Des animaux choyés jusque dans la tombe

Si les chats de l’Égypte antique avaient droit aux mêmes rites funéraires que leur maître, certains animaux de compagnie du 21e siècle jouissent un sort similaire.

En marchant à travers les petites pierres tombales disposées ça et là dans le cimetière pour animaux Mon Repos à Beauharnois, on peut lire des messages comme : «Poutchy. Tu vivras toujours dans mon cœur», «Chatonne. Repose en paix, nous t’aimons», «Dino. Le gardien de la famille», «Pop. My best friend always loved and remembered»…

Situé dans un secteur campagnard du chemin Saint-Louis, le cimetière est en opération depuis 1968. «À l’époque, mon père élevait des chiens et possédait un vaste terrain, explique Dominique Lefebvre, propriétaire des lieux. Et plusieurs de ses clients lui demandaient parfois s’il était possible d’enterrer leur fidèle compagnon décédé. Il a alors demandé à la Ville un permis pour ouvrir le cimetière. Celle-ci avait trouvé ça inusité, mais lui avait quand même accordé le droit. Aujourd’hui, ce serait probablement plus difficile d’en obtenir un», remarque celui qui a repris, avec sa conjointe, les rênes de l’entreprise en 1992.

Une fois par année, le ministère de l’Environnement visiterait les lieux. «Car on ne peut pas faire n’importe quoi, c’est aussi pourquoi il faut un permis et que les propriétaires d’animaux ne peuvent pas enterrer leur animal n’importe où», indique-t-il.

Du pinson jusqu’au cheval

Lorsqu’un animal de compagnie meurt, il y a principalement deux options : l’incinération ou l’enterrement, ce dernier ne pouvant être effectué n’importe où (dont en territoire urbain ou derrière votre maison, pour des raisons sanitaires).

«Disons que nous offrons une alternative à ceux qui ne veulent pas laisser partir leur animal froidement entre les mains du vétérinaire, indique M. Lefebvre. Car plusieurs propriétaires s’attachent à leur animal et certains ont besoin de savoir qu’il part en paix. Ça leur redonne une tranquillité d’esprit.»

Les prix varient en fonction de la grosseur de l’animal (150 $ pour un oiseau jusqu’à 600 $ pour un gros chien), mais également en fonction des choix du propriétaire, qui peut opter pour un enterrement avec ou sans cercueil, avec ou sans pierre tombale, avec ou sans cérémonie…

Le cimetière compterait approximativement 1000 inhumations au total. Des chiens, des chats, mais également des oiseaux, des lapins, des hamsters, des furets et des chevaux.

Encore marginal

Selon La Fédération des coopératives funéraires du Québec, la proportion des propriétaires qui choisissent de faire enterrer leur animal de compagnie serait encore marginale.

Mais elle note, dans un document sur le marché funéraire du Québec (2010), que ce marché est actif depuis plusieurs années aux États-Unis. «Selon un sondage, 14% d’entre eux (les propriétaires d’animaux aux É-U) désirent organiser des funérailles pour leur chien ou leur chat lorsqu’il mourra», peut-on lire dans le document. On y apprend également que l’un des plus importants cimetières pour animaux est le Los Angeles Memorial Park fondé en 1928, qui compte plus de 40 000 inhumations d’animaux et où une place dans l’un des mausolées coûte entre 750 $ et 1000 $.

Alain Leclerc, directeur général de la Fédération des coopératives funéraires du Québec, indique que la situation est bien différente au Québec. «La particularité des États-Unis, c’est que ce sont les salons funéraires qui offrent ce type de service. Ici, ce n’est pas le cas. Ceux qui l’offrent sont des entreprises privées, distinctes des salons funéraires pour humains.»

Quant à savoir si les entreprises funéraires québécoises pourraient s’ouvrir au marché des funérailles pour animaux dans un avenir prochain, M. Leclerc répond par la négative. «En tout cas pas nous. Aucune de nos membres n’en a manifesté l’intérêt», conclut-il.

Retour de balancier pour le chat de l’Égypte antique

L’un des plus gros centres funéraires pour animaux du Québec, le centre Amicus Inc., ouvert en 2008 et comptant trois centres de services, a récemment établi un partenariat unique avec le cimetière de Laval, où une zone est maintenant réservée aux animaux. «Il y a même une petite section mixte, pour les gens qui voudraient éventuellement être enterrés avec l’urne de leur animal. Ils peuvent réserver leur espace», indique Anne-Marie Aiello, gérante du centre Amicus de Montréal. Selon elle, cette association avec un cimetière est une première au Québec.