Coupures à l’aide sociale : les CJE font mieux et plus que ce qu’on dit

VICTORIAVILLE. Les carrefours jeunesse-emploi du Centre-du-Québec tiennent à rectifier certains faits à la suite de la parution d’un article ce matin dans le quotidien La Presse intitulé «Des coupes à l’aide sociale». L’article dépeint les carrefours jeunesse-emploi (CJE) sous un jour qui ne correspond pas à la réalité et omet des informations essentielles à la compréhension de leur rôle partout au Québec.

Les CJE s’adressent sans distinction à tous les jeunes, quel que soit leur statut social ou économique, qu’ils soient détenteurs d’un diplôme universitaire ou qu’ils aient quitté l’école avant l’obtention de leur diplôme d’études secondaires, qu’ils soient travailleurs en quête de formation, inscrits à l’assurance-emploi ou à l’aide sociale ou sans aucun revenu. Les carrefours jeunesse-emploi du Centre-du-Québec accompagnent près de 10 000 jeunes annuellement.

Le modèle des CJE est une solution alternative, innovatrice et prometteuse aux problèmes de chômage et de décrochage scolaire des jeunes, car il rassemble dans un même lieu tout l’éventail de services d’employabilité qui leur sont offerts. Les CJE possèdent également une solide expertise en matière d’intervention auprès des jeunes grâce à des professionnels compétents et tournés vers leurs besoins.

Les CJE, en plus d’offrir de l’aide à la recherche d’emploi, offrent des services d’orientation et d’information scolaire et professionnelle gratuitement et permettent aux jeunes d’explorer les différentes possibilités de métiers qui s’offrent à eux. Ces opportunités permettent aux jeunes de découvrir plusieurs métiers et de choisir celui qui correspondra le plus à leurs intérêts.

Des résultats concrets

Une jeune qui a fréquenté ces dernières années le CJE de L’Érable à Plessisville parle ainsi de son expérience : «Je suis venue au CJE parce que j’étais sans emploi et que je cherchais de la simplicité dans ma vie. J’ai utilisé plusieurs services. Avec le Carrefour, je suis fière de mon parcours. J’ai beaucoup évolué, changé, appris. Je suis devenue une meilleure personne. J’ai appris à ne pas renoncer. J’ai compris ma valeur à mes yeux et dans le regard des autres. Je suis maintenant préposée aux bénéficiaires depuis quatre mois. Mon record depuis mon entrée sur le marché du travail! Les autres emplois, je pouvais faire un mois, trois semaines. Les Carrefours jeunesse-emploi, ce n’est pas juste pour trouver un emploi, c’est aussi pour se trouver soi-même.»

Une reddition de compte rigoureuse de nos actions et des fonds publics confiés

Quatre fois par année, les carrefours jeunesse-emploi d’Arthabaska, de Nicolet-Bécancour, de L’Érable et de Drummondville rendent des comptes au gouvernement. Ils déposent un plan d’action détaillé des actions à entreprendre en début d’année et celui-ci fait l’objet d’un suivi en cours et en fin d’année. Chaque CJE a l’obligation de produire des états financiers vérifiés par une firme de comptables professionnels agréés, selon les normes comptables canadiennes.

Qui plus est, chaque CJE est gouverné par un conseil d’administration autonome et indépendant, composé majoritairement de partenaires locaux et d’administrateurs chevronnés. Afin de conserver le caractère représentatif jeune, plus de 41% des administrateurs de CJE ont moins de 35 ans. Enfin, un outil a même été développé, en collaboration avec Emploi-Québec pour uniformiser et optimiser la reddition de compte et satisfaire aux critères que le gouvernement fédéral impose au gouvernement provincial en la matière.

Un investissement pour la société québécoise

La réputée firme comptable Raymond, Chabot, Grant, Thornton (RCGT) a réalisé en décembre 2013 une étude des impacts économiques découlant des activités des carrefours jeunesse-emploi du Québec.

Celle-ci démontre que les principales interventions créatrices de valeur sont :

• une incitation au raccrochage scolaire;

• un retour aux études (un jeune retournant aux études peut espérer un emploi mieux rémunéré, en moyenne, le taux de chômage est moins élevé pour les jeunes mieux instruits);

• une réorientation scolaire/professionnelle (augmente l’employabilité des jeunes, favorise une carrière longue et stable);

• une aide à l’employabilité et à l’intégration en emploi (trouver un emploi plus rapidement mieux rémunéré et plus stable, grâce à un accompagnement soutenu au maintien en emploi).

L’étude conclut que la contribution de l’action spécifique des CJE à l’économie du Québec est attribuable à des impacts fiscaux positifs d’au moins 72 millions de dollars. En prenant en considération le financement annuel consacré au financement de base des CJE, on constate que le bénéfice net est d’au moins 27 millions de dollars, et ce, annuellement.

Avant de réparer ce qui fonctionne bien, il faudrait que les experts puissent se prononcer.

«Le contexte économique actuel du Québec demande un effort concerté et les CJE en sont conscients. Si le gouvernement a l’intention de changer le rôle des CJE, il devrait tout d’abord permettre à ces derniers d’évaluer comment ils pourraient aider le gouvernement à faire des choix durables et avantageux pour les finances publiques. Les CJE font des observations et des constats partout en région qui méritent d’être entendus», soutient Alexandre Soulières, directeur général du RCJEQ.

Soulignons que dans son document Stratégies d’emploi et de compétences au Canada, l’OCDE affirme que « les carrefours jeunesse-emploi sont bien organisés et offrent divers programmes pour aider les jeunes. Ils occupent également une place de choix pour aider les employeurs locaux, les conseils sectoriels et la Commission des partenaires du marché du travail à soutenir les jeunes « à risque » de différentes façons et à encourager les décrocheurs sans titre de compétences à terminer leurs études ». Cette reconnaissance de l’action spécifique des CJE par l’OCDE témoigne de la nécessité de continuer à offrir leurs services aux jeunes du Québec.