Jhoane Villeneuve ose témoigner

VICTORIAVILLE. Pas évident de raconter qu’on a vécu ou qu’on vit avec une personne atteinte de maladie mentale. Les préjugés sont souvent forts et font en sorte que les gens s’abstiennent tout simplement. Jhoane Villeneuve, elle, souhaite partager son vécu et c’est ce qu’elle fait en lançant son livre-témoignage intitulé Dans le tourbillon de la maladie mentale, un héritage aigre-doux.

Réalisé en collaboration avec l’association le P.A.S (qui offre aide et soutien aux parents et amis de personnes atteintes de maladies mentales), le livre se veut un partage sur la vie de l’auteure, mais surtout un moyen de redonner de l’espoir à ceux et celles qui vivent de près ou de loin avec la maladie mentale.

C’est l’intervenante de l’association, Judith Laurendeau, qui a décelé chez Mme Villeneuve sa force d’écriture. Cette dernière était ouverte à essayer d’écrire, sans objectif au départ. La qualité d’écriture et la facilité à se dévoiler avec ce moyen d’expression ont rapidement fait surface ce qui a amené le projet plus loin. «J’ai toujours écrit, mais ça restait dans le fond du tiroir. J’ai commencé à écrire simplement pour voir ce que ça donnerait», confie-t-elle.

L’intervenante lui donnait un retour sur ses écrits et lui faisait des suggestions pour enrichir le texte. C’est ainsi que, petit à petit, le but de l’exercice, qui est d’aider les familles, s’est précisé.

«J’espère qu’elles vont se reconnaître à travers mes écrits. Je veux leur dire que c’est difficile de vivre avec une personne atteinte de maladie mentale et qu’il faut demander de l’aide», insiste-t-elle.

Jhoane, elle-même, y a eu recours et a pu cheminer grâce à l’organisme. C’est d’ailleurs grâce à ce cheminement qu’elle est en mesure, aujourd’hui, de témoigner de son expérience et des difficultés qu’elle a eu à traverser.

«J’ai mis mes tripes sur la table avec ce livre et ça m’a fait du bien de recontacter ce passé souffrant, d’où l’héritage aigre-doux», explique l’auteure.

Mme Villeneuve a changé les noms des personnages de son livre, mais avoue tout de même que c’est son histoire qu’elle raconte. «Du moins ma perception des choses», précise-t-elle.

Il lui a été difficile d’accepter la publication du livre parce que ce qu’elle raconte implique des gens autour d’elle qui ne sont pas nécessairement prêts à voir leur histoire étalée au grand jour. D’ailleurs, c’est toujours avec ces gens en arrière-pensée qu’elle a écrit son livre. Tout est donc traité avec le plus grand respect.

«Avec l’association le P. A.S., j’ai appris à me déculpabiliser, à mettre des limites et surtout à voir la personne atteinte de maladie mentale avec ses qualités et ses défauts. Bref, à faire la différence entre la personne et la maladie», souligne-t-elle.

Une façon d’en parler

La directrice de l’association, Nathalie Tremblay, a expliqué qu’elle était toujours à la recherche de moyens de parler de maladie mentale. «Nous n’avons pas souvent des personnes qui sont prêtes à en parler ouvertement. Donc, dans tout le processus, Mme Villeneuve est devenue une partenaire.»

L’auteure a été très courageuse d’oser signer son vrai nom et de mettre sa photo, elle qui avait songé à utiliser un pseudo et éviter la photo. «J’ai cheminé tout au long d’écriture. Je n’accuse personne dans le livre. Je ne fais qu’apporter mon expérience», note-t-elle.

Le lancement officiel du livre aura lieu le jeudi 7 mai de 17 h à 19 h à la Place 4213. Tous sont invités à y assister. Il suffit de confirmer sa présence avant le 1er mai au 819 751-2842 ou par courriel à lepas@cdcbf.qc.ca.

Mme Villeneuve présentera son livre au congrès de la FFAPAMM (Fédération des Familles et Amis de la Personne Atteinte de Maladie Mentale). Qui sait, elle aura peut-être aussi l’occasion de faire des conférences pour raconter son parcours et montrer qu’il est possible de reprendre le pouvoir sur sa vie.

Son livre sera en vente à la boutique cadeau de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska et pour chaque livre vendu à cet endroit, 5 $ seront remis à la Fondation HDA. On pourra aussi se procurer le livre à l’association le P.A.S. et 5 $ par vente sera remis à l’organisme.