Le Centre-du-Québec veut son CISSS

VICTORIAVILLE. La réforme Barrette constituerait un moment opportun pour que la région Centre-du-Québec détienne son Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), reconnaît le maire de Victoriaville Alain Rayes.

Sans tambour ni trompette, M. Rayes et son homologue de Drummondville, Alexandre Cusson, ont convenu d’entreprendre des démarches auprès du ministère pour faire reconnaître le statut et l’autonomie de la région administrative 17 au chapitre de la santé et des services sociaux.

Selon le plan de réorganisation présenté par le ministre Barrette, les établissements de santé et de services sociaux du Centre-du-Québec seraient regroupés avec ceux de la Mauricie en un seul et même CISSS.

Depuis sa création, en 1997, jamais la région n’a obtenu de statut sociosanitaire autonome, l’Agence de santé et de services sociaux, campée à Trois-Rivières, desservant la Mauricie et le Centre-du-Québec.

«On est les seuls au Québec à vivre cela», note le maire Rayes.

Il dit qu’il n’y a pas de «mouvement» pour presser le gouvernement du Québec de reconnaître la région centricoise. «On ne veut pas faire de grosses déclarations, mais on croit que le gouvernement pourrait profiter de la réorganisation pour corriger les iniquités», dit encore le maire de Victoriaville.

Du côté de Drummondville

Le maire de Drummondville parle le même langage.

À L’Express, le maire Cusson a confirmé que des démarches étaient en cours en vue d’obtenir des rencontres avec le gouvernement. «Il est temps qu’on reconnaisse notre région et qu’on nous accorde, comme à toutes les régions administratives, un centre intégré de santé et de services sociaux propre et autonome au Centre-du-Québec.» Ceci étant dit, il a souligné qu’il n’a pas l’intention de négocier par le biais des médias.

Parlant du maire Rayes et de Victoriaville, il a ajouté qu’«on n’est plus à l’heure des guerres de clochers. À l’heure de la mondialisation, se chicaner avec son voisin le plus proche, ce n’est pas intelligent», a laissé tomber M. Cusson. Il a rappelé que l’objectif n’est pas de créer des structures et d’avoir des employés de bureau, mais de s’assurer que la population aura des services.

Ces «compétitions politiques» passées entre Drummondville et Victoriaville auraient nui au développement de la région, selon Pierre Levasseur, ancien directeur général de l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville. Il soutient que la région centricoise est celle qui a le plus à perdre si le projet de loi 10 est adopté. «La brique s’en vient et on va l’avoir en plein front».

M. Levasseur mentionne que si le ministère est prêt à allouer cinq CISSS à la région administrative de Montréal, il pourrait en accorder un au Centre-du-Québec.

Il fait remarquer, par ailleurs, que la population du Centre-du-Québec (240 000) est comparable à celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean (266 000). Elle est aussi plus populeuse que le Bas-Saint-Laurent (201 000).

Selon le Collège des médecins, la Mauricie compte un médecin de famille pour 862 habitants alors que le Centre-du-Québec en compte un pour 1078 habitants. «C’est bien beau de relever de Trois-Rivières, mais Trois-Rivières ne s’occupe pas trop du Centre-du-Québec», commente-t-il.

Il ajoute que Centre-du-Québec est la région qui présente le quatrième ratio le plus faible en termes de médecins de famille, après l’Outaouais, Laval et Lanaudière. «Ça vous donne un peu l’impact de ne pas être une région sociosanitaire.» À ce sujet, le Collège des médecins se base sur les régions administratives pour établir la répartition des médecins et non sur les régions sociosanitaires.

Avec l’Estrie?

Devant la Commission de la santé et des services sociaux à Québec, le doyen de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke a soulevé l’option que les territoires du CSSS Drummond et d’Arthabaska-et-de-L’Érable soient rattachés aux CISSS de l’Estrie. Il a expliqué que plusieurs patients de la région se font déjà traiter à Sherbrooke pour des soins spécialisés. C’est le cas de patients de Drummondville et de Victoriaville pour des problèmes cardiaques. Pour la radiothérapie, beaucoup de patients des Bois-Francs sont dirigés vers Trois-Rivières.