«Merci mon chum de ne pas avoir ralenti… »

VICTORIAVILLE. «Ma vie est gâchée. Merci mon chum de ne pas avoir ralenti quand je te l’ai demandé.» Ces mots issus d’un courriel proviennent de Michael Boulay, un jeune homme de 26 ans, devenu paraplégique à la suite d’une violente embardée survenue le 24 juillet 2012 et pour laquelle Didier Terancier, 40 ans, de Laval, vient d’être condamné à une peine de 23 mois d’emprisonnement et à une interdiction de conduire pendant trois ans à l’expiration de sa période de détention.

Michael Boulay, confiné à un fauteuil roulant pour le reste de sa vie, a assisté au prononcé de la peine, jeudi avant-midi, au palais de justice de Victoriaville.

Il n’a pas pris la parole devant le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec. Mais le magistrat a lu le courriel rédigé par le jeune homme.

Michael Boulay y raconte qu’il était en parfaite santé et un grand travaillant à raison de 50 heures par semaine. «Mais un jour, j’ai décidé d’embarquer avec la mauvaise personne», a-t-il écrit.

Dans ce courriel, le jeune homme fait état de toutes les difficultés qu’il rencontre, de la nécessité d’avoir besoin d’une aide constante. «Je ne peux plus marcher, je ne peux plus jouer mon rôle de père à 100%», note-t-il, tout en affirmant n’avoir aucune estime de soi.

À la sortie de la salle d’audience, Michael Boulay a accepté de s’adresser aux journalistes. «Je lui avais plusieurs fois demandé (à Didier Terancier) d’arrêter le véhicule. Il ne l’a pas fait. Je ne pouvais rien faire», a-t-il dit.

Le groupe revenait d’une fête à Black Lake lors des tragiques événements survenus sur le boulevard Arthabaska dans le secteur du Tim Hortons de la Grande Place des Bois-Francs. Terancier filait à environ 200 km/h pour échapper aux policiers au moment de perdre le contrôle, de percuter un arbre et d’effectuer des tonneaux.

«Il y avait un autre véhicule, mais il n’y avait pas de place. Je n’avais pas le choix», a-t-il confié, précisant en souriant qu’il aurait mieux fait de prendre le train.

Le jeune homme, qui ne croit pas vraiment aux remords exprimés par Terancier, tient à lancer un message. «La vitesse ne sert à rien. Mieux vaut recourir à un chauffeur désigné», a souligné M. Boulay heureux de pouvoir compter sur le soutien de ses proches. «Une chance que ma famille et mes amis me supportent, sinon ça ne m’aiderait pas beaucoup. Je vais vivre tout ce que j’ai à vivre, une étape à la fois», a-t-il dit.

Sa mère Sylvie Morin avoue que plus rien n’est pareil, que la situation demeure difficile. «On essaie de tourner la page et d’aider notre fils à continuer sa vie. C’est difficile, on essaie de ne pas le montrer. Nous étions tellement près, il était toujours à la maison. Mais il a pris ses distances», a-t-elle exprimé.

Pour le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Maxime Laroche, la peine envoie un message. «Ce genre de crimes est commis par toutes sortes de personnes, a-t-il confié. Ce qu’il faut retenir, c’est que lorsqu’on fait le fou, que nous commettons des gestes dangereux, une peine d’incarcération est possible, même pour des individus sans antécédent qui se retrouve devant la justice pour la première fois.»

Questionné à savoir si la peine n’est pas trop clémente, le représentant de la poursuite rappelle les propos du juge Langelier. «Jamais une sentence ne remplacera les douleurs, les pertes subies par les victimes», a insisté Me Laroche.

Le président du Tribunal a donc entériné la suggestion commune proposée par la défense et la poursuit, estimant, tout en considérant la jurisprudence, que la peine rencontrait les objectifs de détermination de la peine et les critères de dénonciation et de dissuasion.