Les «pires offres», selon le président de la CSN

GRÈVE. Le président de la CSN, Jacques Létourneau dit que les travailleurs de la fonction publique n’ont jamais reçu de «pires offres» que celles qu’a déposées le gouvernement du Québec. Reste que, poursuit-il, le ton des négociations est bien différent de ce qu’il a déjà connu. «Ça ne va pas très bien, c’est vrai, dans les négociations. On sent que le gouvernement est ferme, mais il ne brandit pas de menace comme c’était le cas au temps de Monique-Jérôme Forget.»

Le président de la centrale syndicale s’est attardé à Victoriaville jeudi matin, venant à la rencontre des membres du personnel de soutien et des professionnels ayant érigé des piquets de grève devant le centre administratif de leur Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF).

Les enseignants n’étaient pas sur les lieux, devant s’embarquer, en autobus jaunes, pour aller manifester à Québec.

À bord des autobus, les profs ont, au passage, salué leurs collègues piquetant de part et d’autre du boulevard des Bois-Francs.

Cette fois, les piqueteurs ont empêché les cadres d’entrer dans le centre administratif, ce qui n’avait pas été le cas lors de la première journée de grève le 28 octobre dernier.

Il s’agissait ainsi de la deuxième journée de grève tant du côté de la CSBF que du cégep de Victoriaville, des travailleurs de la santé et de la fonction publique (manifestant devant l’édifice provincial).

Au moment d’écrire ces lignes (jeudi matin), il était déjà prévu que pour la troisième journée de grève (vendredi), le Front commun réunisse près de 2000 syndiqués dans le voisinage du pavillon Agri-sports.

«Forte mobilisation»

Aux piqueteurs et piqueteuses, Jacques Létourneau a livré un message de solidarité, les invitant à ne pas lâcher, les invitant à maintenir la pression.

Après une journée de grève, le gouvernement a bougé, a-t-il dit, déposant de nouvelles offres ce qu’il n’avait pas fait depuis un an. La mobilisation est forte et la population est sympathique à la cause, soutient-il encore.

Certes, dit-il, les offres gouvernementales sont insatisfaisantes. Le gouvernement propose toujours des augmentations de salaires totalisant 3% sur cinq ans, précise-t-il, mais réparties autrement (0%,1%,1%,1%,0%). Les syndiqués réclament 13,5% sur cinq ans.

«Le gel est inacceptable. Les propositions n’accotent même pas les taux d’inflation», commente le président, ajoutant que les travailleurs du secteur public accusent déjà un retard de 7,5% par rapport au privé. «C’est l’appauvrissement que le gouvernement nous propose», soutient encore le syndicaliste.

Classe moyenne

Jacques Létourneau ajoute que les travailleurs de l’éducation et de la santé, c’est en fait la classe moyenne, celle «qui fait rouler l’économie des régions, l’économie du Québec».

«Quand on pense qu’avec le seul salaire du président de Loto-Québec, on pourrait embaucher huit orthopédagogues ou 11 techniciens en éducation spécialisée!», renchérit Louise Côté, porte-parole des professionnelles et professionnels de l’éducation.

Le président de la CSN espère que les syndiqués n’auront pas à exercer les trois autres jours de grève prévus pour les 1er, 2 et 3 décembre partout au Québec. «On ne fait pas la grève pour le plaisir et on ne souhaite pas se rendre au 1er décembre.»

Il espère qu’aux tables de négociations, les parties en arrivent à une entente. La «balle» est pour ainsi dire dans le camp syndical après le dépôt des nouvelles offres du gouvernement. «On est à travailler des contre-propositions.»

Il ne comprendrait pas que Québec recoure à une loi spéciale, d’autant que dans le secteur de la santé les services essentiels sont maintenus et que ce ne sont pas ces grèves rotatives qui compromettent la session des élèves et des collégiens. Même le ministre Barrette aurait félicité les syndiqués pour la façon dont ils se comportaient, selon le président de la CSN.