Lettre au ministre Blais sur les compressions de 211 millions $ à l’aide sociale

Au printemps dernier, le Parti libéral du Québec faisait campagne pour l’emploi et la prospérité. Même si vous annonciez que les programmes sociaux seraient revus étant donné qu’il y en avait une multitude, vous disiez également qu’il n’était pas question de toucher aux personnes les plus vulnérables.

Nous avons une première question, Monsieur le Ministre : quelle est donc votre définition de la «vulnérabilité» puisque les personnes dont les revenus couvrent à peine la moitié de leurs besoins essentiels ne semblent pas en faire partie?

M. Couillard dit que les décisions ne sont pas encore prises, soit; mais si on se fie à celles qui ont été prises jusqu’à présent, il n’y a pas de quoi être rassuré : coupures dans les mesures d’aide à l’emploi alors qu’il faudrait offrir des formations qualifiantes; coupure du supplément pour le retour à l’emploi; coupures dans des services scolaires aux familles défavorisées, etc.

C’est avec horreur et incrédulité que nous avons appris par les médias qu’une partie des hypothèses de compressions envisagées repose carrément sur des faussetés (la valeur de la maison qui serait actuellement exclue du calcul pour l’attribution de l’aide sociale – ce qui n’est pas le cas) ou sur des préjugés (les prestataires qui passent l’hiver dans le Sud) ou sur des décisions carrément inhumaines (coupures dans les revenus d’emploi permis pour les personnes qui ont caché de l’information alors que les pénalités actuelles sont déjà exorbitantes et les mènent presque au dénuement total); tout cela ne présage rien de bon.

Cela nous étonne d’autant plus que vous avez étudié en service social, que vous avez été doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval et que vous êtes considéré comme un des grands spécialistes du revenu minimum garanti et jusqu’à tout récemment, un défenseur de sa mise en place. Vous êtes LE ministre des personnes les plus vulnérables du Québec puisqu’elles relèvent en grande partie de votre ministère. Que faites-vous, Monsieur le Ministre, pour les protéger ? C’est là notre deuxième grande question.

Dans l’attente d’une réponse qui pourrait nous éclairer et encore mieux, nous rassurer, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.

Lisette Dionne

Au nom de la Coalition pour les droits des personnes assistées sociales

de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CDPAS)