PME sur le Net : tous n’ont pas le bolide

VICTORIAVILLE. Difficile, reconnaît Patricia Normand de la MRC d’Arthabaska, d’obtenir un portrait précis des conditions de connexion au Net des entreprises situées en milieu rural. On sait, dit-elle, que depuis cinq ans, le gros des propriétés du territoire de la MRC d’Arthabaska a accès à l’Internet. «De façon générale, on peut dire que les besoins domestiques de base ont été comblés.»

Le dossier «Internet à deux vitesses» qu’a publié le journaliste Julien Brault dans Les Affaires révèle que toutes les entreprises québécoises, même dans des secteurs montréalais, ne disposent pas d’une connexion à très grande vitesse (au moins 100 Mbit/s), désormais considérée comme étant la «norme» d’excellence en entreprise.

Les données les plus récentes (2011) d’Industrie Canada montrent que sur le territoire des 23 municipalités de la MRC d’Arthabaska, la desserte diffère énormément d’un lieu à l’autre.

Selon ces données, c’est le territoire de Victoriaville qui serait le mieux desservi, alors que seulement 0,03% de sa population n’aurait pas accès à la très grande vitesse. Et c’est Saint-Samuel qui occuperait le dernier rang du peloton, alors que la majorité de sa population (96,24%) serait, en ce sens, mal desservie.

Chargée de projets à la MRC d’Arthabaska, Mme Normand rappelle que tous les centres administratifs des municipalités sont désormais reliés par fibre optique. Le réseau peut être bonifié et d’autres propriétés peuvent, éventuellement, s’y brancher. «Mais c’est vraiment une affaire de cas par cas», précise-t-elle.

On a pu savoir que, de façon générale, il en coûtait 15 000 $ du kilomètre pour déployer de la fibre, facture à laquelle il faut ajouter des frais d’entretien annuels de 550 $. Pour une municipalité voulant par exemple relier un rang de 8 kilomètres habité par 25 maisons, il en coûterait 4800 $ par propriété. C’est l’offre qui a été faite en décembre dernier par la MRC d’Arthabaska à certaines municipalités, dont Saint-Samuel.

Là, justement, se trouve l’entreprise Puitbec qui ne dispose pas d’une connexion à très grande vitesse, mais qui n’en a pas vraiment besoin puisqu’il fait ses affaires à partir de ses bureaux de Victoriaville, soutient Simon Massé.

Commissaire industriel à la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), Richard Croteau dit, justement, que de gros efforts ont été consentis, par Sogetel notamment, pour déployer de la fibre là où les gros joueurs n’allaient pas. De sorte que les principaux centres industriels de la MRC ont accès à une connexion très haute vitesse. C’est le cas à Victoriaville, à Sainte-Anne-du-Sault et à Daveluyville, par exemple. «Oh, oui, on est sur l’autoroute!», disent les maires Ghyslain Noël et Antoine Tardif… mais juste d’un côté, puisque le réseau de Sogetel ne se rend pas vers Maddington.

D’autres exclamations ravies fusent de Chesterville. «Nous savons que nous ne sommes pas comme le commun des mortels!», s’exclame Sébastien Deshaies du Groupe Anderson à Chesterville, l’entreprise disposant, par Vidéotron, d’une connexion à très grande vitesse. Selon les statistiques d’Industrie Canada, 66% de la population de cette municipalité n’ont en effet pas accès à ce type de branchement.

Un autre coup de sonde, un peu plus loin, démontre que tous n’ont pas un bolide pour naviguer sur le Net, alors qu’à la Cité écologique de Ham-Nord, on doit travailler avec une connexion beaucoup plus lente. Trois des neuf entreprises de l’écovillage font pourtant du commerce électronique.

Plusieurs facteurs influent sur la desserte, le relief et la couverture boisée ou non des lieux, la densité de population, le type de services offerts par les fournisseurs, conclut Patricia Normand.

En marge du dossier du journaliste Julien Brault, vous pouvez découvrir le portrait de votre région en cliquant le http://www.lesaffaires.com/techno/internet/une-cartographie-de-l-acces-a-internet-haute-vitesse/576202.