Ma relation avec le Burkina Faso

Voici le quatrième billet que nous partage la jeune Princevilloise Marie-Michèle Thibodeau en exil au Burkina Faso (Afrique de l’Ouest) pour l’été. Elle y relate ses impressions (le beau comme le moins beau), ainsi que des anecdotes sur son expérience culturelle et professionnelle.

Maintenant que cette période plus difficile est derrière moi, je suis en mesure de vous parler de ce qui s’est glissé dans le quotidien de mon premier mois au Burkina Faso : mon choc culturel.

Vite comme ça, ça ressemble vraiment à un concept de «psycho pop» à deux sous, mais détrompez-vous, le choc culturel c’est bien réel et ça te pourrit un peu la vie, mais c’est normal et on ne peut pas vraiment y échapper. C’est comme un espère de rite de passage.

Pour faire un historique rapide du concept, certains chercheurs ont découvert qu’il existe une espèce de courbe d’adaptation quand tu passes un certain moment dans un autre pays au contexte culturel particulièrement différent du tien. Cette jolie courbe est marquée par trois étapes, d’abord la lune de miel pendant laquelle tu sembles un peu euphorique, ensuite le choc (qui ressemble à un gros creux) pendant lequel tu peux devenir toute sorte de choses que tu n’es pas vraiment dans la vie de tous les jours (un monstre qui déteste les gens par exemple), et finalement un retour à la stabilité qui témoigne de ton adaptation à ton nouveau milieu.

Je peux maintenant affirmer fièrement que je suis dans la troisième phase et en réfléchissant à mes dernières semaines et à mon propre choc culturel, j’ai été en mesure d’établir un parallèle intéressant qui illustre vraiment bien ça ressemble à quoi ce truc-là.

Un choc culturel, ça ressemble un peu à quand tu te fais un nouveau chum (ou blonde). Au début, tu es complètement aveuglé par la perfection de cette personne si merveilleuse et ça dure quelque temps comme ça (lune de miel). Mais après quelques semaines, cette même personne parfaite commence à faire des choses qui te tapent un peu sur les nerfs. C’est à ce moment que tu commences à constater vos différences, à remarquer qu’il (elle) a peut-être un ou deux défauts qui t’avaient échappés et il est même possible que vous ayez votre première chicane. (Début du choc)

À ce moment, tu commences à te demander si tu es prêt(e) à mettre les efforts qu’il faut pour que ça aille plus loin, si les défauts que tu n’avais pas vus au départ ne sont pas trop gros pour que tu continues de filer le parfait bonheur avec ta nouvelle flamme. (Choc culturel)

À partir de là, ça dépend de vous deux. À force de passer du temps ensemble et de vous parler des vraies affaires, vous avez peut-être une chance d’apprendre à vivre ensemble et à être heureux. (Adaptation)

Et c’est là qu’on en est, le Burkina et moi. Ça a été le coup de foudre. On a appris un peu à se connaître, on a vu nos défauts mutuels et on s’est tapés sur les nerfs. On a eu une couple de chicanes, j’ai versé quelques larmes et je me suis demandée si je pouvais vraiment vivre avec.

Mais en prenant notre temps, on a appris à s’apprivoiser. On a finalement décidé qu’il y avait du potentiel et que ça valait la peine de mettre des efforts, alors on fait des compromis (un soir je mange africain, l’autre soir je me fais un sandwich par exemple). Je pense même qu’on apprend à vivre ensemble! Mais je veux quand même m’excuser, parce que, pauvre lui, je n’ai pas été facile à vivre.

Par contre, la beauté du choc culturel, c’est que ça a une fin et, une fois que c’est fini, c’est que tu as accepté les bons comme les moins bons côtés de ton pays d’accueil. Mais détrompez-vous, ça ne veut pas dire que ça sera facile tous les jours! Mais j’ai appris à l’aimer tel qu’il est. Burkina Faso, ça n’a pas été facile, mais on est passés à travers et je pense que je t’aime!

Marie-Michèle