Sur le trottoir ou sur la chaussée les AMM?

VICTORIAVILLE.. À la question de savoir si les utilisateurs d’un triporteur, d’un quadriporteur ou d’un fauteuil roulant motorisé doivent se comporter comme des piétons ou des cyclistes, Nathalie Roussel répond que «ça dépend!».

Responsable de la politique d’accessibilité universelle pour la Ville de Victoriaville, Mme Roussel a eu à présenter les nouvelles règles de conduite qu’expérimentera Transports Québec pour au moins trois ans.

Devant quelque 120 utilisateurs d’AMM (aides à la mobilité motorisées), Mme Roussel a expliqué et illustré ces règles en vigueur depuis lundi (1er juin).

L’agent Guy Désilets de la Sûreté du Québec et David Johnson, responsable du projet pilote au ministère des Transports, participaient aussi à cette rencontre convoquée dans l’enceinte du Colisée Desjardins.

Il n’y a rien dans le Code de sécurité routière pour encadrer la conduite des utilisateurs d’AMM. Ils sont plutôt considérés comme des piétons que l’on invite à circuler sur les voies cyclables ou sur les trottoirs.

Or, les trottoirs ne sont pas toujours carrossables ni assez larges pour qu’ils puissent rouler en toute aisance.

Avec la nouvelle réglementation, les utilisateurs pourront rouler à l’extrême droite de la chaussée à certaines conditions : quand il y a une seule voie de circulation par direction et lorsque la limite est de 50 km/heure ou moins.

Si la limite est supérieure à 50 km/heure, les utilisateurs d’AMM pourront circuler sur l’accotement… si cet accotement a au moins un mètre de largeur.

Guy Désilets dit que la nouvelle réglementation devrait être facile à faire respecter parce qu’elle relève du «gros bon sens». «Et le gros bon sens dicte, par exemple, aux utilisateurs d’AMM de ne pas s’aventurer sur la route 116 parce qu’il n’y a pas d’accotement suffisamment large. Le problème avec certains utilisateurs c’est qu’ils se sentent comme s’ils étaient à bord d’un véhicule automobile. Ils s’élancent sur la route partant de Victoriaville pour aller à Warwick. Qui appellent-ils lorsque leur batterie est morte?»

La circulation des AMM est interdite sur les routes à accès limité, sur la chaussée où la vitesse excède 50 km/heure et sur la chaussée des routes où il y a plus d’une voie de circulation par direction.

Le ministère des Transports a également prévu d’autres dispositions pour encadrer la conduite des AMM. Par exemple, tout appareil devra être muni de réflecteurs sur les quatre côtés. Pour circuler en bordure d’un chemin où la vitesse est plus de 70 km/h, il faudra arborer un fanion orange triangulaire d’assez bonne dimension.

Règle générale, lorsqu’ils circulent à l’extrême droite de la chaussée, les utilisateurs doivent rouler dans le sens de la circulation, comme s’ils étaient des cyclistes.

Les policiers de la Sûreté du Québec feront montre d’une certaine tolérance pour les deux premières semaines d’application des nouvelles règles, précise l’agent Désilets. Parce que des amendes sont prévues pour la conduite délinquante.

Trois objectifs

Du ministère des Transports, David Johnson explique qu’on poursuit trois objectifs avec ce projet pilote. Il fallait d’abord combler le vide juridique, les utilisateurs d’AMM ne figurant pas au Code de la sécurité routière.

«On veut aussi améliorer la flexibilité dans les choix de circulation», poursuit l’agent de recherche, offrant la possibilité aux gens en triporteur ou en quadriporteur de délaisser parfois des trottoirs pas toujours accessibles.

Enfin, Transports Québec cherche à améliorer la cohabitation sécuritaire de tous les utilisateurs de la route. La réglementation envoie ainsi un signal aux automobilistes, les informant que les usagers d’AMM ont aussi droit de citer.

Était présent dans la salle Jean-François Bruneau, professeur associé à l’Institut national de santé publique du Québec qui, en 2011, à la demande des ministères des Transports, de la Santé et de la Société d’assurance-automobile, entreprenait une vaste étude sur ces nouveaux moyens de transport. Il mettait sa loupe sur trois lieux, Montréal, Magog et Victoriaville. (http://www.lanouvelle.net/Societe/Sante/2011-06-16/article-2589928/Etude-sur-les-triporteurs-%3A-mobilite-et-securite-dans-le-viseur/1)

Il est revenu à Victoriaville mercredi après-midi pour inviter de nouveau les utilisateurs – une trentaine – qui avaient accepté de rouler avec une caméra à «bord» à continuer de participer à la recherche. Cet automne probablement, on les invitera de nouveau à circuler avec une caméra afin de vérifier si la nouvelle réglementation a provoqué des différences dans la conduite.

La recherche comprenait aussi l’administration d’un questionnaire visant à recueillir les perceptions des piétons, automobilistes et cyclistes à l’égard des AMM et à étudier le comportement des utilisateurs de la route.

En 2016, un forum prendra le pouls des municipalités et de la Sûreté du Québec. Le projet pilote est suivi par un comité provincial où plusieurs instances gouvernementales sont représentées, les ministères de la Santé, des Transports, de la Sécurité publique, la Société d’assurance-automobile et la Régie de l’assurance-maladie. Les policiers y ont leur voix, de même que les municipalités de Montréal et de Victoriaville ainsi que des organismes représentant les personnes à mobilité réduite.

«Notre rôle en est un d’évaluation», précise Jean-François Bruneau.

À la lumière des données recueillies, le comité pourra acheminer des recommandations.

D’autres règles de circulation

Lorsqu’ils circulent sur la chaussée, les utilisateurs d’AMM doivent céder le passage aux piétons ou aux autres utilisateurs d’AMM qui s’apprêtent à traverser la chaussée aux passages pour piétons.

Pour faire un virage à gauche, les utilisateurs d’AMM doivent se conformer aux règles applicables aux piétons.

La présence d’un passager sur une AMM est interdite, sauf celle d’un enfant de moins de 5 ans qui doit être protégé par un dispositif de retenue pour enfant.