Le quotidien peut être périlleux pour une personne handicapée

VICTORIAVILLE. Trottoirs «inconfortables», trop hauts, parsemés d’obstacles ou de trous où même le bout de la canne blanche se coince, cadres de portes trop étroits, salle de toilettes où l’on peut entrer en fauteuil roulant… mais d’où il est difficile d’en sortir, peu de lieux pour changer la couche du bébé et surtout concentrés dans les salles pour dames.

Cela et bien d’autres écueils ont été constatés, entre autres par des élus, au centre-ville de Victoriaville.

Avec la coordonnatrice Nathalie Roussel, le conseiller municipal Patrick Paulin, président du comité de suivi de la politique d’accessibilité universelle, on a voulu ponctuer la Semaine québécoise des personnes handicapées en organisant une activité de sensibilisation à la réalité de ces gens.

Cinq équipes ont été constituées, chacune ayant des «missions» à accomplir au centre-ville de Victoriaville, entrer dans des établissements pour acheter des produits. Chacun des membres de l’équipe avait un rôle à jouer… plusieurs écopant d’un handicap.

Certains ont été confinés au fauteuil roulant, d’autres devant porter des lunettes simulant une vision périphérique ou un bandeau leur masquant complètement la vue. D’autres devaient évoluer avec un problème d’acouphènes, ou encore avaient à manœuvrer une poussette double.

Dans la catégorie des problèmes de mobilité, on avait prévu des appareils simulant le vieillissement ainsi qu’un coussin pour la femme enceinte…

Si l’activité s’est déroulée dans la bonne humeur, les participants ont tout de même réalisé avec sérieux que la Ville de Victoriaville a beau se targuer d’être «inclusive», il y a encore beaucoup à faire pour faciliter la vie aux personnes handicapées.

Le député fédéral André Bellavance aurait préféré qu’on lui assigne un fauteuil roulant non motorisé qu’il aurait manié avec plus d’aisance croit-il. Dès le départ de la salle du conseil de l’Hôtel de ville, il a compris qu’il était plus difficile de se déplacer à travers une foule. Debout, il n’a jamais à demander aux gens de s’écarter pour le laisser passer. «Assis dans un fauteuil, les gens ne nous voient pas.»

Il a trouvé difficile de rouler sur le trottoir du centre-ville, a dérapé, s’est retrouvé dans la pelouse. Il a trouvé affolant de rouler en bordure de la rue et de traverser la rue Perreault à la hauteur des Cuisines collectives. «C’est insécurisant et stressant de rouler en bordure de la rue, d’autant qu’on ne voit pas derrière.» Et il admet avoir «triché» à la salle de bain de la bibliothèque.

La députée d’Arthabaska Sylvie Roy a déjà l’habitude des acouphènes, «rôle» qui lui a été octroyé. «Il y a plein de choses dont on sait qu’elles sont des irritants majeurs. L’activité a permis de mettre en relief des irritants mineurs», a-t-elle dit, remarquant tous les problèmes qu’a eus la conseillère France Auger dont le directeur général de la Ville, Martin Lessard a poussé le fauteuil roulant.

Le maire Alain Rayes a poussé ses «triplets» pendant presque toute la durée de l’activité. Il y aurait plein de portes à élargir, a-t-il constaté. Sa poussette double passait «serré» à plusieurs endroits, ce qui a cependant faire dire au conseiller Christian Lettre que, peut-être, les fabricants pourraient adapter leur produit.

Le greffier Yves Arcand a failli se retrouver vraiment handicapé, alors qu’avec ses prothèses simulant le vieillissement, un conducteur de camion a failli le heurter. Il ne s’est pas arrêté au passage piétonnier le plus visible du centre-ville (au coin de De Bigarré et de la Gare).

Affligée d’une vision «périphérique», la présidente de la Commission scolaire des Bois-Francs, Paulette S. Rancourt a, elle aussi, dû mesurer ses pas sur le trottoir. Elle a remarqué que si des gens se montrent secourables, d’autres laissent les portes se refermer brutalement sur une personne handicapée.

Expérimentant aussi les prothèses de vieillissement, Marilaine Pinard Dostie de l’Office des personnes handicapées a heureusement pu se reposer fréquemment sur le déambulateur qu’on lui avait fourni. Parce que les bancs pour faire la pause ne sont pas nombreux au centre-ville, a-t-elle observé.

Reste que la porte-parole de l’Office a félicité la Ville de Victoriaville de s’être dotée d’une politique d’accessibilité universelle il y a 15 ans. Elle a dit que Victoriaville était, en ce domaine, une référence au Québec.

L’activité a pris fin par un dîner au Luxor et où plusieurs ont «abandonné» leur encombrant handicap… Lors du bilan, on a également noté que si la simulation du handicap s’était bien passée, c’est souvent qu’on avait eu l’aide d’un «guide».