registre. Comme disait Jean Chrétien, il faut parfois plus de courage pour ne rien faire.»

La députée dit qu’il lui a toujours importé qu’on sache où sont les armes et qui les détient et qu’avec le système actuel, ces informations sont accessibles aux policiers.

Elle ajoute qu’il y a «fracture» entre ce qui se passe aux États-Unis et au Québec. De l’autre côté de la frontière, on peut, à la caisse, s’acheter du coup du Kraft Dinner et une arme. «Ici, l’acquisition est beaucoup plus difficile et au moindre doute vous pouvez perdre votre permis.»

Il y a aussi «fracture» entre une circonscription urbaine et une circonscription rurale, dit-elle. «Parce que je suis indépendante, je n’ai plus d’arbitrage à faire. Je représente les citoyens d’une circonscription où il y a des chasseurs, des agriculteurs, des sportifs. Je crois qu’il en est de même pour les députés de Matane, de la Côte-Nord, d’Abitibi. Ils devraient pouvoir voter librement sur cette question.»

Mme Roy fait valoir que le registre canadien des armes à feu a été un «scandaleux gouffre financier», que jamais on n’a pu prouver son efficacité à réduire les crimes ou les suicides. «Une arme à feu, c’est un objet inanimé. Le danger, c’est celui qui la manipule. Et là-dessus, un registre n’y changera rien.»

Rappelant qu’il a été question d’une somme de 30 millions $ pour créer ce registre, elle dit qu’il serait plutôt préférable d’investir en santé mentale, «parent pauvre» du système de santé et d’offrir plus de formation aux policiers.

«Le pouvoir du micro»

Sylvie Roy affirme se sentir à l’aise dans sa position de seule députée indépendante à l’Assemblée nationale. Seuls les débuts ont été plutôt laborieux pour l’installer à Québec.

Elle dit détenir «le pouvoir du micro» afin de représenter davantage la population de sa circonscription que la ligne de parti, ne faire aucun compromis, ne «défendre que ce qui est bon pour le monde» de son comté.

«J’ai ainsi pu faire des commentaires différents des autres sur le rapport de la Commission Charbonneau.» Elle regrette d’ailleurs de ne pas avoir bloqué cette motion selon laquelle c’est le gouvernement libéral – et non le Parlement – qui étudiera le rapport Charbonneau.

Elle rappelle que c’est à partir des rangs de la deuxième opposition que sa voix avait été entendue pour la tenue de cette commission.

Indépendante depuis août, la députée élue pour un premier mandat en 2003 – d’abord adéquiste, puis caquiste – Sylvie Roy dit que ses rapports avec les autres ont changé, que ses relations sont plus cordiales avec les députés des autres partis. Elle n’a pas reçu d’invitation formelle à joindre leurs rangs, mais elle sent qu’elle serait la bienvenue.

«On me demande ce que je ferai. Je ne m’avancerai pas là-dessus, la fin de mon mandat étant encore loin. J’ai pris la décision de devenir indépendante en 24 heures parce que j’aime ce que je fais et que je voulais honorer le contrat que m’ont confié les électeurs. Il peut s’en passer des choses d’ici le prochain scrutin!»

Une chose est sûre, si Sylvie Roy est indépendante… elle n’est pas «séparatiste».

Le mot «tumulte» résume sa perception des derniers mois. «Négociations au Québec, élections fédérales, crise des migrants, changements climatiques», énumère-t-elle.

Et vient de se traduire en chiffres ce qu’elle constate lorsque, en mère de famille, elle voit à l’épicerie. «De plus en plus de gens qui arrivent à la caisse avec des coupons-rabais. Parce qu’il y a de plus en plus de gens qui doivent couper dans les dépenses incompressibles et qui doivent choisir ce qu’ils vont manger, parce que tout augmente, les taxes, l’épicerie.»

La députée Roy parle d’une «ambiance tendue», y voyant toutefois le contraire de l’apathie et de l’indifférence.