Le «souffle» de Jacques Parizeau

VICTORIAVILLE. Jacques Parizeau aura été une «inspiration» pour le député fédéral André Bellavance. «J’étais bien petit quand j’ai vu ce monsieur… intimidant. Il l’était par sa stature physique et aussi par son attitude. Il avait l’air d’un diplomate, d’un aristocrate.»

André Bellavance a appris avec surprise que M. Parizeau, décédé lundi soir, était hospitalisé depuis cinq mois.

Il l’avait rencontré à deux reprises au cours de l’année dernière, lors de la journée des Patriotes à Montréal et à Kingsey Falls à l’occasion du souper du 50e anniversaire de Cascades.

«Il était physiquement diminué, se déplaçant avec une canne. Mais il avait l’esprit aussi vif et alerte. Assis à la même table que lui et Bernard Lemaire, je les ai entendus se souvenir de leurs bons coups.»

André Bellavance dit que bien avant d’être ministre et premier ministre, Jacques Parizeau aura contribué à façonner le Québec d’aujourd’hui. «Économiste chevronné, il était fonctionnaire, faisant partie des proches de Jean Lesage, artisans de la Révolution tranquille.»

La création de la Caisse de dépôt, de la Régie des rentes, la nationalisation de l’électricité ont constitué autant d’instruments dont le Québec s’est doté et sur lesquels il faut accoler le nom de Jacques Parizeau, rappelle M. Bellavance.

«Et c’est lui qui, alors qu’il était ministre des Finances, a mis la table au Fonds de solidarité, lequel a soutenu tant d’entreprises. Je ne voudrais pas parler pour Bernard Lemaire, mais je l’ai entendu dire à quel point M. Parizeau avait donné du souffle à l’entrepreneuriat québécois avec son Régime d’épargne actions.»

Du «souffle», Jacques Parizeau en a aussi donné à l’idée de faire du Québec un pays. «Après le premier référendum (1980), les souverainistes avaient la fale basse. C’est lui, qui, à son retour en politique, a ravivé la ferveur. Il a été une figure de proue pour ce référendum perdu de peu (1995).»

Parce qu’André Bellavance est le fils de Lionel, ardent militant souverainiste, il a connu beaucoup de personnalités politiques. «À l’époque, c’était dans les maisons des militants que logeaient les péquistes à l’occasion de leurs rassemblements. Ils n’avaient pas les moyens de loger dans les hôtels.»

Le jeune André a ainsi pu voir de près les Lévesque, Garon et Parizeau.

«Jacques Parizeau n’avait pas le même charisme que René Lévesque, parce qu’il était plus cérébral.»

Étudiant en communications à l’Université Laval, André Bellavance avait de nouveau rencontré M. Parizeau. «En équipe, on avait pu l’interviewer. C’était entre les années 1984 et 1988 alors qu’il avait quitté le Parti québécois.»

Le député Bellavance parle du disparu de 84 ans comme d’un personnage historique, auquel les Québécois rendront un bel hommage. Que certains en aient parlé comme d’une «belle-mère» fait sourire le député. «Ça me fait toujours sourire d’entendre ce genre de propos en même temps qu’on revendique tellement la liberté d’expression! Pourquoi ces gens qui n’ont plus de fonction politique ne pourraient-ils pas continuer de contribuer aux débats?»