Pornographie juvénile : Goyette derrière les barreaux

VICTORIAVILLE. La Couronne réclamait deux ans d’emprisonnement. La défense, pour sa part, suggérait un an de prison. Le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec a tranché, en fin de journée, vendredi, en condamnant Serge Goyette de Sainte-Anne-du-Sault à 15 mois de détention.

En retranchant la détention provisoire, l’homme de 63 ans doit donc purger une peine de 13 mois et 10 jours.

En avril dernier, Goyette, tout comme son conjoint, le coaccusé Edgar Crochetière, avait reconnu sa culpabilité à des accusations de possession de matériel de pornographie juvénile et d’avoir produit, imprimé ou publié ce type de matériel.

Les deux individus ont été arrêtés le 23 avril 2013 dans leur résidence. La preuve a révélé que Goyette avait en sa possession 200 photographies et 73 films de pornographie juvénile, tandis que Crochetière, lui, 9830 images et vidéos.

Le juge Langelier a exploré le rapport présentenciel pas très positif à l’égard du sexagénaire qui tend à banaliser ce type de criminalité. «Sa conscientisation est déficiente vis-à-vis la pornographie juvénile. Il estime qu’il n’est pas criminel d’en visionner en privé. Il fait preuve d’une faible remise en question. Il n’a montré que peu d’intérêt pour la confection du rapport, même s’il a offert une bonne collaboration, rapport qui laisse entendre un risque de récidive assez important», a indiqué le magistrat.

Dans son jugement, le président du Tribunal a rappelé que la possession de pornographie juvénile contribue à l’exploitation des enfants. «Les enfants ont besoin d’être protégés. On ne peut en faire des partenaires sexuels. Ce sont de sérieuses infractions, a-t-il souligné. Chaque image rappelle que cet enfant existe et qu’il est victime de mauvais traitements. Ces enfants vivent un outrage à leur dignité.»

«L’accusé n’a peu conscience et ne peut comprendre le tort causé. Il s’agit d’une exploitation éhontée des enfants», a précisé le juge.

Ce dernier a aussi apporté une nécessaire distinction entre la possession et la production de matériel de pornographie juvénile. Dans le cas de Serge Goyette, il a gravé sur des CD le matériel qu’il téléchargeait sur Internet. «Nous n’avons aucune preuve à l’effet qu’il ait alimenté d’autres pédophiles, distribué ou échangé son matériel. Sa production s’apparente plutôt à la possession à des fins personnelles», a indiqué le juge Langelier qui a retenu, comme facteurs aggravants, le contenu troublant du matériel, la durée dans le temps des infractions, le rapport présentenciel peu favorable, sa faible conscientisation et un certain risque de récidive.

Le magistrat a considéré, par ailleurs, comme facteurs atténuants, son plaidoyer de culpabilité, la quantité de matériel peu importante en regard de ce qu’on peut voir habituellement, sa collaboration, le fait qu’il n’ait pas alimenté un réseau et le respect de ses conditions de remise en liberté.

En plus de la détention, puisqu’il en est à son second délit en matière sexuelle, son nom figurera à perpétuité au registre des délinquants sexuels. En 2000, il avait été condamné à 20 mois de prison à purger dans la collectivité pour avoir eu des contacts sexuels avec une personne mineure.

Serge Goyette devra aussi fournir un échantillon d’ADN. La Cour le soumet à une période de probation de trois ans avec un suivi de 18 mois.

Au cours de cette probation, le résident de Sainte-Anne-du-Sault devra observer certaines conditions, celles notamment de ne pas utiliser un ordinateur ni accéder à Internet.

Le Tribunal a dit s’attendre aussi à ce que l’individu se soumette à une thérapie spécialisée.

Enfin, concernant le coaccusé Edgar Crochetière, il reviendra en Cour le 27 mars. Son avocat Me Guy Boisvert ira de sa plaidoirie, la poursuite ayant déjà complété cette étape des procédures.