Accident mortel : Geneviève Lemay reconnaît sa culpabilité

VICTORIAVILLE. Comme son avocat Me Guy Boisvert l’avait indiqué en septembre, Geneviève Lemay, 36 ans, une ex-résidente de Princeville, a décidé, lundi après-midi, de régler ses comptes avec la justice relativement à une collision mortelle qui a coûté la vie à son fils de 10 ans, le 19 janvier 2013, sur la route 116 à Victoriaville. Un rapport présentenciel a été demandé. Les représentations sur la peine se feront le vendredi 26 juin,

L’accusée faisait face, au départ, à 12 chefs d’accusation, des chefs d’accusation qui se recoupaient, a souligné le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Anthony Cotnoir.

Geneviève Lemay a finalement plaidé coupable à une accusation de conduite avec les capacités affaiblies (conduite avec plus de 80 mg par 100 ml de sang) causant la mort et de conduite avec les capacités affaiblies causant des lésions à deux personnes, dont un bébé de 18 mois qui a subi des fractures au visage.

Sept autres chefs d’accusation ont fait l’objet d’un arrêt des procédures et un acquittement a été prononcé sur deux autres chefs.

Exposé des faits

Devant le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec, le procureur de la poursuite, Me Cotnoir a résumé le tragique événement survenu en fin d’après-midi le 19 janvier 2013.

Geneviève Lemay aurait quitté Princeville avec son garçon vers 15 h 45 pour aller rencontrer une amie. Elle circulait alors sur la route 116 en direction de Victoriaville. «Une citoyenne, à un moment, a remarqué l’accusée qui la suivait de près sur la route où la limite est fixée à 90 km/h, a relaté le représentant du ministère public. La citoyenne, elle, roulait à 80 km/h en raison des mauvaises conditions routières. L’accusée a ensuite effectué un dépassement et, selon le témoin, elle aurait louvoyé de gauche à droite, de telle sorte qu’elle s’est demandé si elle était en état d’ébriété.»

Peu de temps après, la dame a constaté la perte de contrôle, la voiture de l’accusée s’est retrouvée dans la voie inverse. Un véhicule utilitaire sport (VUS), qui s’en venait au même moment, a violemment percuté de façon latérale l’automobile de Geneviève Lemay. «L’impact a été violent. La voiture a été sectionnée en deux, tuant l’enfant sur le coup. Même s’il portait sa ceinture, la violence du choc l’a brisée, et le garçon a été projeté hors du véhicule», a raconté Me Cotnoir.

Dans le VUS, le conducteur a subi des fractures aux côtes. La passagère avant, elle, s’en est tirée avec des ecchymoses, tandis qu’un poupon de 18 mois, qui prenait place à l’arrière, a subi des fractures au visage. «Le dossier ne fait état d’aucune séquelle», a précisé le représentant de la Couronne.

La thèse de l’alcool au volant ne s’est confirmée, par ailleurs, qu’à l’hôpital. «C’est un médecin, ayant constaté une odeur d’alcool, qui a avisé les policiers. Ceux-ci ont obtenu un mandat pour l’obtention d’un échantillon sanguin. L’analyse, en tenant compte des délais, révèle que le taux d’alcoolémie, lors de la collision, se situait à au moins 93 mg (la limite étant de 80 mg d’alcool par 100 ml de sang)», a fait savoir Me Anthony Cotnoir.

L’expertise du véhicule de l’accusée ne révèle aucune défectuosité mécanique. «La boîte noire de la voiture indique une pointe de vitesse à 106 km/h, 5 secondes avant l’accident, vitesse réduite à 88 km/h, 1 seconde avant la collision. Ainsi, on peut conclure que l’accident est attribuable à une trop grande vitesse pour les conditions routières et à une diminution des capacités par l’alcool», a fait valoir le représentant du ministère public.

Geneviève Lemay n’avait jusqu’ici aucun antécédent judiciaire en plus de présente un dossier de conduite vierge. «Voilà pourquoi nous demandons la confection d’un rapport présentenciel pour que l’imposition d’une peine de façon juste et éclairée», a conclu Me Cotnoir.

En défense, Me Guy Boisvert a rappelé les mauvaises conditions météorologiques qui prévalaient au moment de la tragédie, de même que des conditions routières difficiles avec la présence d’une lame de neige au centre de la chaussée. «Vous comprendrez aussi que ma cliente est très affectée par les événements», a signalé l’avocat.

Le soutien des parents

Clément et Johanne Lemay, les parents de Geneviève, accompagnent leur fille dans cette épreuve et lui apportent son soutien.

L’accusée, avant la funeste collision, avait aussi perdu une petite fille de quelques jours en septembre 2012, décès attribuable au syndrome de mort subite du nourrisson.

À la sortie de la salle d’audience, ils ont témoigné de la longueur du processus judiciaire. «On est encore là-dedans et rien n’est encore réglé, a confié le père. Ça se poursuivra jusqu’en juin.»

Un tel drame bouleverse des vies, a confié Johanne Lemay. «Ça brise une vie. Elle l’a eu sa sentence. Elle n’a pas besoin d’en avoir davantage», a-t-elle souligné.

À la question à savoir s’ils pardonnent le geste de leur fille, Clément Lemay, émet un doute. «C’est difficile de pardonner ce dont on n’est pas certain. Est-elle vraiment en boisson? De plus, on le sait, nous sommes allés à l’hôpital ce jour-là. Les conditions de la route n’étaient vraiment pas belles», a-t-il exprimé.

Johanne Lemay, pour sa part, a pardonné à Geneviève. «Un accident, c’est un accident, mais au départ, je ne voulais pas. Je me disais qu’elle n’aurait pas dû prendre le volant. Mais aujourd’hui, je lui pardonne», a-t-elle confié.

Les parents tiennent enfin à ce que pareil drame puisse servir de sensibilisation et à prévenir l’alcool au volant. «Il faut que les gens apprennent que, conduire en état de boisson, ce n’est pas ce qu’il faut faire. On doit se faire reconduire», a mentionné Clément Lemay.

«Et quand les chemins ne sont pas beaux, il est préférable de rester chez soi. On n’est pas obligé de sortir», a ajouté la mère de l’accusée.