Programme Objectif emploi : ce que le ministre ne dit pas!

Soyons clairs : nous sommes d’accord que des mesures soient mises en place pour aider les jeunes à occuper un emploi de qualité qui soit conforme à leurs compétences et intérêts. C’est important non seulement pour leur épanouissement et leur développement personnel, mais également pour leur contribution au développement du Québec. Notre société a besoin d’eux : ils sont notre avenir.

Développer des services d’employabilité pour tous les jeunes qui en ont besoin demande un investissement important d’argent en ressources humaines et matérielles. Alors, lorsque le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale nous parle de faire des économies par la mise en place de ce programme, il y a lieu de s’interroger sur les intentions réelles du ministre.

Ce que dit le ministre : 5 millions $ sont prévus pour ce programme. Ce que le ministre ne dit pas : ce sont 16 millions $ qui ont été coupés ces dernières années dans l’aide à l’emploi et dans les services d’Emploi-Québec.

Ce que le ministre dit : il y aura un accompagnement intensif et personnalisé pour les aider à intégrer rapidement le marché du travail. Ce que le ministre ne dit pas : le Québec a un taux de chômage moyen de 8 %. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 29 ans est de 15,9 %. Quand ils réussissent à trouver un emploi, il est généralement à temps partiel, à contrat temporaire, sur appel, surnuméraire, pigiste, etc. Ils sont les premiers touchés lorsqu’il y a des mises à pied. Et cela, même s’ils sont scolarisés et ne présentent pas de problèmes particuliers.

Ce que le ministre dit : 38 % de ces jeunes viennent de milieux défavorisés. Ce que le ministre ne dit pas : c’est qu’une telle situation requiert de mettre en place des mesures de préemployabilité et exclut donc, en partant, l’intégration rapide sur le marché de l’emploi parce que ces jeunes vont avoir besoin d’une aide particulière à cause des problématiques vécues, dont le faible niveau de scolarisation et les problèmes d’alphabétisation, le déficit de motivation, la faible estime de soi, les dépendances (alcool, drogue, médicaments), etc.

De plus, cette aide particulière nécessite un accompagnement adéquat. Or, depuis quatre ans, c’est 359 postes d’agents d’aide socioéconomiques qui ont été abolis au Québec.

Les difficultés rencontrées par les jeunes sur le marché de l’emploi ainsi que le taux de chômage ne se résoudront pas d’eux-mêmes parce que le ministre veut réaliser des économies. On n’a jamais entendu dire que des mesures coercitives, comme celle proposée par le gouvernement par le Programme Objectif emploi, ont réussi à faire baisser le taux de chômage. Cependant cela risque de se traduire concrètement par des coupures à un chèque d’aide sociale qui actuellement couvre à peine la moitié des besoins essentiels pour vivre décemment.

Alors que les députés s’apprêtent à se voter une augmentation de 28 à 31% pour leurs salaires et partent avec de grosses indemnités lorsqu’ils manquent de motivation pour continuer leur travail, couper le chèque d’aide sociale de 50 %, sous prétexte d’aider les jeunes prestataires de l’aide sociale à se motiver, est franchement et carrément indécent!

On demeure sans voix quand on réalise que ce projet de loi est proposé par le ministre responsable de la lutte à l’exclusion sociale et à la pauvreté. Oui, nous sommes d’accord pour que des mesures soient mises en place pour aider nos jeunes à sortir de la pauvreté en leur offrant une aide afin qu’ils puissent occuper un emploi décent. Mais, nous croyons que les conditions de cette aide et de cet accompagnement doivent aussi être décentes!

Coalition pour les droits des personnes assistées sociales des régions Mauricie et Centre-du-Québec