Alanine : Gauthier connaîtra son sort en mars

VICTORIAVILLE. Le Drummondvillois Martin Gauthier saura, le 20 mars, s’il purgera une peine ferme d’emprisonnement ou une peine dans la collectivité. La juge Dominique Slater de la Cour du Québec a décidé de s’accorder une période de réflexion après avoir entendu, en matinée lundi, les représentations des deux parties au palais de justice de Victoriaville.

Arrêté relativement l’opération Alanine, l’homme de 34 ans a reconnu sa culpabilité à deux chefs d’accusation, une accusation de complot en vue de trafic et une accusation de trafic de stupéfiants.

«M. Gauthier était un vendeur de stupéfiants pour Mario Martel, un membre de Devils Childs», a indiqué le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Éric Côté, tout en précisant qu’aucune saisie ni aucune perquisition n’ont été effectuées à son domicile.

Le représentant du ministère public a réclamé au Tribunal une peine ferme d’un an de détention assortie d’une période de probation de deux ans.

«Le rapport présentenciel montre que l’accusé a fait de grands efforts, a reconnu Me Côté. Mais on parle de trafic d’une drogue dure, la cocaïne. La dénonciation doit primer en pareille matière et se traduire par un emprisonnement ferme.»

Comme facteur aggravant, le procureur de la poursuite a aussi fait valoir que l’accusé connaissait la nature de l’organisation, qu’il vendait au profit ou en association avec une organisation criminelle. «Monsieur savait aussi que la cocaïne et les méthamphétamines causent des torts immenses à la société», a précisé le procureur.

«J’ai repris ma vie en main»

Le Drummondvillois a témoigné pour sa défense, affirmant qu’il avait déjà «changé de vie» au moment de son arrestation.

«J’avais déjà entrepris de changer de vie parce que j’étais rendu au pied du mur. Je n’entrevoyais aucune sortie dans ce milieu. J’ai repris ma vie en main», a confié le père de deux jeunes enfants qui occupe un emploi stable depuis huit ans.

«J’ai mis fin à cette vie-là, a-t-il ajouté. Et je vois plus ces gens-là.» L’homme reconnaît qu’il avait fait un très mauvais choix en 2006. «Mais aujourd’hui, je suis fier de moi, fier de ce que je fais. Rien n’est plus important que ma famille et mon travail», a-t-il soutenu.

Son avocat, Me Denis Lavigne, a invité la juge Slater à considérer, dans sa décision, que l’homme avait reconnu sa culpabilité, qu’il est sincère et qu’il a complètement changé de vie. «On a affaire à un bon travailleur. Il a vécu une période de consommation quotidienne de stupéfiants à la suite d’un accident de travail. Il a vendu des stupéfiants pour diminuer les coûts de sa consommation. Il en prend l’entière responsabilité et il reconnaît qu’il s’agit d’un fléau important. Et au moment de son arrestation, il avait déjà mis fin à ses activités illicites», a plaidé le criminaliste soulignant aussi que sa réhabilitation sociale «complète et définitive» doit être considérée. «Et M. Gauthier se valorise maintenant dans deux sphères : le travail et la famille. Il ne présente pas un risque. Sa période de délinquance se limite dans le temps», a observé Me Lavigne qui a demandé l’imposition d’une peine d’emprisonnement à purger dans la collectivité.

Martin Gauthier a aussi profité de l’occasion offerte par la juge Slater qui lui demandait s’il avait quelque chose à ajouter. «Je regrette tout, je regrette le tort causé, mais j’ai tout mis en œuvre pour changer. J’ai vraiment changé, a-t-il dit. Une peine ferme de prison causerait un grand tort à ma famille puisque j’en suis le principal revenu.»

Le projet Alanine

La Sûreté du Québec a mis sur pied le projet Alanine à la suite de l’opération SharQ dans le but de démanteler deux cellules de distribution de stupéfiants dans les secteurs de Drummondville et de Victoriaville qui relevaient du groupe Devils Childs, affilié au chapitre montréalais des Hells Angels.

L’enquête policière s’est échelonnée sur quatre ans, menant à des perquisitions en 2007, puis l’arrestation de plus d’une vingtaine d’individus, en deux vagues, en juin et en novembre 2009.

Le groupe, selon le ministère public, avait recours à la violence et à l’intimidation pour conserver le contrôle sur la vente de stupéfiants.

Le projet Alanine a permis aux policiers de saisir notamment du cannabis, de la cocaïne et des méthamphétamines, de même que des chandails et objets à l’effigie des Hells Angels, mais aussi des articles à l’image des Devils Childs.

En novembre 2013, plusieurs accusés, ayant reconnu leur culpabilité, ont été condamnés à des peines de 24, 28, 36 et 48 mois de pénitencier.

Plus récemment, en mai 2014, à la suite d’un procès de trois mois devant jury, deux autres accusés, Stéphane Allie et Stéphane Thibault, ont été condamnés respectivement à des peines de six ans et de cinq ans d’emprisonnement.