L’UPA somme le gouvernement d’envoyer un message clair

VICTORIAVILLE. Dans la foulée du rapport de la Commission Robillard, l’Union des producteurs agricoles (UPA) réclame du gouvernement libéral qu’il envoie un message clair au sujet du programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles que la Commission suggère de couper.

«La Commission avait pour mandat de trouver des économies au gouvernement sans mesurer les conséquences de ce qu’elle propose.

Les coupures qu’elle suggère, c’est impossible de faire cela», a confié le président de l’UPA, Marcel Groleau, de passage à Victoriaville, mardi, à l’occasion de l’assemblée générale de l’UPA du Centre-du-Québec.

La recommandation de la Commission Robillard a éveillé inquiétude et incompréhension chez les producteurs. «On a senti le besoin de remettre les pendules à l’heure parce que ce qui est perçu dans le public ne correspond pas à ce que vivent les producteurs, a précisé le président de l’UPA du Centre-du-Québec, Jean-Luc Leclerc. La population pense que les producteurs agricoles sont largement subventionnés. Dans les faits, ce n’est pas le cas.»

Si l’UPA se réjouit des propos du ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, elle estime toutefois que certains dommages ont été causés. «Le ministre Paradis est intervenu clairement pour manifester son désaccord envers le rapport qu’il considère comme un non-sens. Malgré tout, il y a quand même un dommage causé dans la population et sur les fermes. Les banquiers, les fournisseurs, quand ils entendent ces possibilités de coupures pouvant toucher 11 000 fermes au Québec, ils peuvent ainsi hésiter face à des projets d’investissement ou de relève», a expliqué Marcel Groleau.

La Commission Robillard, selon lui, n’a pas conscience du tort qu’elle cause «lorsqu’elle lance de tels ballons».

«Mais, malgré les propos du ministre Paradis, un doute subsiste. Où le gouvernement ira-t-il? C’est cela qui fait mal», a fait valoir le président Groleau.

Le gouvernement, croit-il, a été surpris en mesurant l’impact que pouvait avoir la recommandation de la Commission Robillard. «Ce n’est pas insignifiant. Vous n’annonceriez pas la fin des baisses de tarif d’électricité aux alumineries, ai-je dit au ministre. Or, le secteur agricole représente plus que toutes les alumineries réunies. L’agriculture constitue le secteur économique le plus important au Québec actuellement.»

Jean-Luc Leclerc réfute la prétention de la Commission à l’effet qu’on puisse couper 300 millions de dollars dans le secteur agricole sans impact sur le niveau de production. «Cela relève du rêve, a-t-il soutenu, à moins que l’intention ne soit de réduire cette production. Et cela n’est pas dans les cartes de M. Paradis. Voilà pourquoi il est intervenu.»

Le président de l’UPA Centre-du-Québec qualifie de «vicieux» ce que la Commission laisse sous-entendre, c’est-à-dire que le secteur agricole peut conserver le même niveau production sans les programmes de sécurité des revenus. «C’est ce qui est vicieux. Cela ne correspond pas à la réalité», a affirmé Jean-Luc Leclerc.

Ce dernier qualifie, par ailleurs, d’inopportune la sortie de la Commission Robillard alors qu’un comité de révision de l’ensemble des programmes de sécurité de revenus doit remettre, cette semaine, ses conclusions au ministre.

L’UPA somme donc le gouvernement de se positionner clairement face au programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles. «C’est la seule façon de rassurer l’industrie. Le gouvernement doit envoyer un message clair à l’effet qu’il n’a pas l’intention de toucher au fondement de ce programme. Il est normal, a reconnu Marcel Groleau, que des ajustements puissent être apportés pour tenir compte de l’évolution du statut des entreprises. Mais le gouvernement doit annoncer clairement que le programme est là pour rester.»

L’assemblée générale annuelle de l’UPA Centre-du-Québec a réuni près de 150 personnes à la Place 4213.

La région compte quelque 3300 entreprises et environ 4000 producteurs.