«La conduite avec les capacités affaiblies n’est jamais une option»

VICTORIAVILLE. Lise Lebel a vécu un drame atroce il y a cinq ans. Le 3 mai 2010, cette maman a perdu sa fille unique, Katherine Beaulieu décédée dans une collision à l’âge de 21 ans, victime de l’alcool au volant. Cette mère a livré, mercredi matin, un percutant témoignage aux élèves de cinquième secondaire des écoles de la Commission scolaire des Bois-Francs venus assister à la septième simulation d’un accident mortel en lien avec l’alcool et les drogues.

«Mon objectif principal, a dit Lise Lebel, est de réussir à vous convaincre que la conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool ou les stupéfiants ne peut jamais être une option. Chaque fois que quelqu’un prend ce risque, il choisit de changer les règles de vie, car trop souvent, il se dit convaincu que cela n’arrive qu’aux autres.»

Cette mère éplorée a fait valoir que certains, malheureusement, tentent de justifier «ces comportements irresponsables».

Pourtant la solution demeure très simple, selon elle. «Ne jamais prendre le volant quand il y a un risque d’avoir les capacités affaiblies. Nous sommes des gens évolués. Nous sommes conscients que chacune de nos décisions peut automatiquement influencer la vie d’une autre personne», a-t-elle fait valoir.

Rester debout malgré tout

Le 3 mai 2010, la vie d’une jeune femme de 21 ans a été fauchée en raison d’un geste criminel. «Katherine était ma fille unique. Elle restera à tout jamais le plus grand amour dans ma vie, a-t-elle exprimé. J’ai fait le choix de pleurer ma peine en restant debout. Je dois demeurer debout pour Katherine et être forte pour elle et moi. Je vais rester debout tant que je le pourrai, car il y a tant d’autres familles qui ont vécu la même chose et qui n’ont pas eu la force de rester debout pour expliquer tout ce que ça peut occasionner une perte comme celle-là.»

En demeurant debout, Lise Lebel souhaite faire une différence en dénonçant «le manque de jugement et de respect de certains qui, par leurs comportements, risquent la vie des gens tous les jours».

Souffrance extrême

Le 3 mai 2010, la vie de Katherine Beaulieu a été bafouée, réduite au silence. «Elle a été surprise à prendre sa dernière respiration sans avoir la chance de plaider sa cause», a souligné sa maman qui a rappelé, aux élèves, «ce moment maudit», quand, à 22 h, deux policiers ont cogné à sa porte pour lui annoncer la terrible nouvelle. «Ces policiers, des êtres humains, peut-être des pères de famille, semblaient impuissants, fragiles. À l’annonce du décès de ma fille, c’est comme si un courant foudroyant me traversait le corps, arrachant tout sur son passage. Je n’ai pas pleuré, j’ai hurlé toute la souffrance de mon corps, a indiqué Lise Lebel. Je me suis écroulée, j’étais sans mot, sans vie, mais surtout sans avenir.»

La suite s’annonçait tout autant difficile avec l’identification de sa fille. «Ce soir-là, j’aurais signé n’importe quel pacte avec n’importe qui pour qu’elle reprenne son souffle, a-t-elle déclaré. J’avais l’impression de m’enfoncer dans un gouffre où la noirceur nous aspire et que rien ne pourrait faire en sorte que je puisse, un jour, remonter à la surface.»

Ce soir-là, la mère a fait ses adieux à sa fille. «Je suis repartie avec un vide profond qui, depuis, n’a jamais été comblé», a-t-elle confié, tout en ajoutant qu’elle n’aura jamais un futur avec elle, qu’elle ne réalisera pas de projets avec elle, qu’elle ne prendra jamais ses petits-enfants dans ses bras et qu’elle ne vivra pas une tendre vieillesse à ses côtés.

Le pouvoir de changer les choses

Pour Lise Lebel, il demeure difficile de comprendre pourquoi le drame s’est produit et la raison du geste criminel posé. En fait, a-t-elle dit, il faut seulement se souvenir.

«Se souvenir que depuis, plusieurs familles ont dû traverser cette épreuve inacceptable, se souvenir que des centaines de vies ont basculé à cause d’un grand manque de conscience et de respect. Se souvenir que Katherine a déjà existé et qu’elle aussi avait le droit de vivre ses rêves dans cette vie. Et souvenez-vous surtout, a-t-elle lancé, qu’on a tous le pouvoir de changer les choses. Changer notre comportement face à notre conduite automobile, changer nos habitudes de consommation. Et dans notre quotidien, c’est prévoir notre retour à la maison de façon sécuritaire quand on pense consommer.»

La drogue au volant

Cette année, la simulation, préparée par la Sûreté du Québec du poste de la MRC d’Arthabaska, présentait une collision mortelle causée par un conducteur ayant les capacités affaiblies par la drogue.

«On a choisi cet aspect pour démontrer aux jeunes qu’un conducteur ayant consommé des stupéfiants peut se faire prendre. Il existe maintenant des tests. On a des agents évaluateurs formés pour détecter les contrevenants», a fait savoir le lieutenant Cédrick Brunelle, directeur par intérim du poste de la MRC d’Arthabaska.

Au cours de la simulation d’ailleurs, l’agent Yannick Connolly, grand responsable de l’activité, expliquait à l’auditoire ce qui se passait devant eux, notamment les tests qu’administrait l’agent évaluateur Tommy Robitaille au conducteur impliqué.

L’officier qualifie, une fois de plus, la simulation de belle réussite. «C’est à répéter chaque année pour démontrer aux jeunes ce qui peut survenir avec la drogue ou l’alcool», a-t-il précisé.

Le lieutenant Brunelle se réjouit de constater que depuis les débuts de la simulation en 2009, aucun événement malheureux ne s’est produit au cours de la période des bals de finissants. «Et on souhaite que ça puisse continuer ainsi, a-t-il dit aux élèves. Nous voulons que votre bal demeure un beau souvenir dans votre mémoire sans événement malheureux. On vous invite à planifier à l’avance vos déplacements. Il existe tellement de moyens, les taxis, un parent, un chauffeur désigné. On a besoin de vous, vous êtes la relève de demain. On veut vous faire prendre conscience du pouvoir que vous avez sur votre vie et sur celles des autres, et vous rappeler qu’un geste de votre part peut impliquer plusieurs vies.»

Les responsables de la simulation ont remercié les partenaires, les pompiers de Victoriaville, les paramédics d’Urgence Bois-Francs, Bouchard service routier et le Salon funéraire Bergeron et fils, qui rendent possible la présentation de l’activité au Colisée Desjardins.