Le TTouch… plus qu’une méthode de dressage

SAINTE-HÉLÈNE-DE-CHESTER. Tout au coeur du rang Grenier de Sainte-Hélène-de-Chester où ils viennent de s’installer, Martina Lerner et François Porcherel démontrent comment, avec un chien, on pratique la méthode TTouch. Tout y est, des sangles, des gestes comme caresses de Martina et ce qu’on appelle le «parcours de confiance», un circuit balisé. Le chien s’y aventure, pas trop sûr de lui, rebrousse chemin, s’ébroue, effectue un autre petit tour de piste et retourne s’asseoir devant la porte. Il a pris de l’assurance, constate François.

Martina détient le titre de praticienne TTouch, François complétera sa formation au cours de la prochaine année. Les praticiens de cette approche se compteraient encore que sur les doigts de la main au Québec, alors qu’on dénombrerait une douzaine d’instructeurs dans le monde.

Mais qu’est-ce donc que cette méthode TTouch que l’on peut utiliser tout autant pour un serpent que pour un cheval ou d’une vache?

De conception canadienne

Elle a été conçue par une Albertaine, Linda Tellington Jones, pour intervenir auprès des animaux, modifier leurs comportements, les apaiser s’ils sont nerveux, même blessés, réduire leur stress.

C’est bien plus qu’une méthode de «dressage», précise François. Parce qu’on travaille sur le «ressenti» de l’animal, sur l’organique, plutôt que de se contenter de l’orienter avec des consignes d’obéissance.

Avec TTouch, on cherche d’abord à comprendre l’animal, à analyser la façon dont il se comporte, poursuit Martina et à travailler afin qu’il dépasse le réflexe de l’action-réaction. En faisant bouger le chien, Martina remarque, par exemple, qu’il ne respire pas convenablement, qu’il a peur. Le praticien TTouch travaille avec l’animal comme le thérapeute le fait avec une personne. En visant son «autonomie» et son mieux-être, en faisant appel à son «intelligence».

Des ateliers de formation

Le couple a commencé à offrir des ateliers tant à Sainte-Hélène-de-Chester qu’à Saint-Augustin-de-des-Maures, formations que les participants fréquentent en quête de trucs pour mieux vivre avec leur chien ou leur chat (qu’ils amènent d’ailleurs). Certains veulent mieux comprendre les agissements de leur chat, d’autres s’attendent à tel ou tel comportement de leur chien.

Martina et François se rendent aussi à la Société protectrice des animaux d’Arthabaska pour des évaluations et afin de former des bénévoles aux rudiments de la méthode. «C’est de la gestion de risques», explique François, disant qu’il y a des moyens d’estimer le degré de dangerosité d’un animal que l’on offre en adoption.

Elle originaire d’Allemagne, lui de Montréal en France, Martina et François se sont rencontrés en Gaspésie en 1997, se sont mariés l’année suivante et ont toujours travaillé ensemble, sortant littéralement des sentiers battus.

Tous deux détenant une formation scientifique – elle en soins infirmiers, lui en zootechnie – ils s’étaient installés en 1995 à Sainte-Sophie-d’Halifax, implantant leur entreprise les Grands Versants dans ce qui était le centre de ski de fond de Gervais Marcoux. L’hiver, de leur chenil de 16 chiens, ils exploitaient le créneau des randonnées en traîneau. L’été, ils travaillaient au Parc Forillon à compter les phoques et à organiser des randonnées en kayak.

L’implantation d’un parc éolien dans l’Érable les a pour ainsi dire chassés de Sainte-Sophie. Ils ont pu héberger leur chenil chez un fermier de Sainte-Sophie, mais ont dû abandonner leurs activités récréotouristiques. Ils se sont installés à Sainte-Hélène-de-Chester il y a trois mois et remis leur entreprise sur d’autres pistes. «En fait, nous étions plus intéressés par les chiens… que par le traîneau!», admet François.

Depuis longtemps, lui et Martina sont appelés à la rescousse pour des «soins d’entraînement», entre autres par des éleveurs de chiens de traîneau. «On est un peu comme des consultants à la pige.»

Bardés de leur formation en TTouch, ils souhaiteraient pouvoir se rendre auprès d’éleveurs d’animaux de ferme. «Ces animaux sont très réactifs. On peut penser aux génisses et aux agnelles qu’on voudra rassurer lors de la première traite», précise Martina.

Le couple a organisé, en septembre, le premier colloque TTouch en terre québécoise, à Terrebonne plus précisément et il y a un an, a créé l’Association professionnelle des intervenants en comportement animal, organisme que François préside.

On peut s’informer sur l’entreprise de Martina et de François en écrivant à info@lesgrandsversants.com ou en composant le 819 362-5434.