«Un calvaire de moins» pour Patrick Desautels

DRUMMONDVILLE. Patrick Desautels, le père des trois enfants tués par Sonia Blanchette, aura «un calvaire de moins à vivre» avec la mort de la mère de ses enfants, qui aura pour effet d’annuler le procès.

C’est l’expression qu’a empruntée Michel Surprenant qui a été un «coach» pour Patrick Desautels dès les premiers jours après le drame qui s’est déroulé dans un logement de la rue Turcotte le 12 décembre 2012.

Michel Surprenant est le père de Julie Surprenant disparue sans laisser de traces, le 16 novembre 1999.

«L’annulation du procès qui allait suivre est une délivrance pour Patrick. Ce sera un calvaire de moins à vivre pour lui», a confié Michel Surprenant lorsque L’Express l’a joint ce matin.

«Je lui ai parlé à 8 heures ce matin et Patrick a maintenant un certain recul. Il est fort et reste debout. Il n’est pas du genre à faire étalage de ses émotions en public. Il voit les choses assez froidement. Il pourra tourner la page et passer à autre chose. Le pire des ennemis dans ce genre de situation, c’est les émotions», a-t-il fait valoir.

Selon lui, le battage médiatique, qui est incontournable, peut être bénéfique «en ce sens qu’il permet quelque part d’exorciser. Mais après, lorsque ça cesse, il ne reste que les proches pour vous entourer. Et après un certain temps encore, vous vous retrouvez seul avec vous-même. Moi, dans mon cas, j’ai été privilégié, car j’ai pu partager avec beaucoup de gens sans les envahir», a-t-il fait observer.

Il ajoute que la grève de la faim qui a mis fin aux jours de Sonia Blanchette est une autre preuve qu’elle était aux prises avec un problème de santé mentale. «C’était un problème qui était sous-jacent et qui s’est développé au fil du temps. Elle n’acceptait pas la réalité», s’est-il dit d’avis.

Michel Surprenant estime qu’il est injuste de jeter le blâme sur la mère de Sonia Blanchette qui devait effectuer un travail de supervision le jour du drame. On sait qu’elle s’est absentée un certain moment, le temps que la mère prenne la vie de ses enfants. «Les parents sont mal placés pour juger leurs enfants, ayant tendance à les surestimer. Une ressource extérieure aurait été préférable.»

Question de vigilance

Pour ce bout de l’histoire, les enfants semblent plutôt avoir échappé à la vigilance des tribunaux, comme l’avait soulevé l’émission Enquête de Radio-Canada.

Le reportage de Pasquale Turbide, diffusé en mars 2013, indiquait ceci : Sonia Blanchette empêchait régulièrement le père de voir ses enfants. En janvier 2011, elle est partie en Gaspésie avec les enfants sans l’avertir et sans laisser d’adresse. Ne sachant plus vers qui se tourner, Patrick Desautels a contacté la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). «Je ne peux pas déposer une requête pour outrage au tribunal, on ne sait pas où elle est. Ça va donner quoi? Absolument rien. La police ne peut rien faire, puis la DPJ m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire. Au bout de la ligne, tout ce que j’ai à faire, moi, c’est me morfondre chez nous, puis attendre», avait-il expliqué. La DPJ n’a pas retenu son signalement, parce que le père ne pouvait pas affirmer avec certitude que ses enfants étaient en danger. Six semaines plus tard, lorsque Sonia Blanchette est revenue de Gaspésie, elle a conservé la garde partagée.

Cet épisode est survenu presque deux ans avant la tragédie.