Pornographie juvénile : deux positions opposées dans le cas de Goyette

VICTORIAVILLE. Au palais de justice de Victoriaville, jeudi, lors des représentations sur la peine, la poursuite et la défense ont présenté au juge une position diamétralement opposée dans le dossier de Serge Goyette qui a plaidé coupable, en avril, de possession de pornographie juvénile et de production de ce type de matériel.

Le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Maxime Laroche, a réclamé au juge Bruno Langelier de la Cour du Québec une peine de pénitencier, à savoir 24 mois d’emprisonnement, tandis qu’en défense, Me Matthieu Poliquin, a proposé une peine de 12 mois dans une prison provinciale.

Le représentant de la poursuite a notamment motivé sa position par la quantité de matériel retrouvé, par l’antécédent judiciaire de l’homme de 63 ans condamné en 2000 à 20 mois de détention à purger dans la communauté pour abus sexuels sur de jeunes garçons.

L’individu, par ailleurs, ne semble pas éprouver de remords, selon lui.

L’avocat du résident de Sainte-Anne-du-Sault, Me Matthieu Poliquin, a expliqué, entre autres, que le Code criminel prévoit des peines plus sévères pour bien d’autres infractions, tout en faisant valoir l’importance pour la Cour d’éviter la passion et d’agir comme une justice populaire.

Le passé de son client, a-t-il évoqué, pourrait expliquer ses problèmes actuels avec la justice. «De l’âge de 3 à 8 ans, il a vécu des placements en foyers d’accueil. Il a subi un abus sexuel par un adulte à 12 ans. Il a éprouvé des problèmes de consommation de drogues à l’adolescence, sans compter une période d’hospitalisation», a précisé Me Poliquin.

Le plaidoyer de culpabilité et sa collaboration avec les autorités policières constituent, selon lui, des facteurs atténuants dont le Tribunal doit tenir compte.

Me Poliquin a aussi émis des réserves quant à la quantité de matériel, les 73 films et 200 photos qu’on impute à son client. Il a fait savoir, dans une certaine décision qu’il a déposée, qu’un policier avait qualifié 40 000 fichiers de «nombre moyen».

Le procureur de la poursuite a répliqué que dans la maison du couple Goyette-Crochetière, plus de 10 000 fichiers ont été retrouvés. «Et selon les policiers, ils saisissent habituellement 3000, 4000 ou 6000 fichiers. De nos jours, on en retrouve en moins grande quantité puisque les individus les effacent», a plaidé Me Laroche.

«Il ne s’agit pas d’une quantité énorme en fonction de la durée des infractions, entre 2005 et 2013. En 24 heures sur Internet, les experts prétendent qu’on pourrait télécharger plus de 100 000 fichiers. Il faut faire attention avec la quantité qui ne constitue pas un facteur aggravant», a rétorqué Me Poliquin qui tient à préciser qu’il ne minimisait pas pour autant l’infraction.

Les deux procureurs se sont aussi exprimés sur l’aspect production, non pas que les accusés aient filmé des actes. «En fait, cette production minimale a consisté à graver du matériel sur CD pour un usage personnel à deux», a indiqué l’avocat de la défense.

«Les deux hommes, en couple depuis une trentaine d’années, visionnaient parfois de la pornographie juvénile ensemble. C’est une production à l’égard l’un de l’autre. Ils s’alimentaient mutuellement», a mentionné le représentant du ministère public.

Une fois les représentations terminées, le juge Bruno Langelier a fait savoir aux parties, étant donné leur position très différente, qu’il prenait la cause en délibéré pour se donner un temps de réflexion.

La date de la sentence de Serge Goyette devrait être fixée demain (vendredi). C’est à ce moment également qu’on devrait connaître aussi à quel moment l’avocat Me Guy Boisvert ira de ses représentations sur la peine dans le dossier d’Edgar Crochetière.