Jérôme Mésonéro ne regrette pas sa décision

VICTORIAVILLE. Il y a un peu plus d’un an, Jérôme Mésonéro prenait une décision déchirante en quittant l’organisation des Tigres de Victoriaville pour accepter un nouveau défi au sein de l’Avalanche du Colorado, comme recruteur amateur. Avec un peu de recul, il estime qu’il a fait le bon choix.

N’empêche, il a admis que ça n’a pas été facile pour lui de mettre un terme à son association avec les Tigres, avec qui il a œuvré durant près d’une décennie. Il était d’ailleurs fort émotif lors de la conférence de presse annonçant son départ des Bois-Francs.

Lorsque Patrick Roy lui a offert d’épier les meilleurs espoirs juniors au Québec et dans les Maritimes, de Gatineau au Cap-Breton, il lui restait encore quatre années à écouler à son contrat avec les félins. Il laissait donc derrière lui une «certaine sécurité d’emploi», ce qui est évidemment très relatif dans le monde du hockey.

Avec l’Avalanche, comme les autres recruteurs de l’organisation, il a accepté une entente de deux saisons. «La durée de mon contrat avec les Tigres m’a fait quelque peu réfléchir. J’ai finalement opté pour un nouveau défi et je ne regrette pas ma décision. Ma première année au sein d’une organisation de la Ligue nationale a été concluante et enrichissante», a-t-il fait valoir.

Il n’a pas chômé durant sa première campagne chez les professionnels. Il a assisté à pas moins de 206 rencontres. Et il n’a pas été confiné qu’au territoire qui lui a été préalablement désigné. Au contraire, il a également été invité à se rendre en Europe, dans l’Ouest canadien et aux États-Unis.

«J’ai été privilégié. Rapidement, mon patron (Alan Hepple) m’a fait confiance. Mes observations ont été considérées afin de comparer mon évaluation à celles de certains autres recruteurs. Ces différents mandats m’ont sorti de ma routine. C’est ce qui a fait que je n’ai pas vu passer la dernière saison», a raconté l’ancien directeur général des Tigres.

Et faire du hockey à temps plein, que du hockey, a confirmé sa passion inconditionnelle pour ce sport. Il a fait remarquer que comme DG au sein d’une équipe de hockey junior, ses tâches étaient multiples et plusieurs de ses interventions n’avaient aucun lien avec ce qui pouvait se passer sur la surface glacée.

«Quelque 80% des problèmes que je devais régler n’étaient pas liés au hockey», a-t-il laissé entendre.

Ses nouvelles fonctions lui ont également permis de parfaire son anglais et d’accentuer son réseau de contacts, et ce, aux quatre coins de la Ligue canadienne de hockey. J’ai rencontré de nouvelles personnes et j’ai fait de belles découvertes», a-t-il dit.

Une belle profondeur au Québec

En juin dernier, Jérôme Mésonéro en était à son premier repêchage assis à une table d’une équipe de la Ligue nationale de hockey. Et les dirigeants de l’Avalanche du Colorado ont réclamé pas moins de trois joueurs évoluant au sein de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Nicolas Meloche (Drakkar de Baie-Comeau), Jean-Christophe Beaudin (Huskies de Rouyn-Noranda) et Sergei Boikov (Voltigeurs de Drummondville) ont respectivement été réclamés en deuxième, troisième et sixième ronde. L’ex-homme de hockey des félins refuse de prendre le crédit pour ces sélections. «C’est un travail d’équipe. Je ne suis pas le seul recruteur de l’Avalanche à avoir vu jouer les patineurs de la LHJMQ. Et il faut reconnaître que la cuvée du circuit Courteau était celle qui avait le plus de profondeur au pays au cours de la dernière saison.»

Derrière le masque

* L’équipe de recrutement de l’Avalanche du Colorado est composée de neuf recruteurs, dans le volet amateur, incluant deux recruteurs en Europe. Dans le volet professionnel, on retrouve quatre recruteurs.

* Après chaque match, Jérôme Mésonéro doit remplir un rapport sur les espoirs ciblés. Il doit prévoir de 45 à 60 minutes pour chaque patineur répertorié sur sa liste. Il ne peut négliger aucun détail. En plus du rendement sur la patinoire, il recueille le plus d’informations possible sur les jeunes admissibles à la prochaine séance de sélection. «Les organisations investissent des sommes d’argent considérables. Il ne faut donc rien laisser au hasard et réduire le plus possible notre marge d’erreur», a-t-il expliqué.

* Ce qui lui manque le plus de son ancienne vie chez les juniors, c’est de s’asseoir et de boire un café avec le personnel d’entraîneurs, le matin, afin d’échanger sur divers sujets concernant l’équipe. «Je m’ennuie de cette camaraderie», a-t-il confié.

* Bien que la pression soit encore présente, Mésonéro considère qu’il jouit d’une meilleure qualité de vie comparativement aux dernières années. «J’ai notamment recommencé à dormir», a-t-il fait valoir.

* Au total, en voiture, Jérôme Mésonéro et ses homologues parcourent quelque 60 000 kilomètres annuellement. C’est sans compter les déplacements en avion et en train.

* Être recruteur, c’est vivre en solitaire. Jérôme Mésonéro considère que ça colle bien à sa personnalité. «Tu as du temps pour réfléchir. Tu apprends à te connaître», a-t-il soulevé.