Joël Poliquin a menti, affirme la plaignante

VICTORIAVILLE. Au départ, la jeune femme ne souhaitait pas porter plainte. Si elle a dénoncé, a noté la plaignante, c’est pour rétablir les faits. Dans son témoignage, la jeune femme, âgée d’une trentaine d’années, a soutenu que Joël Poliquin a menti lors de son premier procès pour lequel il a été acquitté en décembre 2013.

Le second procès du réputé musicien, ex-professeur et ex-directeur adjoint de la polyvalente La Samare, Joël Poliquin, a pris son envol en matinée, mercredi, au palais de justice de Victoriaville.

Poliquin fait face à une accusation d’attouchements sexuels par une personne en situation d’autorité en raison de gestes qu’il aurait posés en 1998 alors qu’il était enseignant de musique à l’école secondaire Monique-Proulx de Warwick.

La plaignante a raconté avoir décidé de porter plainte au moment où l’accusé subissait son premier procès. Elle a dénoncé, a-t-elle dit, pour rétablir les faits. «J’ai lu dans les médias locaux, sur Internet, la façon dont Joël semblait décrire la présumée victime qui fabulait, selon lui. Il disait n’avoir jamais couché avec une étudiante. Mais je savais que c’était un mensonge. Il a déjà couché avec une étudiante, moi», a-t-elle souligné.

Elle dit avoir remarqué, dans le témoignage de Poliquin, «qu’il semblait y avoir des attaques personnelles contre la présumée victime». «Son témoignage perdait de la crédibilité, a-t-elle ajouté en contre-interrogatoire. Moi, je suis entrée dans la relation pleinement consentante. Je n’avais pas l’intention de le dénoncer puisque je ne me sentais pas comme une victime. Je ne me sentais aucunement manipulée. Mais je suis ici pour démontrer qu’il a eu des relations sexuelles avec une étudiante.»

Les faits présumés

Interrogée par Me Ann Marie Prince, procureure aux poursuites criminelles et pénales, la jeune femme a raconté avoir fait toutes ses études secondaires à Warwick. Et Joël Poliquin a été son professeur durant les cinq années.

La plaignante admet un rapprochement avec son prof de musique dès le troisième secondaire. Elle avoue un échange avec une amie, une confidente, où les deux étudiantes disaient trouver l’enseignant attirant. «Je n’aurais pas dit non à une relation. Mais je n’aurais pas poussé en ce sens parce que je savais que c’était illégal et immoral. Toutefois, ça a fini par se rendre là», a-t-elle indiqué.

Ce qui l’a amenée à relater la première relation complète survenue à l’école secondaire. «On avait de parler de tout et de rien, de sexe notamment. Je lui ai raconté les propos tenus avec ma confidente. Puis, c’est vague. Je ne me souviens pas qui a fait quoi, qui a initié le premier mouvement. Mais tout s’est passé dans le respect. Je n’ai pas été forcée. Il y a eu une relation complète. Il a cependant éjaculé sur mon t-shirt. À ce moment, je me sentais bien, a-t-elle confié en réponse à Me Prince. Je ne me suis pas sentie manipulée. J’étais pleinement consentante. D’ailleurs, ce n’était ni ma première relation, ni mon seul partenaire.»

Les relations seraient survenues, pour la plupart, au local de musique dans le bureau de l’enseignant, selon la jeune femme. Difficile d’établir la fréquence, mais des contacts sexuels, attouchements, fellations, baisers, il pourrait y en avoir eu de deux à trois par semaine.

La plaignante estime qu’en trois mois, entre mars et juin 1998, elle aurait eu cinq ou six relations complètes avec l’accusé, faisant aussi état, à une occasion, d’une expérience à trois.

Sa relation avec Joël Poliquin aurait continué jusqu’au début de l’été 1999. «À ce moment, je me suis fait un copain. J’ai avisé Joël que je n’étais plus à l’aise de continuer. S’il était à l’aise de tromper sa femme, moi, je ne l’étais pas de tromper mon chum».

Le contre-interrogatoire de la jeune femme par l’avocat de Joël Poliquin, Me Guy Boisvert, se poursuivra dès 14 h.

Premier témoin

Ce second procès de l’ex-enseignant a débuté avec le témoignage du sergent Gilbert Lemelin, l’enquêteur au dossier.

L’enquêteur a d’abord fait savoir qu’une lettre anonyme, reçue en juin 2011 au poste de la SQ, avait été le point de départ de l’enquête policière.

«On ne sait toujours pas qui a écrit cette lettre, mais elle faisait état de gestes à connotation sexuelle sur des étudiantes, sur trois victimes potentielles», a précisé le policier.

L’enquête Lemelin a rencontré la plaignante pour la première fois le 8 février 2012. «Elle ne voulait pas s’impliquer dans le processus judiciaire», a-t-il souligné.

Mais la jeune femme a changé d’idée. Elle a contacté le policier en octobre 2013. Une nouvelle rencontre avec l’enquêteur a ensuite été tenue en mars 2014.

Le 12 mai, la SQ a obtenu un mandat pour effectuer des photos et croquis à l’école secondaire Monique-Proulx. Un technicien s’y est rendu avec l’enquêteur Lemelin le 21 mai.

Puis, le 5 juin 2012, les policiers ont procédé à l’arrestation de Joël Poliquin,