Décisions funestes pour les personnes ciblées par le projet de loi 70

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, vient de nous démontrer, une fois de plus, à quel point il ne tient pas compte des problèmes reliés au fait de devenir un requérant de l’aide sociale.

On constate à lire ses commentaires, que ce sont les préjugés qui dictent ses décisions et ses propos. Décisions funestes pour les personnes ciblées par ce projet de loi et propos nuisibles qui entretiennent des préjugés dont peu de gens seraient capables de supporter le poids, sans y perdre une bonne part de leur estime de soi personnelle et de leur confiance en soi.

Vous vous targuez de vouloir «briser le cercle vicieux de la pauvreté», mais par vos coupures vous allez appauvrir, jusqu’à la misère noire, des personnes qui ont déjà tellement de problèmes à surmonter. Vous ajoutez vouloir «briser la culture de dépendance envers l’état», comme si l’aide sociale était un choix de vie. Au montant mensuel que ces personnes reçoivent et avec la haute surveillance dont ils sont la cible, l’aide sociale n’est vraiment pas un choix de vie, et ne permet en aucun cas, de vivre paisiblement aux frais de l’État comme vous le laisser entendre avec tant de mépris.

Monsieur le ministre, je poserais une question, ne pouvez-vous pas constater que par vos décisions, ce sont des personnes que vous allez briser ? Vos coupures, monsieur le ministre, vont faire vivre des échecs à répétition aux personnes que vous dites vouloir voir travailler. Ce n’est pas le meilleur critère de réussite, vous en conviendrez.

« Il n’y a pas de critère de distance» avez-vous dit. Pour certaines personnes, être obligé de déménager loin de leur réseau social, de leur soutien naturel, sera un critère d’échec de plus.

Monsieur le ministre, je vous rappelle que le 3 avril 2013, Karine Vallières alors députée de Richmond et porte-parole de l’opposition officielle en matière de Lutte contre la pauvreté avait demandé à Mme Marois, première ministre du Québec, de revenir sur leur décision de couper dans les mesures d’aide sociale. Mme Vallières avait affirmé dans son communiqué de presse du 3 avril 2013 : «Au Parti libéral du Québec, nous avons toujours distingué les mesures d’aide à l’emploi et les mesures d’aide sociale.»

Il semble qu’à votre tour monsieur le ministre, vous ne sachiez plus distinguer les mesures d’aide à l’emploi et les mesures d’aide sociale. En 2013, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) avait dénoncé les coupures du gouvernement péquiste parce qu’elles portaient atteinte aux droits, dont le droit à la sûreté et à l’intégrité physique et psychologique, le droit à la sauvegarde de sa dignité, le droit à l’égalité ainsi que le droit à des mesures d’assistance financière, tous des droits, qui lorsqu’ils ne sont pas respectés, sont contraires aux droits protégés par la Charte des droits et libertés du Québec.

Nous attendions beaucoup mieux de votre programme Objectif emploi. Nous souhaitons que plus de personnes puissent sortir de la pauvreté et surtout qu’elles aient l’opportunité, elles aussi, de travailler, de s’épanouir et d’êtres heureuses comme la majorité des citoyennes et des citoyens du Québec. Or, vous gâchez tout avec vos pénalités. Et vous nous démontrez surtout à quel point vos préjugés vous tiennent loin de la réalité des personnes qui ont le très grand malheur de se voir obligées de devenir un requérant de l’aide sociale pour survivre.

Marie Josée Lapointe

Coordonnatrice pour Droits Devant Érable