Accident mortel : les représentations sur la peine ont débuté pour Michael Dufour

VICTORIAVILLE. Les représentations sur la peine ont commencé en matinée, mercredi, au palais de justice de Victoriaville dans le dossier de Michael Dufour, 22 ans, impliqué dans un accident qui a coûté la vie, le 1er juin 2013, à son ami Frédérick D’Amour, un jeune âgé de 21 ans.

En septembre dernier, l’accusé a reconnu sa culpabilité à une accusation de conduite dangereuse causant la mort et à une accusation de possession de stupéfiants en vue de trafic.

À la suite du tragique accident, trois petits sacs de plastique, contenant 91 g de cannabis, avaient été retrouvés dans la voiture que l’accusé venait d’acquérir le jour même.

Devant le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Maxime Laroche, a exposé les faits survenus vers 0 h 15, le 1er juin 2013, sur la route de la Grande-Ligne à Victoriaville.

Michael Dufour, avec trois autres amis à bord, venait de quitter le parc Terre-des-Jeunes pour faire l’essai de la nouvelle voiture de l’accusé.

«Le groupe circulait en direction nord. M. Dufour avait indiqué, avec son clignotant, son intention de tourner à gauche sur le rang Parizeau. Mais le véhicule qui suivait, conduit par Raphaël Valois, a effectué un dépassement dangereux, trouvant que le véhicule circulait lentement et qu’il mettait trop de temps avant de tourner. À partir de ce moment, on a assisté à un effet d’entraînement», a mentionné Me Laroche.

Ainsi, Michael Dufour, encouragé par ses passagers, aurait accéléré pour aller rejoindre le véhicule de Raphaël Valois, vraisemblablement pour qu’il s’immobilise, et pour discuter avec le conducteur.

Michael Dufour, filant à environ 120 ou 140 km/h, a dépassé, à son tour, le véhicule de Valois pour ensuite freiner devant lui. Ce dernier a entrepris de dépasser, de nouveau, Michael Dufour qui a alors accéléré pour tenter de l’en empêcher. «La vitesse estimée, a ce moment, est de 160 km/h», a précisé le représentant du ministère public.

Puis, Raphaël Valois a donné un coup de volant, pour une raison non déterminée avec certitude. Paniqué, Michael Dufour a lui aussi donné un coup de volant, entraînant le dérapage et une violente embardée. «L’impact a été violent. Après avoir heurté le fond du fossé, le véhicule a rebondi sur la chaussée. La victime, seule personne qui n’avait pas bouclé sa ceinture, a été éjectée par une fenêtre arrière. Le jeune homme a été grièvement blessé. Son décès a été constaté le matin, vers 7 h, au Centre hospitalier régional de Trois-Rivières», a relaté Me Laroche.

Rage au volant?

Cette triste affaire, dans l’esprit du procureur de la poursuite, ressemble à un cas de rage au volant. «Je considère qu’il s’agit, ici, d’un peu de rage au volant», a-t-il fait valoir.

«Une escalade de gestes téméraires de part et d’autre, des gestes répréhensibles et dangereux qui ont mené à ce funeste accident», a souligné Me Laroche.

Les deux conducteurs reconnaissent les gestes posés et ils ont livré chacun une déclaration incriminante.

Le procureur de la poursuite évoque aussi «une certaine forme d’immaturité» chez les conducteurs impliqués. «C’est malheureusement un classique dans ces affaires. M. Dufour conduisait. Même s’il était influencé par ses passagers, il aurait pu agir autrement. On en voit tous les jours des comportements dangereux et inadéquats, a signalé Me Laroche. Si l’accusé n’avait pas accéléré, on n’en serait pas là aujourd’hui.»

Il y a certes eu une escalade, a reconnu le représentant de la poursuite. «Mais il n’y avait qu’un conducteur, M. Dufour, dans la voiture. Le permis de conduire constitue un privilège, et non un droit. Sur la route, disait ma grand-mère, il faut conduire pour les autres. C’est encore plus vrai quand on a des passagers», a confié le procureur qui a soulevé, du même souffle, un facteur aggravant, la vitesse.

«Une vitesse astronomique qui mettait en danger, non seulement sa vie, mais celle des autres à proximité. M. Dufour était le seul à contrôler cette bombe à 160 km/h. Il a même confié qu’il ne pouvait plus accélérer, qu’il avait le pied au plancher. Même si les passagers l’ont encouragé, personne d’autre que lui ne conduisait», a ajouté Me Laroche.

Ajournée pour le dîner, l’audience reprend à 14 h.

Rappelons que dans cette affaire, l’autre conducteur, Raphaël Valois, a été condamné, il y a près d’un an (le 27 février 2014), à une peine de deux ans de prison, à une interdiction de conduire pendant quatre ans et à une probation de trois ans, après avoir reconnu sa culpabilité aux accusations de conduite dangereuse causant la mort et de conduite avec les capacités affaiblies par la drogue.

«Au moment de l’accident, M. Valois revenait du travail et il avait consommé des méthamphétamines», a noté le représentant du ministère public.