Le pouls à prendre… afin d’éviter les accidents

VICTORIAVILLE. Lorsqu’elle se penche sur les rapports des accidents et incidents survenus entre les murs des établissements du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) d’Arthabaska-et-de-L’Érable, Mélanie Déry retourne à un de ses actes d’infirmière. «C’est un pouls que l’on prend, un outil de mesure qui nous sert à prévenir la récurrence d’un événement indésirable.»

Coordonnatrice à la gestion des risques depuis quelques mois, Mme Déry mise beaucoup sur ces déclarations et d’incidents afin d’en trouver la cause et de poser les actions appropriées pour les éviter.

Depuis deux ans, ces rapports sont publiés deux fois par année sur le site du ministère de la Santé.

Bien que les comparaisons entre établissements ne soient pas recommandées par le ministère, note l’agente d’information Sandra Bergeron, au CSSS, on jette un œil sur les établissements similaires. Pour constater que le CSSS d’ici n’est ni mieux, ni pire qu’ailleurs.

Comme ailleurs

Le gros des accidents et incidents déclarés concerne des chutes et les erreurs liées à la médication. Sandra Bergeron précise d’emblée que des 5855 incidents ou accidents du rapport 2013-2014, 99% des événements n’ont eu aucune incidence sur les patients. Aucune mortalité ne ponctue d’ailleurs le rapport de cette année-là.

Mélanie Déry explique que dans la rubrique des accidents et incidents liés à la médication, peut être déclaré comme un événement indésirable le fait d’avoir administré un médicament avec un peu de retard.

C’est par le biais de ces déclarations qu’on a mis en place toutes sortes de nouvelles procédures afin d’éviter que les incidents liés aux médicaments deviennent des accidents, souligne la coordonnatrice.

Plusieurs erreurs peuvent être liées à la distraction des infirmières, souvent dérangées lorsqu’elles administrent un médicament. Dans deux unités, on se sert de simples affichettes invitant à ne pas déranger les infirmières occupées à donner des médicaments.

La distribution électronique des narcotiques, la double signature avant d’administrer certains médicaments, la collaboration avec les pharmacies et la standardisation des pratiques pour disposer d’une liste actuelle et exhaustive des médicaments du patient dès son entrée à l’hôpital constituent d’autres mesures pour prévenir les erreurs liées à l’administration des remèdes.

Moins de chutes

Osant la comparaison avec le CSSS de Drummond, Mme Déry constate que les efforts du CSSS d’ici pour prévenir les chutes paraissent avoir porté fruit, 1497 en 2013-2014, comparativement à 2189 du côté de Drummondville.

Elle dit que plusieurs actions ont été posées pour prévenir les chutes. Et cela passe par le dépistage précoce, c’est-à-dire dès leur arrivée, des patients les plus à risque de tomber. Le personnel au chevet des personnes plus âgées apprend aussi à repérer certains signaux d’alarme. Des rondes plus fréquentes sont effectuées le soir et la nuit alors que beaucoup de chutes surviennent chez les patients tentant de se rendre, seuls, à la toilette.

À la rubrique des «abus, agressions, harcèlement», leur nombre est cependant presque deux fois plus élevé ici qu’ailleurs. À l’urgence, on a ajouté un agent de sécurité pour ces patients agités et agressifs. On a même installé une salle d’isolement psychiatrique où l’on peut avoir un œil sur le patient, le temps qu’il s’apaise.

Mélanie Déry dit que la gestion des risques doit faire partie du quotidien, tant pour protéger le personnel que les usagers. «Il faut continuer de développer la culture de déclaration des risques. Cela n’a rien à voir avec le blâme et c’est sain pour un établissement que de vouloir cerner les risques.»

Elle prédit que, cette propension à gérer les risques, fera en sorte que le nombre de déclarations ira en augmentant dans les établissements.

Quelques données comparatives

5855

Le nombre d’accidents et d’incidents déclarés au CSSS d’Arthabaska-et-de-L’Érable pour 2013-2014, comparativement à 5660 pour le CSSS Drummond.

2197

Le nombre d’événements liés à la médication déclarés au CSSS d’ici comparativement à 2501 à Drummond.

107

Le nombre d’événements déclarés liés aux abus, agressions, harcèlement au CSSS d’ici comparativement à 58 du côté de Drummond.

107

Le nombre d’événements concernant les accidents et incidents liés aux traitements au CSSS d’ici comparativement à 56 à Drummond.